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Leicester-Racing, la demi-finale qui peut tout changer

La première demi-finale de Coupe d'Europe de l'histoire du Racing 92, en déplacement sur le terrain de Nothingham face à Leicester (en direct sur France 2 et francetvsport.fr à 16h15), peut enfin faire décoller le club francilien. Malgré les millions et des recrutements de stars, le Racing n'a jamais atteint la moindre finale depuis l'arrivée de son président Jacky Lorenzetti. Tombeur en 1/4 du triple champion d'Europe en titre, le RCT, les Ciel et Blanc ont l'occasion de franchir un cap contre des Tigers, déjà rois d'Europe à deux reprises.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Dan Carter, meilleur joueur du monde 2015, donne de la voix depuis le mois de décembre sous les couleurs du Racing 92 (FRANCK FIFE / AFP)

Leicester - Racing en direct sur France 2 et francetvsport.fr a partir de 16h15

C'est la première fois que le Racing 92 endosse ce costume. Depuis son retour dans l'élite nationale lors de la saison 2009-2010, jamais cette équipe n'avait atteint les demi-finales de la Coupe d'Europe. Jamais elle n'avait été le dernier représentant de la France sur la scène internationale. Jamais le plus vieux club de rugby de France n'avait semblé aussi fort. Sa victoire, dans la douleur et dans les ultimes minutes, contre le RCT, triple tenant du titre, lors des quarts de finale n'a fait que confirmer son nouveau statut. Mais l'édifice est fragile: une défaite, même face à une équipe aussi redoutable que Leicester, même en terre hostile, renverrait les Franciliens dans leur rang habituel.

L'attente d'un premier titre

Car depuis l'arrivée de Jacky Lorenzetti à la tête de ce club plus que centenaire, l'équipe a toujours fait partie des favoris. D'abord pour retrouver le Top 14, puis pour accéder aux phases finales, ce qui a toujours été le cas depuis 2009. Les investissements réalisés par l'ancien homme fort de Foncia ont amené de la qualité, des joueurs de renom (Hernandez, Mehrtens, Bobo, Chabal, Nallet, Wisniewski, Steyn,...), mais pas une ligne de plus au palmarès du premier club de rugby créé en France en 1890, qui attend toujours un premier titre depuis le dernier Bouclier de Brennus gagné par le "show-bizz" en 1990. Dans l'Hexagone, Clermont s'est placé sur sa route en barrages en 2010, puis Montpellier alors que les Ciel et Blanc avaient gagné leur place directement en demi-finale, puis Toulon et Toulouse encore en barrages, avant le RCT de nouveau en demi-finales, sans oublier l'an dernier le rival du Stade Français en barrages. Pas une finale à se mettre sous la dent.

Sur la scène européenne, c'est encore plus simple. La saison passée, les hommes de Laurent Travers et Laurent Labit ont franchi pour la première fois le cap des poules, mais ont chuté en quarts contre des Anglais, ceux des Saracens, dans leur antre de Colombes (12-11). Bref, le président du club a payé (cher) pour savoir que les noms ne suffisent pas pour faire un palmarès. Tous ces échecs, toutes ces attentes ont attisé leur faim, et leur envie de ne pas s'arrêter là: "Oui on est en demi-finale, oui le club a évolué, mais l'ensemble des joueurs, du club et les entraîneurs veulent est être en finale", scande Laurent Travers.

La rivalité franco-anglaise pour motivation supplémentaire

Dernière équipe française qualifiée en Coupe d'Europe, le Racing a tous les projecteurs braqués sur lui. C'est le moment idéal pour faire monter sa côte d'amour dans le pays, d'autant qu'il est le dernier rempart à une finale 100% anglaise. "Les trois dernières années, il y avait toujours deux ou trois clubs français. Là, il n'y a que nous. Ça nous donne une motivation supplémentaire pour qu'il y ait une équipe française en finale", a déclaré Chris Masoe, triple tenant du titre avec le RCT désormais joueur du Racing.

Cette demi-finale est d'autant plus importante qu'elle précède de quelques mois la livraison d'un des plus grands chantiers réalisés par Lorenzetti: la construction de l'Arena 92, livré théoriquement en décembre prochain pour une inauguration en janvier 2017. C'est d'ailleurs avec cet objectif là que l'ancien maître de l'immobilier a recruté la star mondiale qu'est Dan Carter. Avec le Néo-Zélandais, le Racing a changé son jeu, son réalisme (95% de réussite dans ses tirs au but en Coupe d'Europe), de catégorie médiatique, mais pas encore de dimension. Entrer dans son nouveau stade flambant neuf avec le meilleur joueur du monde 2015, en lice pour être élu meilleur joueur européen de la saison, et un club champion d'Europe, cela change tout.

Leicester, la tradition devant, le talent derrière

Mais le Racing s'attaque à un autre monument. Leicester, avant d'être la révélation de la saison footballistique outre-Manche, est d'abord un club de rugby de premier plan. Neuf championnats d'Angleterre, dix coupes nationales, deux Coupes d'Europe, ce club n'a jamais connu les affres de la relégation. C'est en quelque sorte le Stade Toulousain anglais, qui vient simplement de marcher, de concasser le Stade Français en quarts de finale (41-13). "C'est une équipe sûre de son jeu", analyse Travers, estimant même que ce collectif "marche actuellement sur l'eau". A la tradition des avants costauds et rugueux, incarnés par le pilier international Cole et aussi par son directeur du rugby Richard Cockerill, les Tigers sont ajouté du talent à revendre dans ses lignes arrières. Un triangle de fond Goneva-Tait-Veainu de feu, et un Manu Tuilagui pour percer les murailles au centre du terrain, sans oublier ce feu-follet Ben Youngs à la mêlée, qui a fait bien des malheurs aux XV de France lors des deux derniers Tournois des 6 Nations, le 4e de Premiership a des armes et sait s'en servir. 

Si en mêlée, le Racing semble mieux armé que son vis-à-vis, Leicester excelle dans l'art de détruire les ballons portés adverses, l'un des points forts des Ciel et Blanc. Pour les plus supporteurs français superstitieux, deux éléments sur lesquels s'appuyer. Le premier, c'est que Laurent Travers a déjà battu le Leicester de Richard Cockerill. C'était au temps de leur carrière sur le terrain, et le pilier briviste s'était imposé en finale de la deuxième Coupe d'Europe de l'Histoire (28-9) face aux Tigres. En connaisseur du joueur, qu'il a aussi eu comme entraîneur à Clermont, Travers a prévenu: "A nous d'être disciplinés et de rester concentrés sur notre jeu, sans se préoccuper de tout ce qu'il y a autour". Le deuxième, c'est que l'équipe anglaise a été éliminée de la phase finale de la Coupe d'Europe lors de ses deux derniers passages, par des clubs français. En 2012-2013, c'était le RCT, pour le compte des quarts de finale (21-15). L'année suivante, c'était Clermont (22-16), également en quarts. Après l'échec du Stade Français à réaliser la passe de trois, le Racing reprendra-t-il le flambeau ?

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