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Roland-Garros restera à Paris

Roland-Garros va rester à Paris qui a obtenu la majorité des 2/3 au vote de l'Assemblée Générale de la Fédération française (FFT). Versailles (éliminé au 2e tour), Gonesse (éliminé au 1er tour) et Marne-la-Vallée (30% au vote final) n'ont pas convaincu les élus des 36 Ligues de France. Ce projet, s'étendant sur les serres d'Auteuil, portera donc l'enceinte parisienne de 8.5 à 13.5 hectares, le maintenant au dernier rang des Grands Chelems en terme de superficie.
Article rédigé par Gilles Gaillard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 11min
 

"Les élus de la Fédération Française de Tennis, réunis ce week-end en Assemblée Générale, ont choisi le projet porté par la Ville de Paris, prévoyant l'agrandissement et la modernisation du site historique de la Porte d'Auteuil, pour le nouveau stade Roland-Garros", a indiqué la FFT dans un communiqué. Plus étonnants sont les arguments de Jean Gachassin, président de la FFT, qui se félicitait d'un "choix audacieux, osé et hautement qualitatif. Pour Roland-Garros c'est l'assurance de se distinguer pendant des années et de briller dans le monde entier pour des décennies, à contre-courant du gigantisme à la mode". Après avoir scandé que Roland-Garros avait besoin de rivaliser avec les autres Grands Chelems et donc grossir, la Fédération est ainsi satisfaite de ne pas trop grandir... Allez comprendre. Mais les explications ne tardent pas à affleurer: "Les partenaires traînaient un peu la patte (pour déménager), je ne vous le cache pas. Roland-Garros a une image forte, unique et un rayonnement mondial parce que nous sommes à Paris. Ne pas tenir compte de ce positionnement exceptionnel serait céder à la facilité et manquer de courage." Et de conclure: "La FFT a opté pour un projet unique qui continuera à nous singulariser des autres tournois du Grand Chelem. C'est un choix innovant, tourné vers l'avenir et qui reste fidèle à nos valeurs".

Amélie Mauresmo: "Je ne sais pas si l'aspect tennistique a primé dans cette décisions mais j'ai quelques doutes. J'ai des doutes car je pense que c'est très très politique ce qui s'est passé sur les dernières semaines voire les derniers jours. Mais c'est surement normal, ce n'est pas une événement anodin. Moi j'avais dit clairement que j'étais plus en faveur d'un développement, d'une ambition de bouger."

Les 195 délégués de la FFT se sont donc prononcés largement en faveur de l'extension du site actuel de 8,5 à 13,5 hectares et donc contre une délocalisation à Versailles, Marne-la-Vallée ou Gonesse à partir de 2016. Paris, qui avait besoin de 66,6% des voix pour être retenu dès ce dimanche, a raflé la mise en "finale" face à Marne-la-Vallée, alors que Gonesse a été éliminé au premier tour et Versailles au deuxième, a-t-on appris de source proche du dossier. Ce vote confirme les recommandations du comité de direction de la FFT qui avait fait part de sa nette préférence pour le projet parisien dès vendredi. Après avoir été présenté comme le principal rival de Paris, Versailles a été recalé dès le 2e tour. François de Mazières, le maire de la cité royale, a joué "faire-play" en déclarant: "Je souhaite bonne chance au tennis. On a été "sport" tout le temps, donc, je serai "sport" aussi après la défaite". Cela ne l'avait pas empêché d'accuser vendredi les services parisiens d'avoir monté "une campagne de désinformation extrêmement redoutable", faisant référence à une note ayant circulé dans la semaine pour dénigrer le projet de sa ville: "Elle a été rédigée par les services de Paris (...) Les règles n'ont pas été respectées. Je n'ai appelé personne à ce jour, mais d'autres l'ont fait et ils ont raconté n'importe quoi sur Versailles." Le mécontentement était d'ailleurs général dans le camp des vaincus (lire ci-dessous). Et Jean Gachassin reconnaissait: "Il y a quinze jours j'ai été attiré par Versailles, je me disais qu'on allait y faire quelque chose de merveilleux. Mais Paris, avec ses dernières propositions, est devenu un excellent dossier", disait le président de la FFT, "refroidi" par le "risque juridique" présenté par le projet versaillais.

Alors que les trois dossiers concurrents proposaient un complexe flambant neuf d'environ 35 hectares, Paris a joué la carte de la tradition, du prestige, de la proximité et de l'économie pour défendre leur projet qui devrait coûter deux fois moins cher que les trois autres. L'inconvénient, c'est que même étendu de 5 hectares, Roland-Garros va rester le plus petit des quatre tournois du Grand Chelem, et ne pourra pas envisager de grandir dans le futur. La FFT ne sera pas propriétaire mais profitera d'un bail étendu à 99 ans, débarrassé de la clause de revoyure après 25 ans, une concession de dernière minute de la part de la mairie. Selon la mairie de Paris, l'enceinte serait bâtie sur une surface de 2.000m² actuellement occupée par des "serres chaudes" contenant des collections de fleurs rares et des bâtiments techniques, préservant ainsi les serres classées aux Monuments historiques. La perspective de doter le court Philippe-Chatrier d'un toit léger et l'utilisation du stade Georges-Hébert pour implanter le Centre national  d'entraînement se heurte également à l'opposition des associations de quartier. Le projet parisien risque désormais de faire face à des recours juridiques  de la part des écologistes et des riverains. Une pétition contre l'extension sur une partie des serres d'Auteuil a recueillie près de 30.000 signatures, alors que la FFT prévoit d'y construire un nouveau court de 5000 places. Quelques minutes seulement après la décision, le conseiller Vert de Paris Yves Contassot a averti dans un communiqué que "au plan juridique, financier, environnemental, le choix de Paris risque de se révéler un miroir aux alouettes tant les obstacles sont nombreux et sérieux".

