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Toulon, le coup parfait

Dominé par Clermont pendant la majeure partie de la finale de la Coupe d'Europe à Dublin, Toulon a arraché sa victoire grâce à une défense de fer, une bonne dose d'opportunisme et un Jonny Wilkinson encore parfait au pied (16-15). Au terme d'un match d'une terrible intensité, les Varois décrochent le premier titre de leur histoire en H Cup.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Wulf (Toulon) à la lutte avec Nalaga (Clermont)

Malins ces Toulonnais. Avant cette finale, les hommes du président Boudjellal s'étaient habilement mis en position d'outsiders. A Clermont, invaincu cette saison en H Cup (neuf matchs) de supporter la pression qui pèse sur les épaules du favori. Malins aussi quand ils ont laissé l'initiative du jeu aux Auvergnats pour mieux les contrer. Au final, le plan s'est parfaitement déroulé et, pour sa deuxième saison seulement dans la plus prestigieuse des compétitions européennes, les Toulonnais en sont déjà les rois. Bernard Laporte, le grand ordonnateur de ce succès, peut jubiler, il a réussi le coup parfait. 

L'essai de Nalaga 

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Opposer la puissance de la défense toulonnaise à la virtuosité des trois-quarts clermontois avant cette finale était réducteur. Mais pas si loin de la vérité au final. Pendant la première période, les premiers ont pris le pas sur les attaquants auvergnats, contrés et châtiés à chacune de leurs incursions dans les 22 du RCT. Plus audacieux dans son jeu, l'ASM butait régulièrement sur le premier rideau adverse où il y avait toujours une main pour retenir un maillot, réaliser une cuiller, gratter un ballon dans un ruck un peu chaud. Une véritable démonstration de pose de barbelés. En revanche, côté offensif, le RCT n'avait pas grand-chose à proposer. Maladroits dans leurs rares transmissions, les hommes de Laporte avaient toutes les peines du monde à franchir la ligne médiane mais, parfaitement regroupés dans leur moitié de terrain, ils attendaient simplement la faute clermontoise. Cette tactique, étriquée pour certains, portait tout de même ses fruits quand Jonny Wilkinson égalisait (3-3, 14e) après l'ouverture précoce de Morgan Parra dès la 3e minute. Finalement, hormis deux ou trois éclairs signés Sivivatu ou Fofana rapidement étouffés, les Toulonnais ne se faisaient qu'une véritable frayeur quand Brock James tapait à suivre pour lui-même, prenait de vitesse Masoe à la course mais aplatissait quelques centimètres trop loin de la zone d'en-but (34e). Hormis ce coup de chaud, Toulon avait gardé la tête froide pendant les 40 premières minutes d'une finale jusque-là trop tendue pour être véritablement emballante.

Delon fait son cinéma

Le mérite de Clermont était de ne pas abandonner ses principes face à cette montagne rouge et noire apparemment infranchissable. Et il ne fallait pas patienter longtemps après la reprise pour voir leur ambition récompensée. Nalaga, tel un funambule, filait le long de la ligne en résistant à deux placages pour inscrire le premier essai du match (8-3, 42e). La finale était enfin lancée. Wilkinson réduisait bien le score (8-6, 46e) mais Clermont en remettait une couche aussitôt après avec ce nouveau coup de pied à suivre de James, relayé magnifiquement par Rougerie qui retrouvait son ouvreur australien pour le second essai des Jaunards (15-6, 48e). A ce moment-là de la rencontre Dublin appartenait clairement aux Auvergnats. Mais, à force de courage, le RCT ne sombrait pas. Solidaires, les partenaires de Botha s'accrochaient et s'en remettaient à Saint Jonny pour convertir leurs rares munitions en attaque. L'Anglais, fidèle à sa légende, se chargeait de maintenir le bateau à flots (15-9, 61e). Puis c'était le miracle à la toulonnaise. Sur un ballon superbement gratté par Fernandez Lobbe, Delon Armitage héritait du ballon et s'en allait, langue sortie et narquoise, marquer l'essai qui fait mal (15-16, 64e). En boxe, ça s'appelerait le contre parfait. 

L'essai de James

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Clermont ne se relevait pas de ce coup de couteau dans le dos. Soudain nerveux, les hommes de Cotter se mélangeaient les pinceaux dans les dernières minutes, usés par l'intraitable défense varoise qui ne lâchait pas le moindre pouce de terrain. Un dernier drop contré de James, un deux contre un gâché par une passe ratée et c'était fini, Toulon pouvait exulter en attendant de possibles retrouvailles en Top 14 où les deux équipes sont en demi-finales. Mais pour l'instant, le RCT est tout à son bonheur européen.

L'essai d'Armitage

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La réaction de Bernard Laporte 

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