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Rugby : comment la Covid a grippé les coupes d'Europe

Défaites sur tapis vert, reports, refus de jouer… A peine lancées, les coupes d’Europe de rugby traversent une zone de fortes turbulences. En cause : les différences entre le protocole anti-Covid du Top 14, et celui des championnats britanniques et celtes, plus souple, qui a entraîné la multiplication des contaminations entre équipes des deux côtés de la Manche. Retour sur cette vague qui déferle sur la Champions Cup et le Challenge Européen, et qu’une réunion entre la LNR et l’EPCR entend endiguer ce lundi. 
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (MALCOLM MACKENZIE / PRO SPORTS IMAGES LTD)

• 19 Septembre : Castres éliminé sans jouer

Mi-septembre, la Champions Cup 2019-2020 reprend enfin, après une longue coupure imposée par la crise sanitaire. Mais la Covid n’en a pas finit avec le rugby européen, et le Castres Olympique en fait les frais pour son premier quart de finale depuis 12 ans. Touché par plusieurs cas de Covid-19, le CO est éliminé sans jouer. Son quart de finale contre les Anglais de Leicester est perdu sur tapis vert, sur décision de l’EPCR, après l’annonce de trois cas de Covid dans l’effectif tarnais. Mais le CO s’insurge dans un communiqué : "Si les tests effectués mercredi sur 55 joueurs du club avaient révélé trois cas positifs, les résultats de l’ensemble de l’effectif prévu pour le déplacement à Leicester s’étaient quant à eux tous révélés négatifs". Avant même les résultats des nouveaux tests, l’EPCR confirme sa décision.

• 18 décembre : Toulon ne veut pas jouer

Pour la nouvelle saison, le règlement indique qu'en cas de cas positifs, pour ne pas risquer une multitude de matches à rejouer, l'équipe qui a des joueurs positifs peut avoir match perdu sur tapis vert. Une semaine avant les fêtes, le RC Toulon doit se déplacer chez les Gallois des Scarlets en Champions Cup. Mais l’équipe galloise compte un cas de Covid-19 après avoir affronté Bath, où des cas positifs ont été détectés, la semaine d'avant. Le club varois refuse donc de jouer, ce qui entraîne d’abord une défaite sur tapis vert, avant que l’EPCR ne reporte le match au lendemain. Ce qui, dans les faits, ne peut rien changer. Toulon refuse de nouveau de jouer, et perd la rencontre sur tapis vert avec bonus offensif à son adversaire (0-28), sans avoir de cas dans ses rangs, mais par refus d’affronter une équipe qui en compte un.

• 18-19 décembre : La Rochelle vainqueur sur tapis vert comme le LOU et Toulouse

Dans le même temps, Bath, qui a affronté ces mêmes Scarlets une semaine plus tôt, voit son match à la Rochelle annulé, et perd également sur tapis vert à cause de cas contacts issus de cette rencontre avec Llanelli. Résultat : l'équipe dont le joueur positif a contaminé des adversaires se trouve avec deux victoires. Un week-end qui a également vu les victoires du LOU et de Toulouse sur tapis vert, alors qu'ils devaient jouer respectivement à Glasgow et contre Exeter dans la revanche de la demi-finale de la saison passée. Mais les Anglais avaient affronté les Warriors le week-end d'avant...

• 19 décembre : le refus du Stade Français

En clôture de ce gros week-end de rugby européen, déjà amputé de plusieurs affiches, le Stade français se déplace sur la pelouse des Cardiff Blues en Challenge Cup. Mais les Parisiens refusent de faire le déplacement. Après avoir annulé le match et infligé une défaite sur tapis vert aux Parisiens, l’EPCR explique alors que le Stade français craignait que ses joueurs aient été contaminés par ceux de Trévise la semaine précédente. "Il n’y a pas de mauvaise volonté de la part des clubs français, simplement une attention portée sur la santé des joueurs. On a eu une contamination massive en août, on sait les dégâts que ce virus peut avoir. Le risque est trop important. Surtout qu’un match de coupe d’Europe, c’est du temps passé dans les avions, dans les bus, dans les hôtels", explique aujourd’hui le directeur général du club, Thomas Lombard, qui refuse de continuer la coupe d’Europe tant que le protocole n’est pas le même pour tous.

• 26 décembre : la nouvelle souche à Bayonne

Lendemain de Noël, et drôle de cadeau pour l’Aviron bayonnais qui détecte des cas positifs cinq jours après avoir reçu Leicester en Challenge européen. Au delà de la défaite, le club basque a surtout été contaminé à cette occasion par la nouvelle souche du Covid, venue d'Angleterre. "Lors de nos réveillons, on aurait pu mettre en danger les familles de joueurs, des gens du club, à cause de la négligence du protocole britannique", peste aujourd’hui le président Philippe Tayeb, inquiet pour la suite de la saison : "Le club est fermé deux semaines, les joueurs ne peuvent pas s’entraîner pendant trois semaines, on ne reprendra que fin janvier après une coupure d'un mois et demi : ça peut avoir des conséquences catastrophiques sur notre saison". Un épisode qui a poussé le club à se positionner : sans protocole sanitaire plus strict pour les clubs d’outre-Manche, l’Aviron bayonnais ne disputera pas ses rencontres européennes jusque nouvel ordre.

• 4 janvier : l’EPCR revoit sa copie

Après des semaines à prévenir le danger, la LNR a enfin l’opportunité de se faire entendre en ce début janvier devant l’instance européenne. A 13h, une réunion entre Bernard Dusfour, président de la commission médicale de la Ligue nationale de rugby, et l’EPCR devait permettre au médecin français d’exposer le protocole sanitaire appliqué en Top 14, plus strict qu’outre-Manche, et visiblement plus efficace. "Cela fait des mois qu’on explique notre protocole, aujourd’hui les faits nous donnent malheureusement raison. Je ne comprends pas pourquoi les Anglais s’obstinent à tester le lundi précédent le match, plutôt que trois jours avant comme nous", interroge Bertrand Dusfour. A lui de convaincre l’EPCR.

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