Si le choix est désormais rendu et assumé par les élus de la FFT, ils vont désormais devoir, avec la mairie de Paris, livrer une bataille qui avait déjà valu au premier projet d'extension d'être mis au placard.

Réactions

Bertrand Delaoë (maire PS de Paris): "Malgré la très grande qualité des projets concurrents que je souhaite saluer, la FFT a privilégié à 70% la fidélité à l'histoire de ce tournoi mais aussi la conviction que rester dans Paris, dans le cadre prestigieux de la porte d'Auteuil, constitue un atout majeur dans la compétition à laquelle se livrent les grands tournois de tennis internationaux. La Ville s'engage dès aujourd'hui, de manière déterminée, et avec la plus grande sécurité juridique, dans la mise en oeuvre de ce projet massivement approuvé par le Conseil de Paris en décembre dernier."

Vincent Eblé (président PS du Conseil général de Seine-et-Marne): "Comme il est de tradition sportive, on est fair-play vis à vis de notre challenger victorieux" et "on souhaite bonne chance à Paris et à la Fédération de tennis pour réaliser le stade de nouvelle génération dont la France a besoin." Mais "ils ne sont pas au bout des difficultés. On est évidemment déçu mais on a la conviction d'avoir fait le job, en présentant une candidature extrêmement crédible, parfaitement accréditée sur le plan économique, juridique, et reconnue par tous comme une candidature de grande qualité. Pour nous les choses peuvent rebondir sous d'autres formes avec d'autres investisseurs sportifs et fédérations sportives".

Jean-Pierre Blazy (maire PS de Gonesse): "Gonesse est dans la banlieue nord et malheureusement nous n'avons pas pu réussir ce qui avait été possible à Saint-Denis avec le Stade de France. Le tennis français a encore une vision aristocratique et élitiste en matière de choix de sites. Roland-Garros va rester le plus petit des tournois du Grand Chelem. C'est une occasion manquée pour le tennis français et la métropole parisienne au XXIe siècle. Ce n'est pas le choix de l'avenir. Je ne suis pas surpris par ce choix. Je ne suis absolument pas déçu. Je n'ai jamais cru que Gonesse aurait pu décrocher Roland-Garros. Il y a un an, les réponses de Paris étaient jugées insuffisantes par la FFT. Avec nos candidatures, la FFT a pesé sur la ville de Paris. Dans la dernière ligne droite, les concessions faites par Paris ont été décisives."

Le projet du futur Roland-Garros

Le lifting du stade construit en 1928 passe d'abord par un agrandissement vers l'est avec cinq hectares supplémentaires, soit 60% de surface en plus, pour un coût global d'environ 235 millions d'euros. Un nouveau court de 5000 places doit être bâti sur un endroit actuellement occupé par des "serres chaudes" contenant des collections de fleurs rares et des bâtiments techniques. Une partie des serres sera intégrée au court, une autre partie doit déménager au Parc floral du bois de Vincennes. Cette perspective fait bondir les écologistes, mais la mairie de Paris assure que "ce projet n'impacte absolument pas les Serres historiques d'Auteuil et les prestigieuses collections qui s'y trouvent", puisque "les serres de travail et les serres chaudes sur lesquelles la FFT prévoit de créer un court de tennis sont très récentes et ne présentent aucun intérêt architectural". La destruction de l'actuel court 1 devra en parallèle permettre la création d'une vaste esplanade d'accueil, de près d'un hectare.
Le Centre national d'entraînement va déménager pour occuper l'essentiel du stade Georges-Hébert, situé à 500 m de Roland-Garros, où une piste d'athlétisme doit être aménagée pour les scolaires. Les deux gymnases du Fonds des Princes doivent être reconstruits à Jean-Bouin. Parmi les autres mesures phare, le court central Philippe-Chatrier (15.000 places) sera doté d'un toit léger qui protège de la pluie sans pour autant permettre l'organisation d'événements comme l'actuel tournoi de Paris-Bercy. "Une révision du PLU pourra être lancée dès le Conseil de Paris d'avril 2011 pour autoriser la couverture du Court Philippe-Chatrier", souligne la Mairie. "Par ailleurs, en parallèle, des études de faisabilité seront engagées pour envisager dans un second temps de couvrir le court Suzanne-Lenglen."

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