Coupe d'automne des nations, Angleterre-France : on a aimé/on n'a pas aimé
Perdre contre l'Angleterre, qui plus est en finale d'une compétition, et après avoir mené au score pendant quasiment toute la rencontre, devrait suffire à uniquement cocher la case "on n'a pas aimé". Mais il faut passer cet anti-angletarisme primaire et, au contraire, se réjouir de tous ces motifs d'espoirs parsemés sur la pelouse de Twickenham par les Bleus. Comme autant de victoires qui pousseront sur ce terreau dans les prochains mois.
ON A AIME
L'état d'esprit
Le XV de France le 2e plus inexpérimenté de l'histoire (4,5 sélections en moyenne par joueur) n'a jamais, ou presque, laissé transparaître la moindre trace de nervosité. Au contraire même, c'est avec toute la fougue de sa jeunesse que cette équipe de France "bis" s'est jetée dans la mêlée, faisant douter l'Angleterre du début jusqu'à la fin du match. Surtout, les hommes de Fabien Galthié n'ont jamais dérogé aux préceptes de leur coach, appliquant avec ferveur les schémas mis en place depuis bientôt un an. Les hommes changent, l'idée directrice demeure. Et la solidarité non plus n'est plus un vain mot. Il faut voir comment les Bleus, arc-boutés sur leur ligne d'essai, ont repoussé un à un les onze assauts anglais juste avant la pause !
Brice Dulin
Il n'a pas eu l'occasion de prendre sa revanche sur Anthony Watson, l'ailier anglais qui l'avait planté dans le gazon le 15 août 2015 lors d'une victoire anglaise. Le geste avait fait le tour de la planète ovale, il était terrible pour Dulin, "cadré-débordé" dans un mouchoir de poche. Placé à l'aile ce jour-là, loin d'être son poste de prédilection, le Français a mis du temps à oublier l'outrage et à refaire surface. Mais après un match déjà très accompli face à l'Italie (36-5) qui signait son retour chez les Tricolores après près de 3 ans d'absence, le Rochelais a encore marqué des points ce dimanche. Au point de postuler très sérieusement à une place de titulaire à l'arrière du wagon bleu. Bien placé après la percée de Jalibert, il a marqué l'essai français, confirmant ses talents de finisseur, mais surtout, il s'est montré inflexible en défense, soufflant sur toutes les chandelles anglaises comme un zélé veilleur de nuit. A 30 ans, l'ex-Racingman a toujours du feu dans les cannes et son profile de relanceur cadre sans doute bien avec les projets de jeu de Galthié qui veut faire du poste d'arrière la base de lancement des offensives.
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La mort subite
Même si elle emporté les espoirs de victoire tricolore, il faut bien lui reconnaître une intensité et une émotion bienvenues. Instauré pour la première fois en prolongation, le principe du "qui marque en premier gagne" est semble-t-il une vraie réussite tant le suspense est apparu à son acmé lors de cet épilogue franco-anglais. Le jeu de rugby est ainsi fait que les équipes ne peuvent se permettre, contrairement au foot, d'attendre les tirs au but. Ce serait suicidaire. La Rose et le Coq se sont donc jetés corps et âme dans ce money-time où la moindre faute, synonyme d'une possible pénalité, fait passer un frisson d'effroi ou d'espoir dans les moelles. Ce qui nous amène à ce que l'on a beaucoup moins apprécié...
ON N'A PAS AIME
La relance de Raka
La décision d'Alivereti Raka de relancer de ses propres 22 à la 95e minute n'était pas la meilleure de sa carrière. Euphémisme. L'ailier de Clermont, esseulé face à deux flèches anglaises qui montaient à toute vitesse sur lui, aurait pu écarter sur un partenaire ou taper en touche. Il a choisi d'y aller seul, mal lui en a pris. Rattrapé par la patrouille, il a mis trop de temps ensuite à libérer son ballon, ce filou de Maro Itoje lui compliquant il est vrai bien la tâche avec ses grandes paluches. Le jeu appelle des fautes et celle de Raka a coûté une nouvelle pénalité, décisive cette fois, pour les Anglais. Owen Farrell n'allait tout de même pas toutes les manquer...
La condescendance des Anglais
Presque un classique. On ne sait pas s'ils ont ressorti leur pénible "sorry good game" à la fin de la rencontre, mais on sait en revanche qu'ils l'ont bien envenimée avant le coup d'envoi par presse interposée. En estimant que la France envoyait une équipe bis pour les affronter, évoquant même "une farce", ils ont non seulement manqué de respect à leurs adversaires mais ils ont surtout failli se prendre le boomerang à travers les gencives. A quelques secondes près, cette farce ne les aurait pas fait rire du tout. Et il suffisait de voir leur explosion de joie au coup de sifflet final pour comprendre l'ampleur de leur méprise.
L'arbitrage
Il est toujours un peu facile de stigmatiser l'arbitre, en l'occurrence monsieur Brace, en cas de défaite. Surtout lorsque celle-ci apparaît imméritée. Le fait est que que l'Irlandais est allé un peu dans le sens du vent lors des prolongations, offrant deux munitions pas forcément évidentes aux tireurs anglais. Mais, comme souvent, l'équipe qui recule prête le flan aux coups de sifflet, les Français pourront et devront s'en souvenir. Fabien Galthié, qui regrettait que le match se soit joué "non pas sur des actions mais sur des décisions", n'en pensait sans doute pas moins.
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