Champions Cup : Toulouse, comme au bon vieux temps
Une odeur de vieux parfum: leader de sa poule de Coupe d'Europe avant de rendre visite aux Wasps samedi, deuxième du Top 14, le Stade Toulousain a retrouvé l'air des sommets en renouant avec les standards de sa belle époque, où son pack de fer permettait à ses arrières de briller.
Le fameux "jeu de mains, jeu de toulousains" a permis aux Rouge et Noir de remporter, entre 1995 et 2012, 13 titres dont 4 Coupes d'Europe, un record qu'il partage avec les Irlandais du Leinster. "Notre club a toujours eu une philosophie de jeu portée vers l'offensive et on essaie de cultiver cet ADN", constate le troisième ligne François Cros, Toulousain pur jus.
Une attaque retrouvée
Cette marque de fabrique s'est cependant effritée en même temps que ses résultats: depuis 2012, le club haut-garonnais n'a remporté aucun trophée -- manquant même en 2017 la phase finale du Top 14 -- et n'a jamais dépassé les quarts de finale en Coupe d'Europe. Aussi, aujourd'hui, Toulouse "est en train de reconstruire quelque-chose qui a de la gueule" ajoute Cros.
Après un dernier exercice encourageant, c'est franchement le cas cette saison: deuxième meilleure attaque du Top 14 (35 essais en 11 matchs), le Stade Toulousain propose un jeu fait de mouvement, passes et prises d'initiatives dans le désordre. Cette ligne directrice, à laquelle l'entraîneur en chef Ugo Mola s'est tenu même dans les moments difficiles, séduit de nouveau son public, qui avait un moment déserté le stade Ernest Wallon.
Dimanche, après la démonstration face au Stade Français, ponctuée de six essais (49-20) pour une 7e victoire en 7 matchs toutes compétitions confondues, Romain Ntamack s'est réjoui: "C'est un régal de jouer dans cette équipe". Où brillent des trois-quarts vifs et techniques, plus que physiques: Ntamack affiche seulement 86 kg sur la balance, et aucun des arrières alignés face aux Parisiens ne dépassait le quintal.
Si les Toulousains attaquent mieux et marquent plus, c'est -- lien de cause à effet vieux comme le rugby -- parce qu'ils ont des munitions. Comme à la belle époque, où le paquet d'avants rouge et noir faisait régner la terreur. "On met souvent en avant les trois quarts. Mais, de tout temps, si ces derniers ont pu s'éclater, c'est parce qu'il y avait un pack dominateur autour. Et c'est ce que l'on retrouve cette saison", reconnaît le demi de mêlée Antoine Dupont.
Un paquet d'avant dominateur
"Il fallait remettre les choses dans l'ordre. Tout part de la conquête et de la défense", renchérit Régis Sonnes, venu cet été étoffer le staff toulousain pour s'occuper de ces deux secteurs. Une réussite: la défense a retrouvé tout son mordant et offre les ballons de récupération dont raffolent les trois-quarts.
Sans les dix essais encaissés à Montpellier, le 23 septembre lors d'un match qui ressemblait à une impasse (défaite 66-15), Toulouse serait d'ailleurs sur le podium des meilleures défenses du Top 14. "On est naturellement porté vers l'offensive. Mais on est beaucoup plus rigoureux en défense", résume Dupont.
Au début des années 2000, il y a eu la fameuse génération Clément Poitrenaud, Frédéric Michalak et Nicolas Jeanjean. Et avant eux, à l'entame des années 1990, celle des Émile Ntamack (le père de Romain), Jérôme Cazalbou et Didier Lacroix. Mais la renommée formation toulousaine a connu un creux générationnel entre 2005 et 2015, décennie pendant laquelle le club s'est davantage tourné, dans son recrutement, vers l'extérieur.
Cette période de disette semble révolue, avec l'éclosion des Ntamack, Florian Verhaeghe, Julien Marchand (promu capitaine cette saison), Cyril Baille, François Cros, Dorian Aldegheri, Arthur Bonneval ou encore Thomas Ramos.
Parmi les 23 Bleuets sacrés champions du monde des moins de 20 ans en juin, six portaient le maillot du Stade Toulousain, qui compense désormais, par son vivier, des moyens financiers plus limités que certaines écuries pour attirer dans ses filets des gros poissons.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.