Craig : "Que chacun reste à sa place"
Les clubs anglais ont eu une position plus radicale que les Français au début du conflit avec l'ERC, organisateur actuel des compétitions. Pourquoi ?
Bruce Craig : "Au début les Français et les Anglais n'avaient pas forcément les mêmes idées en déposant le préavis (pour renégocier les accords-cadre des compétitions européennes en juin 2012, NDLR). Pour les Français, il était sûrement encore possible de négocier alors que pour nous, c'était terminé. La raison était que l'ERC n'était plus adaptée à nos besoins. On était partenaire pendant 18 ans, mais aujourd'hui la façon de faire les choses, la structure, n'est plus adaptée aux clubs professionnels. On ne trouvait pas que le système de qualification était normal. On trouvait aussi la redistribution de l'argent inadaptée. Et la gouvernance ne nous convenait plus. On n'est pas fâché, il n'y a pas de dispute. On a juste décidé que ce contrat était fini."
C'est une décision irrévocable ?
B C : "Il y avait beaucoup de disputes, avant même le préavis, sur la façon de gérer les compétitions. Après notre préavis, on a quand même tenu 15 réunions et on n'a pas bougé d'un iota. On est exactement au même point qu'il y a 12 mois. Pour nous, la seule solution c'est la Rugby Champions Cup."
Avez-vous été contacté par le médiateur censé résoudre le conflit ?
B C : "Par lettre. On a répondu que l'on n'était pas en conflit, qu'il n'y avait pas de médiation à faire."
A quoi ressemble ce projet ?
B C : "On veut une compétition ouverte à tout le monde. Les trois championnats (Top 14, Premiership, Ligue celtique, NDLR). On veut que cela soit sportivement plus fort et basé sur les principes d'équité, de méritocratie. Quand on parle des droits audiovisuels et du sponsoring, il faut bien que les gens comprennent que nous, Français et Anglais, nous sommes tout à fait d'accord pour tout mutualiser. Et on garantit aux Celtes et Italiens le même montant minimum que ce qu'ils perçoivent aujourd'hui."
De quels montants parle-t-on ?
B C : "Les prévisions pour cette compétition sont de redistribuer 20 millions d'euros minimum par ligue. Ca pourrait être 22, 24, 26...."
Avez-vous eu des marques d'intérêt de la part des clubs gallois, écossais, irlandais ou italiens ?
B C : "Oui. Moi je dis depuis le début que les 12 clubs de Ligue celtique vont être complètement d'accord pour jouer dans la Rugby Champions Cup."
Les Fédérations anglaise et française ne se montrent guère enthousiastes...
B C : "Pourquoi les fédérations ne veulent pas ce projet ? La réponse est assez simple. C'est une question de pouvoir, de contrôle. Ce qui serait normal, c'est que les clubs organisent l'événement et commercialisent les droits. Ce n'est pas aux fédérations de contrôler cela. Ce qu'on veut, c'est que le rôle des fédérations soit celui d'un régulateur: fixer les règles, s'occuper de discipline, de l'arbitrage, de la lutte antidopage... Que chacun reste à sa place."
Vous êtes francophone, vous connaissez bien le rugby français, on vous prête donc une influence importante dans le rapprochement des deux Ligues. Est-ce exact ?
B C : "Je ne dirais pas ça... J'ai des amis présidents. Je connais René Bouscatel, René Fontès, Paul Goze. J'ai joué depuis un très jeune âge puis comme demi de mêlée à l'US Métro pendant 5-6 ans. J'ai le privilège de diriger un très grand club en Angleterre (Bath, NDLR) et j'y mets beaucoup d'énergie comme beaucoup d'autres présidents en Angleterre et en France. On se bat pour que le rugby professionnel de clubs continue à évoluer de manière ambitieuse. Je suis sûr que le public comme les télévisions aimeraient bien voir une Coupe du monde des clubs, peut-être tous les quatre ans. Un Toulouse-Crusaders, un Chiefs-Toulon, un Leinster-Highlanders... Ca fait rêver et ça peut générer beaucoup d'argent. Mais ce n'est pas une question de faire de l'argent pour de l'argent. Aujourd'hui, on manque de vision, d'ambition."
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