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Angleterre - Galles: le match de la peur

L'Angleterre, dans sa Coupe du monde, joue une partie de son avenir dans la compétition en accueillant le Pays de Galles à Twickenham (21h). Victorieuses de leur premier match, les deux équipes savent que ce 127e duel de l'histoire emmènera le vaincu en "épreuve sous pression" face à l'Australie, le troisième ogre de ce groupe "de la mort". Six oppositions pourraient faire pencher la balance de cette rencontre indécise.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
 

Des changements pour cause de prestation insuffisante face aux Fidji, et des changements pour réintégrer les cadres après avoir aligné une équipe "bis" face à l'Uruguay. Angleterre comme Pays de Galles s'avancent avec des effectifs remodelés, mais pas pour les mêmes raisons. Pour ce 127e duel de l'Histoire (le 3e en Coupe du monde mais les deux premiers avaient eu lieu en quarts), chacun connaît l'importance de la victoire.

Car le match à trois (Angleterre, Galles, Australie) de ce groupe "de la mort", arbitré par les Fidji qui ont donné du fil à retordre aux Wallabies et au XV de la Rose, n'admet pas la moindre faiblesse. Remporter ce match, c'est viser l'une des deux premières places de ce groupe A. Perdre, c'est espérer au mieux finir deuxième (sauf en cas de victoires croisées des trois entre eux), avec l'inconvénient majeur de croiser, en quarts de finale, le chemin de l'Afrique du Sud si elle redresse bien la barre après son accroc face au Japon.

Restant sur deux victoires consécutives contre cet adversaire (21-16 cette année, 29-18 en 2014) après avoir subi trois revers les trois années précédentes, l'Angleterre part favorite dans son antre de Twickenham. Mais la prestation du pack de Stuart Lancaster face aux Fidjiens a créé des lézardes dans l'édifice d'un prétendant à la couronne mondiale. Pour s'imposer, six affrontements seront déterminants sur le terrain.

La première ligne

Marler-Youngs-Cole face à Jenkins-Baldwin-Francis. Encore plus depuis la piètre prestation de la première ligne anglaise face aux Fidjiens, ce match se jouera d'abord devant. Alors que les Anglais ont perdu trois ballons sur leur introduction lors de ce premier match, les Gallois ont rendu une copie impeccable, certes face à un adversaire bien moins redoutable (l'Uruguay) mais avec une équipe bis. Le trio anglais n'aura pas le droit à une deuxième chance face à une première ligne galloise menée par Gethin Jenkins, recordman des sélections gallois et recordman mondial de sélections pour un pilier (121 dont 5 avec les Lions). Du haut de sa quatrième Coupe du monde, le joueur de Cardiff apporte toute son expérience à ses coéquipiers qui sont presque novices, Tom Francis (3 sélections) et le talonneur Scott Baldwin (11 sélections). 

Courtney Lawes - Alu Wyn Jones

C'est un combat en haute altitude qui se prépare entre Courtney Lawes et Alu Wyn Jones. Les deux deuxièmes lignes sont d'abord de bons pourvoyeurs de ballon en touche, mais ce sont surtout deux gros combattants. Si l'Anglais rend dix kilos à son homologue, il possède également six centimètres de plus, et une image de défenseur intraitable qui lui colle aux basques. Dans un match qui promet d'être acharné et engagé, le joueur de Northampton sait qu'il ne peut pas commettre d'impair. Pour aller loin, l'Angleterre a besoin de son impact physique, de son rendement sur les ballons aériens et de son abattage défensif. Avec ses 96 sélections, l'homme des Ospreys fait, à l'opposé, figure de sage (il a été capitaine en sélection comme avec les Lions), mais possède également un profil de coureur, capable de finir le travail (8 essais dans sa carrière internationale). Laissé au repos lors du match contre l'Uruguay comme Jenkins, Davies, Lydiate, Faletau, Roberts ou North, il est frais pour ce match que les Gallois attendent depuis le tirage au sort.

