Racing 92, les causes d'un échec en finale
Le pari raté
Après la finale perdue (21-9), Dan Carter a expliqué sa sortie du terrain, dès la 42e minute. "Je me suis peu entraîné avec l'équipe ces trois dernières semaines, mais j'ai participé à l'échauffement normalement. On avait décidé d'attendre le dernier moment pour se décider. Attendre l'échauffement et voir comment ça allait. Or, je n'ai rien ressenti pendant l'échauffement. J'étais confiant, et d'ailleurs pendant les 30 premières minutes ça allait. C'est simplement juste avant la mi-temps que j'ai commencé à ressentir une contracture. J'ai pris une décision raisonnable car je n'étais d'aucune aide à l'équipe". Il est vrai que sous la pluie, il avait été très discret, prenant néanmoins deux gros plaquages qui ont semblé l'ébranler.
Le jeu du chat et de la souris depuis plusieurs semaines (une photo de Carter avec des béquilles avait été faite lors d'une cérémonie) autour de cette blessure n'a pas été couronné de succès. "Cela fait trois semaines qu'on sait que Dan est amoindri, on vous l'a bien caché, hein!", a déclaré aux journalistes le président du Racing Jacky Lorenzetti. "On a bien essayé de taire cette déception et les coaches ont choisi de le faire jouer quand même, je pense qu'ils ont eu raison", a-t-il ajouté. Dan Carter, qui va passer des examens lundi, avouait: "Jouer une finale représentait beaucoup pour moi et l'équipe. Je pensais pouvoir jouer, c'est pourquoi j'ai commencé, mais malheureusement cela n'a pas duré aussi longtemps que je le pensais".
La tactique déficiente
Les joueurs du Racing ont-ils mal vécu les incertitudes pesant sur l'homme qui devait leur faire passer un cap ? Dominés dans les impacts, se heurtant à une défense de fer qu'ils n'ont presque jamais réussi à franchir, les Racingmen ont semblé sans solution. Avec leur ouvreur-star diminué puis sorti, avec leur capitaine Szarzewski tout juste revenu à la compétition pour ce match, et qui a commis deux en-avants facheux sous la pluie de la 1e période, avec un Maxime Machenaud mis KO dès la 21e minute, les Ciel et Blanc n'avaient plus leurs maîtres à jouer. Leurs remplaçants (Philipps, Talès, Lacombe) n'ont pas réussi à se relever le niveau.
Après s'être beaucoup heurtés au mur des Saracens, après avoir eu du mal à enchaîner les mouvements sans commettre de fautes, les hommes de Laurent Labit et Laurent Travers ont ensuite beaucoup joué au pied. Sans succès, puisque cela a représenté autant de munitions en moins pour se montrer dangereux. Masoe, Charteris, Dulin ou Tameifuna ont bien essayé d'avancer, mais ils étaient bien seuls à le faire sur le terrain. Plus tourné vers le jeu déployé depuis cette année, le Racing est revenu à ses "bonnes vieilles habitudes" en pleine tempête, à savoir un jeu restrictif et peu créatif. Les habituels feu-follets que sont Rokocoko, Imhoff ou Goosen (en plus de Dulin) n'ont jamais pu se mettre en évidence. Pour sa première finale européenne (et la première fois aussi où le club atteignait les demi-finales), le Racing a payé pour apprendre. Malgré toute l'expérience de ses joueurs, le club francilien n'avait pas le même CV que des Sarries demi-finalistes en 2013 et 2015, et finalistes en 2014.
Les éléments défavorables
La pluie rendant les ballons glissants et les initiatives délicates, Nigel Owens, dont certaines décisions semblaient discutables, et surtout un adversaire supérieur. Le symbole de tout ça porte un nom: Maro Itoje. Elu après la finale meilleur joueur européen 2016, le deuxième ligne de 21 ans a symbolisé tous les maux infligés au Racing. Percutant en attaque, aérien en touche, présent dans toutes les zones de rucks, parfois même à la limite de la règle (ou au-delà sans être pénalisé), l'Anglais a été brillant. Sur les rares ballons portés initiés par les Racingmen, il a joué les perturbateurs, avec ses longs bras, pour priver les Français de munitions. Bien organisés en défense, pénétrant en attaque, les Saracens ont disputé le match qu'il fallait pour être sacrés rois d'Europe face à une équipe privée de sa carte "imagination". Cela tombait bien, eux-même n'en ont pas à revendre. Mais ils sont champions d'Europe.
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