Roland-Garros / Tennis-fauteuil : "Le sport qui offre le plus de possibilités"
Foot-fauteuil, rugby-fauteuil, tennis-fauteuil… L’adaptation des principaux sports au handicap est devenue monnaie-courante. Mais entre tous, c’est bien la petite balle jaune qui se distingue par son développement. Stéphane Houdet, champion français de la discipline, assure que « en discutant avec mes collègues des autres sports, c’est celui qui offre le plus de possibilités. » Il faut dire que les joueurs jouissent d’une organisation similaire à celle des valides : un tournoi spécial dans les quatre Grand Chelems (Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon, US Open) est organisé et des compétitions ont lieu toutes les semaines dans le monde entier : « Au total, il y a une base de 180 tournois par an » explique celui qui a remporté 22 Grand Chelems, en simple et en double.
Jouer à genou avec du matériel en carbone
Un développement largement dû à deux Français. Philippe Chatrier, ancien président de la Fédération française de tennis et de la Fédération internationale de tennis, crée en 1992 un département « wheelchair » (fauteuil roulant) au sein de l’institution mondiale. « Il a alors demandé à la FIT d’en assurer la promotion et le développement. C’est la raison pour laquelle il y a eu cet essor », estime le joueur de 47 ans. Jean-Pierre Limborg a également œuvré en ce sens. Après un voyage aux Etats-Unis, là où le tennis-fauteuil a vu le jour, il revient il y a une trentaine d’années dans l’Hexagone avec pour projet de développer la discipline. Le déclic ? Sa rencontre avec celui qui a initié ce sport de l’autre côté de l’Atlantique, Jeff Minnenbraker.
Cet Américain s’est démarqué en fabriquant un fauteuil en aluminium, diminuant considérablement le poids initial de celui de Limborg, qui avoisinait les 25 kgs. Dès lors, des modifications n’ont eu de cesse d’être apportées. Stéphane Houdet détaille : « Au départ, c’est l’adaptation d’un fauteuil de ville. Puis il a été donné de l’angle aux roues pour tourner plus rapidement, puis ajouté une roulette anti-bascule pour ne pas tomber en arrière, puis une poutre vers l’avant… » Les roues ont aussi été allégées, pesant aujourd’hui moins d’1kg.
Le Français Stéphane Houdet participe lui-aussi à l’amélioration du matériel, construisant la structure en carbone. Et apportant une révolution dans la pratique : « On a conçu un système qui allait nous permettre de ne plus jouer assis mais à genoux. » De quoi davantage performer sur les courts : « Cela nous permet d’avoir une rotation entre le haut et le bas du corps, ce qui génère de la puissance, et en même temps, plus de puissance pour se déplacer puisque les mains sont plus proches des mains courantes (partie du fauteuil qui permet de se déplacer). » Le travail s’effectue aussi sur la raquette, pour trouver « l’adéquation entre le manche de la raquette et les mains courantes du fauteuil. » La taille est aussi un point de réflexion.
Finalement, le seul aspect le moins développé est la médiatisation. Pourtant, Shingo Kunieda, champion japonais (41 Grand chelems) s’est employé dans ce domaine, avec succès. La télévision japonaise diffuse depuis quelques années les Grands Chelems et la notoriété est grandissante grâce aux derniers Jeux Olympiques. Une nouvelle victoire française dans le tournoi pourrait aussi contribuer au développement du tennis-fauteuil.
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