Coupe d'Europe - Simon Zebo, enfin libre au Racing 92
Devenu indésirable en sélection irlandaise, l'arrière ou ailier Simon Zebo a réalisé un autre rêve de gosse: jouer en France, au Racing 92, où il apprécie un jeu plus libéré, mis en place autour de Finn Russell pour conquérir notamment la Coupe d'Europe. Zebo le Français ? Cette image un tantinet marketing du natif de Cork - son père martiniquais fut coureur de 800 m de haut niveau - résiste peu à l'épreuve des entretiens individuels à la presse, qui se déroulent en anglais, comme celui avec l'AFP mardi, cinq jours avant la confrontation face à Leicester.
Des liens forts avec la France
En revanche, l'affection de l'international irlandais (28 ans, 35 sélections) pour le rugby tricolore n'est pas feinte. "Enfant, je venais en France chaque année et toute ma famille française adore le rugby. J'ai pris l'habitude de soutenir la France et j'adorais le jeu à la française, les passes après contact... j'ai toujours vu un lien entre ma façon de jouer et le rugby français", affirme Zebo. Ce fan de Frédéric Michalak, Jannick Jauzion ou encore Aurélien Rougerie le clame: il a "toujours voulu jouer en Top 14."
Ce n'est donc pas "l'argent" - le Munster avait regretté de ne pouvoir s'aligner sur les offres des clubs étrangers malgré une "revalorisation substantielle" de son salaire - qui lui a fait traverser la mer Celtique. "Ni l'équipe nationale", ajoute Zebo, dont les relations avec le sélectionneur Joe Schmidt se sont détériorées en 2017, au point de ne plus être appelé depuis. "J'aimerais jouer la Coupe du monde (en 2019 au Japon), j'adorerais représenter mon pays mais je n'ai pas parlé à Joe depuis très longtemps. Cela fait plus d'un an maintenant", dit-il visiblement embarrassé.
Un lien avec le sélection de l'Irlande distandu
Zebo a annoncé son départ du Munster en octobre 2017, la même semaine où Schmidt le mettait de côté après 4 années pleines sous le maillot du XV du Trèfle. Or, le très rigoureux technicien néo-zélandais n'a fait qu'une exception majeure à la règle privilégiant les joueurs qui évoluent au pays: un certain Johnny Sexton quand il évoluait... au Racing (2013-2015).
Deux raisons peuvent expliquer le divorce. D'abord, Schmidt a replacé Zebo à l'aile en 2017. Or, il préfère "jouer arrière: c'est plus facile pour moi d'atteindre la ligne (d'avantage), d'utiliser ma technique pour marquer des essais ou faire marquer avec mes passes ou mon jeu au pied".
Surtout, l'Irlande gagne sans vraiment séduire, par des séquences millimétrées. "C'était très structuré", abonde Zebo, qui vivait la même chose au Munster. "Quand c'est l'heure de taper, il faut taper; quand c'est l'heure de courir, il faut courir. Il n'y a pas beaucoup de variation. Ici, c'est un peu différent", souligne le franc-tireur.
Le choix du Racing se comprend alors mieux, même s'il faut faire une croix sur un Mondial. Dans les Hauts-de-Seine, Zebo estime avoir "plus de liberté pour tenter des choses".
L'improvisation de retour
L'arrivée concomitante de l'ouvreur écossais Finn Russell, autre électron libre, y est pour quelque chose. La présence dans la ligne des trois-quarts de Virimi Vakatawa ou Juan Imhoff aussi. "Ce sont tous des joueurs qui aiment fonctionner à l'improviste et utiliser leur instinct. C'est une ligne d'arrières très offensive", se réjouit Zebo, auteur de 6 essais en 7 titularisations en Top 14.
Toujours souriant, volontiers chambreur, Zebo a aussi amené d'Irlande une bonhommie qui manquait peut-être au Racing ces dernières années. "J'aime sa façon d'apporter de l'énergie, de la joie de vivre au groupe, par exemple en dansant en salle de musculation", s'amuse Joe Rokocoko. "C'est très important: la saison est longue, et vous avez besoin de gens qui donnent le sourire aux autres."
C'est certain, Zebo est "naturel", comme le dit l'ex-All Black. Cela lui joue parfois des tours comme face à l'Ulster, lorsqu'il se retrouva réprimandé par l'arbitre Nigel Owens pour avoir nargué son vis-à-vis Michael Lowry en marquant un essai. Mais en s'excusant dans un sourire, Zebo s'est fait vite pardonner.
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