Coupe du monde de rugby U20 : "Chaque joueur est acteur du projet", l'entraîneur des Bleuets livre les clés de la réussite avant la finale face à l'Irlande
Un match pour l'histoire. Vendredi 14 juillet à 19h au Cap (Afrique du Sud), jour de fête nationale dans l'Hexagone, l'équipe de France des moins de 20 ans sera opposée à l'Irlande en finale du championnat du monde. Un trophée dont les Tricolores sont les doubles tenants du titre et qu'ils pourraient être les premiers à soulever lors de trois éditions consécutives depuis la Nouvelle-Zélande entre 2008 et 2011. Philippe Boher, entraîneur de la conquête et de la défense, nous présente les spécificités d'un groupe qui brille par sa maturité et son efficacité, offensive comme défensive, avant d'affronter l'un de ses adversaires les plus coriaces, le XV du Trèfle.
Franceinfo: sport : Pouvez-vous nous présenter votre équipe ?
Philippe Boher. C’est une équipe faite de jeunes joueurs qui ont une certaine maturité. Pour leur âge, on pourrait dire qu’ils sont un peu en avance. On a un jeu dans lequel il y a des aspects stratégiques importants, mais pour nous, Français, avec une culture axée sur nos spécificités, on a aussi un jeu avec beaucoup d’adaptation, de lecture, de prise de décisions.
C’est très important pour nous d’avoir des joueurs qui soient acteurs du projet de jeu. Il faut tenir compte du momentum. Contre les Anglais, on s’est fait prendre une fois, on s’est adapté, on a su les contrer et leur faire mal ensuite. Nous avons de jeunes joueurs qui sont capables de s’adapter au rapport de force qui leur est proposé.
La défense semble être l’un des gros points forts de cette équipe. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Ce groupe a construit son identité et a généré beaucoup de confiance en étant très concentré et très appliqué sur le système défensif. C’est un système qui découle directement de ce que nous faisons lorsque l’on travaille en partenariat avec le XV de France pendant tout le Tournoi des six nations. C’est extrêmement important, ça habitue les joueurs et le staff à ce qui se fait au plus haut niveau.
Aujourd'hui on défend en allant chercher très haut, on met beaucoup de pression aux équipes adverses, on est capable de réaliser des plaquages à deux, de gagner la ligne d’avantage. On est au-delà de 90% de plaquages réussis depuis le début de la compétition, beaucoup de ballons récupérés, peu d’essais concédés alors qu’on rencontre quand même des adversaires de grande qualité.
"On a un groupe complet, compétitif, dans lequel on double largement tous les postes."
Philippe Boher, entraîneur de la conquête et de la défense des U20
Cette équipe donne aussi l'impression d’avoir plusieurs leaders de jeu. Comment expliquer cela ?
Parce qu’on travaille aussi beaucoup sur les aspects de la préparation mentale de nos joueurs et du groupe en général. C’est partagé avec le staff, et chaque joueur est acteur du projet. Bien sûr, on a des capitaines, vice-capitaines, des leaders de jeu, de vie, de combat, d’engagement et de défense, comme dans toutes les équipes. Mais chacun sait rester à sa place, apporter sa pierre à l’édifice, remédier aux potentielles défaillances.
L’ensemble des joueurs est capable de prendre ses responsabilités, c’est très important. On a des joueurs qui analysent ce qui se passe, qui prennent des décisions en fonction du rapport de force. Nos amis anglo-saxons appellent ça "le french flair", mais il y a aussi tout ce travail partagé avec eux et le staff.
À quoi s’attendre face à l’Irlande, avec qui vous entretenez une certaine rivalité ?
Nous allons jouer notre douzième match officiel de la saison vendredi. Nous en avons gagné 10 et perdu un seul, contre l’Irlande, de deux points lors du Tournoi des six nations. On aurait raisonnablement pu gagner ce match, avec une pénalité pour la gagne à la fin. Il y a toujours un petit goût de revanche.
S’ils en sont à ce niveau-là, c’est grâce à une maîtrise très irlandaise des fondamentaux. Ils ont un jeu un peu plus classique, qu’ils maîtrisent parfaitement. Pas de prises de risques inutiles. La finale arrivant, ça va décupler l’envie de nos jeunes joueurs, celle de montrer qu’on peut exister au plus niveau international, l'envie de montrer que le Tournoi, on aurait pu le remporter en faisant le Grand Chelem nous aussi.
Un profil d’équipe presque à l’opposé du jeu développé par votre équipe finalement ?
C’est un peu la marque du rugby français, on est dans la lignée de cette envie de pratiquer un rugby total. On est aussi capable d'imposer une certaine puissance, sur nos phases de conquête, de faire mal aux équipes que l’on rencontre. Mais on a cette volonté de faire vivre le ballon, d’avoir toujours un soutien capable d’assurer la continuité du jeu, de faire la bonne passe au bon moment.
Nous savons que les Irlandais ont beaucoup étudié notre système, ils vont essayer d’enrayer ça. À nous de bien nous préparer, tout en gardant ce qui fait notre force et en étant convaincus que nous sommes capables d’imposer notre puissance.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.