Billy Vunipola - Toby Foletau

Ce sont deux N.8 de grande puissance, nés dans l'hémisphère Sud et donc dotés d'une technique exceptionnelle ballon en main. Billy Vunipola et Toby Foletau sont les perce-murailles de leur pack, des joueurs capables de casser la ligne défensive adverse, de remettre le collectif dans le bon sens avec une seule charge. Outre leur responsabilité pour bien gérer les sorties de balle en mêlée, leur présence est précieuse sur tous les points de rencontre, surtout dans un match qui promet d'être intense. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le jeu anglais a retrouvé des couleurs et de l'avancée lorsque le troisième ligne centre des Saracens est entré en jeu (avec d'autres) face aux Fidji. Ces deux cousins ont entre les mains une partie du sort du match.

Owen Farrell - Dan Biggar

La Coupe du monde devait servir à George Ford pour franchir une nouvelle étape, lui qui avait déjà avalé avec gourmandise les précédentes menant à une place de titulaire dans le XV de la Rose. Mais sa performance face aux Fidjiens a remis Owen Farrell, ancienne pépite trop rapidement placée dans l'ombre, sur le devant de la scène. Le demi d'ouverture des Saracens est un bon maître à jouer, un exécuteur de fautes adverses grâce à son jeu au pied précis, et un ambitieux parfois impétueux. Ses qualités de défenseur rugueux face à des centres adverses de poids seront utiles. Solide, il en oublie de temps en temps la discipline, et sa tête a parfois tendance à surchauffer. Un tel mauvais tour pourrait lui être fatal dans ce match, surtout face à un Dan Biggar qui aime défier ballon en mains, mais adore faire jouer autour de lui et dispose d'une belle science du jeu. En l'absence de Halfpenny, forfait pour la compétition, il aura la lourde charge de mettre les points au pied. 

Sam Burgess - Jamie Roberts

On appelle cela des armoires à glace. Sam Brugess, arrivé du XIII, affiche avec confiance son mètre quatre-vingt-seize et ses 116kg. Face à lui, l'ancien joueur du Racing, Jamie Roberts, n'a pas grand-chose à lui envier (1.93m, 110kg). Leurs mensurations auraient pu faire d'eux des troisièmes lignes perforants en d'autres temps. Mais c'est bien au centre du terrain, dans la ligne de trois-quarts, que les deux joueurs sévissent. Si l'Anglais n'a pas encore montré au niveau international tout son potentiel, cette première titularisation en Coupe du monde est une chance unique. "Il est plus que capable de jouer à ce niveau. Il n'a pas l'expérience  internationale à XV, mais il a l'expérience des grands matches", a justifié Stuart Lancaster au sujet d'un joueur décrié par une partie de la presse anglaise. Son test vaudra le déplacement face à un métronome du poste comme l'est Jamie Roberts. Cela ne l'a pas empêché de faire monter la pression lors de l'avant-match. Le centre gallois Scott Williams avait prétendu qu'il préférait jouer face à lui que face à Jonathan Joseph. Et Burgess, après une moue explicite qui laisse présager des retrouvailles 'affectueuses" sur le pré, s'est fendu d'un explosif: "Scott qui ?"

Anthony Watson - George North

C'est sans doute ce qui se fait de mieux dans l'hémisphère Nord au poste d'ailier (avec Yoann Huget). Révélation de la saison passée en Angleterre, Anthony Watson (21 ans) est un finisseur redoutable et redouté, déjà auteur de cinq essais en 12 sélections. Rapide, talentueux, puissant, il n'a pas raté un seul plaquage face aux Fidji, pourtant pas dénués de talent à ce poste. Ne vous fiez pas à son sourire, c'est un tueur. Il s'agit d'une des caractéristiques de George North, qui ne sera pas son adversaire direct. Vingt-cinq essais en 54 matches internationaux, le trois-quarts aile de 23 ans fait partie de cette nouvelle génération de joueurs rapides et puissants, capables d'intervenir partout sur le terrain. Après avoir subi trois blessures à la tête en cinq mois la saison passée, il a été contraint de passer par du repos pour postuler à cette deuxième Coupe du monde. Au repos lors du premier match, il est donc frais pour ce choc contre l'Angleterre.

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