Roland-Garros : Malmené, Djokovic écarte Tsitsipas et rejoint Nadal en finale
Novak Djokovic ne s'est pas fait piquer par la mouche Tsitsi, pourtant virevoltante. En dépit d'un jeu adverse flamboyant, le numéro 1 mondial est parvenu à imposer le sien, non sans mal, pour se qualifier pour sa 5e finale à Roland-Garros. Vainqueur en 2016, il cherchera à devenir dimanche, face au maître des lieux, le troisième joueur, après Roy Emerson et Rod Laver, à remporter au moins deux fois les 4 grands chelems. Il visera aussi un 18e titre, quand son adversaire cherchera lui à décrocher son 20e sacre. Ces chiffres sont évidemment vertigineux mais on les gardera au chaud pour dimanche.
Pour l'heure, Djokovic peut tout simplement savourer une victoire qui lui a longtemps semblé promise mais qui aurait pu tout aussi bien lui échapper. A 33 ans, il peut aussi remercier son expérience, pas inutile pour juguler la force homérique d'un jeune Grec onze ans plus jeune qui a failli décrocher l'Olympe.
Quand Djokovic rime avec pragmatique. Sans forcer son talent, le Serbe entrait sereinement dans cette demi-finale, variant suffisamment le jeu pour dérégler un adversaire trop nerveux. Il l'avait d'ailleurs annoncé au début du tournoi, l'amorti serait le coup de maître durant la quinzaine. Encore une fois, il a joint le geste à la prophétie, en en distillant une palanquée derrière le filet d'un Tsitsipas dont les grands compas couinaient à force de multiplier les courses vers l'avant. Solide, Djokovic bouclait la première manche 6-3 sans pour autant être "Djocosmic". Il faut dire qu'il n'est jamais aisé de se régler face au jeu à haut risque de Tsitsipas, qui n'imprègne que peu de rythme aux échanges.
Rythme de croisière et panne de moteur
Le Serbe allait pourtant beaucoup mieux y parvenir lors de la seconde manche. Retournant parfaitement (est-ce besoin de le préciser ?) le service de la tête de série numéro 5, il mettait constamment sous pression le Grec qui, pour sa deuxième participation à une demi-finale de Grand Chelem, confondait encore vitesse et précipitation. Un double break et un set conclu en 37 minutes se chargeaient de lui rappeler.
Vainqueur de 15 des 16 dernières demi-finales qu'il avait disputées, Novak Djokovic semblait parti pour ne pas faire baisser sa moyenne. Il écartait une balle de break d'entrée de troisième set d'un coup droit croisé supersonique puis conservait un rythme de croisière, assurant ce qu'il fallait sur ses mises en jeu, et remettant juste les gaz à 4-4.
Il ravissait ainsi l'engament hellène mais connaissait pourtant sa première vraie saute de moteur en ne parvenant pas à conclure. Il se faisait débreaker une première fois, puis Tsitsipas, subitement injouable, parvenait à boucler la manche sur le service du vainqueur 2016. Grosse sensation car peu de monde avait senti ce retournement de situation tant "Djoko" semblait en contrôle. Au petit jeu des comparaisons, Nadal, face à Schwartzman, avait su, lui, boucler le 3e set... (6-3, 6-3, 7-6).
Tsitsipas en état de grâce
Le match entrait alors dans une autre dimension avec un Tsitsipas herculéen. Le cadet des deux hommes était sur toutes les balles, il les frappait avec une réussite et une précision impressionnantes et il fallait toute l'expérience de Djokovic pour ne pas céder à la panique. Il effaçait ainsi rapidement un break d'entrée de 4e set, regroupait ses forces et ses esprits pour étendre la flamme olympique du Grec qui sauvait encore 4 balles de break à 3-3. Fabuleux dans le "petit jeu" pour l'un, quand son adversaire excellait dans les coups de boutoir, les deux guerriers se livraient à une opposition de style magnifique. Et c'est finalement l'audace de la jeunesse qui prévalait en fin de manche quand, sur sa première occasion, Tsitsipas profitait d'une faiblesse serbe pour égaliser à deux sets partout !
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Djokovic comme Ulysse
Alors que Tsitsipas semblait avoir les Dieux avec lui, l'extraordinaire résilience de Djokovic allait, une nouvelle fois, lui permettre de se sortir d'une situation très mal engagée. On ne soulignera jamais assez le mental exceptionnel du Serbe qui parvient toujours à trouver la faille, aussi infime soit-elle. Il lui aura suffi d'un nouvel amorti diabolique pour breaker le Grec en début de manche pour couper soudainement son élan. Remis en selle alors qu'il semblait voué au purgatoire, l'homme aux 17 titres de Grand Chelem n'avait plus qu'à se laisser voguer jusqu'à la victoire (6-1). Heureux qui, comme Novak, a fait un long voyage...
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