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Coupe du Monde de Rugby 1991 : la France battue par… la France

Pendant le mois d'août, France Info vous raconte 15 histoires de Coupe du Monde. Gros plan ce lundi sur le Mondial de 1991 : le rugby français est agité par des querelles internes à tous les niveaux : les dirigeants, les entraîneurs, les joueurs. Rien ne va et la sanction tombe : le plus mauvais résultat de la France en Coupe du Monde.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Les Français en quart de finale face aux Anglais © SIPA | MAcFarlane)

Cela commence à la tête de la Fédération. Albert Ferrasse a annoncé qu’il ne serait plus président, la guerre pour sa succession commence. Dans ce contexte, un groupe de pré-sélectionnés doit faire une tournée de préparation. Mais personne à la Fédération Française de Rugby (FFR) ne semble prêt à l’organiser et surtout à la financer. Finalement c’est Serge Kampf, patron de Cap Gemini, encore une fois, qui met la main à la poche pour envoyer les Bleus au Colorado.

 

Un séjour qui se déroule dans une ambiance exécrable. Les premières lignes s’accrochent régulièrement aux entraînements et ça tourne parfois à la bagarre. D’un côté, les Béglais, champions de France, Gimbert Moscato et Simon, brillants et arrogants, de l’autre les anciens, solides mais vieillissants, Marocco, Lascubé et Ondarts. A l’évocation de ce souvenir, ce dernier s’emporte : "Je ne sais pas ce que vous voulez me faire dire mais moi ce que je sais, c’est qu’il n’y avait pas de préparation, tonne Pascal Ondarts. Comment voulez-vous gagner des matchs quand, deux mois avant, vous ne savez même pas qui va jouer ? Je ne sais pas si c’était une Coupe du Monde ou juste une Coupe des provinces, il n’y avait pas de préparation ! "

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Coup de couteau dans le dos

 

L’Equipe de France revient donc des Etats-Unis avec plus de doutes que de certitudes. Lorsqu’il faut établir le groupe définitif, les deux entraîneurs ne sont pas d’accord.

Daniel Dubroca finit par publier une liste dont les Béglais sont exclus. Une liste avec laquelle Jean Trillo n’est pas d’accord. Aujourd’hui encore, il parle de coup de couteau dans le dos : "J’ai été désavoué sur le choix de certains joueurs et ça a créé un climat de méfiance. Cet a priori, dans la préparation d’un tel événement, n’était pas de bon aloi. "

 

Des entraîneurs qui ne se font pas confiance, une préparation ratée, une fédération tiraillée par des luttes de pouvoir. Tous les éléments sont réunis pour que la France rate sa Coupe du Monde.

 

"Vous dégagez et on en prend quinze autres"

 

Et comme si ça ne suffisait pas, à la veille du quart de finale, les joueurs menacent de faire grève pour une histoire d’argent. Serge Blanco, alors capitaine, est mandaté par ses partenaires : "Ils m’ont dit que le rugby changeait et m’ont demandé d’aller négocier certaines choses. Pour négocier ces primes, j’ai trouvé plusieurs interlocuteurs. L’un me disait qu’il allait être le futur président de la fédération, puis un autre arrivait et disait que ce serait lui… A l’arrivée, c’est Albert Ferrasse qui a tranché et qui m’a dit : 'Il n’y aura rien du tout. Si vous ne voulez pas, vous dégagez. On en prend quinze autres et on n’en parle plus'. "

Les Français disparaissent en quart de finale, éliminés par les Anglais, au Parc des Princes. C’est à ce jour la plus mauvaise performance tricolore dans une Coupe du Monde. Il faut dire que cette année-là, la France avait vraiment tout fait pour passer à travers.  

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