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Roland-Garros: Où sont passés les spécialistes de la terre battue ?

Des combats effrénés, des échanges longs, des balles peu rapides et arrondies, des joueurs compliqués à jouer, la terre battue offre un environnement qui lui est propre. Certains joueurs ont fait de cette surface, plus éprouvante physiquement, un vrai terrain de jeu. Ces spécialistes ne jouent plus les premiers rôles sur le circuit.
Article rédigé par Charles-Antoine Nora
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (THOMAS COEX / AFP)

Quand on entend terre battue, on pense à Rafael Nadal. Reconnu par ses pairs comme "le plus grand joueur de l'histoire sur terre battue", il a éclipsé les Wilander, Borg ou Vilas. Le Majorquin est un vrai spécialiste de la surface. Une surface qu'il apprécie et qui sied parfaitement à son jeu, ou devrait-on dire "qu'il possède un jeu qui sied parfaitement à la surface". El Toro de Manacor compte 81 trophées dont 58 sur terre. Une statistique qui montre sa domination sur l'ocre, ne laissant que des miettes à ses adversaires et aux autres "terriens" du circuit. Mais on parle ici d'un extra-terrestre capable de gagner sur toutes les surfaces, qui a su faire les efforts pour faire évoluer son jeu.

Une espèce en voie de disparition

Jusqu'aux années 2000, on comptait de nombreux spécialistes de la terre battue capables de s'imposer Porte d'Auteuil : Sergi Brugera, Gustavo Kuerten, Carlos Moya, Albert Costa, Juan-Carlos Ferrero, Guillermo Coria... L'incroyable finale de Roland-Garros 2004 entre deux spécialistes, Guillermo Coria et Gaston Gaudio, est surement l'un des derniers duels de ce temps révolu. Depuis 2005, il y a Rafael Nadal et c'est à peu près tout. 

Pourquoi cette disparition des autres potentiels vainqueurs ? Parce que le jeu s'est uniformisé, les surfaces se ressemblent en terme de vitesse. La preuve, les Federer, Nadal et Djokovic ont tous trois gagné chacun des quatre tournois du Grand Chelem. Et Andy Murray, autre membre de ce Big Four, a atteint au moins la finale des quatre Majeurs. Depuis 10 ans, ces quatre hommes gagnent tout ou presque, partout. Depuis le début des années 2000, le niveau de jeu s'est lissé et les spécialistes des surfaces, que ce soit de l'ocre ou du gazon, se font de plus en plus en rares.

Pourtant, la terre battue est une surface exigeante qui demande des caractéristiques particulières. Des glissades maîtrisées, une bonne couverture du terrain, une endurance au-dessus de la moyenne, savoir jouer sur la surface ocre ne s'invente pas. Elle favorise les vrais spécialistes. Sud-américians et Espagnols, "nés sur terre", en font souvent leur jardin de prédilection.

Un groupe à part

Dès février, ces "spécimens" sont sur la tournée sud-américaine, sitôt l'Open d'Australie fini, souvent délaissée par les cadors (Nadal y a fait sa dernière apparition en 2016). Une famille qui se retrouve chaque année à Cordoba en Argentine, pour le début de cette période qui marque le début du fameux et méconnu "Golden Swing".

Guido Pella, Juan Ignacio Londero, Diego Schwartzman, Pablo Cuevas, Marco Cecchinato, Jaume Munar ou encore Roberto Carballes Baena, ces joueurs situés entre la 20e et la 74e place mondiale, ont l'habitude de pointer le bout de leur nez à Buenos Aires, Rio ou Sao Paulo dès février. Pendant que les stars du circuit sont en Europe ou aux Etats-Unis, eux sont les stars de l'Amérique du Sud. Des tournois conçus comme une préparation à la saison de terre battue européenne qui débute officiellement à Monte-Carlo mi-avril, avec en ligne de mire, le Graal, Roland-Garros.

Roland-Garros, le Graal suprême

Réussir à Paris, comme l'a fait "Guga" Gustavo Kuerten, est gage de célébrité. C'est le summum de la saison. Les supporters argentins et espagnols, souvent en nombre dans les travées du tournoi parisien,  apportent une ferveur unique au rythme des "vamos" et des drapeaux nationaux dépliés. 

Mais pour certains, la saison sur terre battue ne s'arrête pas à Roland-Garros. Umag, Bastad, Hamburg, Gstaad, Kitzbuhel... le calendrier ATP offre, encore, quelques opportunités pour certains aficionados de s'exprimer une dernière fois avant de rejoindre les courts en dur de la tournée américaine. Et pour certains spécialistes, c'est sûrement le dernier moment de briller avant la saison suivante.

Pourtant, en 2018, Roland-Garros a peut-être enfanté de nouveaux cadors. Marco Cecchinato, demi-finaliste surprise et tombeur de Novak Djokovic en quarts mais aussi Diego Schwartzman, quart de finaliste, qui avait su faire trembler Rafael Nadal, ont brillé. Cette année, ils doivent confirmer. 

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