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Roland-Garros: Manuel Guinard, la tranquille discrétion venue de Bretagne

A 23 ans, détenteur d'une wild-card dans le tableau des qualifications de Roland-Garros, Manuel Guinard a réalisé une belle performance pour franchir le 1er tour. Opposé au Slovaque Lukas Lacko (N.29), le Français s'est offert le 139e mondial en trois manches 7-6 (7/4), 4-6, 6-1. Sans perdre la tête.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

1.96m, des supporters bruyants et bien présents, une qualification pour le 2e tour des qualifications en battant une tête de série. Malgré tout cela, Manuel Guinard veut conserver sa tranquillité habituelle. Comme c'est le cas depuis le début de sa carrière.

Hors du système fédéral

Arrivé sur le tard sur le circuit, après avoir eu son bac puis avoir passé par correspondance un diplôme de gestion, il n'a jamais été pris dans le système fédéral. "J'étais très loin des meilleurs", rigole-t-il. "J'ai commencé à avoir des résultats à partir de la seconde." Six années dans la structure privée Académie française de tennis, en Mayenne, ont "cadré" un joueur qui faisait tout: les points et les fautes. Depuis deux ans aux côtés de Sébastien Villette, il poursuit son petit bonhomme de chemin. Son entraîneur depuis deux ans, n'est pas plus expansif, après l'avoir félicité: "Il est dans la logique de ses derniers résultats", analysait-il. "C'est l'esprit de notre travail: Manuel a une progression constante, sans s'arrêter aux différents paliers. On bosse dans notre coin, tranquillement. Il a des objectifs élevés, et à chaque fois qu'il est sur le terrain, c'est pour performer." 

Son physique détone. Du haut de son mètre quatre-vingt-seize, Manuel Guinard n'a pas le morphotype du joueur de terre battue. Il n'a pas non plus la musculature d'un Milos Raonic, qui fait la même taille. Mais il est aujourd'hui au 2e tour des qualifications, en ayant battu un joueur 252 rangs mieux classé que lui à l'ATP. Et cela ne le perturbe pas plus que ça. "C'est agréable", réagissait-il juste après sa victoire sur le Slovaque Lukas Lacko. "Je n'ai pas vraiment de mots. Je joue au tennis pour jouer ce genre d'événements, ce genre de joueurs forts." Et pas question de se voir plus haut qu'il n'est: "Même si c'est Roland-Garros, c'est un match comme un autre."

Un changement de dimension

A Paris, le Breton change néanmoins de dimension. Son adversaire, le Slovaque, tête de série N.29, "je le voyais jouer au Challenger de Rennes." Il était alors simple spectateur. Aujourd'hui, il lui faisait face. Après un début de set "un peu timide" selon lui, il a "mis un peu de temps pour (se) mettre dedans". Mais il a arraché la manche au jeu décisif, avant de s'envoler pour mener 4-1 dans le second set.

Et là, coup d'arrêt. Plus de solutions. Panne de courant: "J'étais un peu fatigué de ne pas passer ma 1re balle et de ne pas avoir de points gratuits", expliquait-il après. "Et mon adversaire n'a plus raté." Engagé dans une remontée inarrêtable, Lukas Lacko a pourtant été stoppé au début du 3e set. "J'ai essayé de regagner un peu de terrain, de lui marcher dessus le plus possible". A ce moment-là, son "fan-club" lui a été précieux: "C'est mon entourage proche. Ils ont fait le déplacement spécialement. Et au début du 3e, je gagne un point, puis un autre. Ils sont derrière moi. Un jeu et c'est reparti. Il fallait gagner ce premier jeu. Ca tombait bien, c'était sur mon service." La suite n'est qu'une formalité. 

Une qualification en 1h44, et un débriefing qui faisait saliver Sébastien Villette: "C'est bien mais ce n'est qu'une étape. Il y a plein de choses à améliorer dans ce match, plein de détails." Après avoir accroché à son palmarès un Darcis, un Gabashvili, ou un Gulbis l'année passée, le technicien n'aspire qu'à une chose: que son élève trouve de la constance à un niveau élevé. Un travail au quotidien, que cette wild-card obtenue "grâce à ses résultats", peut contribuer à renforcer.

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