Ce qu'on attend du XV de France contre le Canada
Les rucks, le point faible face aux Roumains
Philippe Saint-André a martelé ce défaut durant la semaine: "On sait que l'on doit progresser sur les rucks, les attitudes au contact". Face aux Roumains, les Français ont souvent été dominés dans cette phase de conquête, par une formation pas vraiment réputée dans ce domaine. Cela avait déjà été le cas face aux Italiens. Depuis le début de la compétition, sur son initiative, elle ne garde que 92.5% des ballons, soit le 17e ratio des 20 engagés. C'est très loin des exigences du haut niveau. Le Canada, et plus encore l'Irlande, évoluent plusieurs crans au-dessus, notamment en terme d'engagement. "Les joueurs prennent conscience que chaque match de Coupe du monde est une opportunité unique. C'est dommage de gâcher ça par un manque d'engagement", a glissé Yannick Bru, l'adjoint de PSA chargé des avants. Les entraîneurs ont donc mis l'accent sur ce secteur de jeu cette semaine, d'autant que l'absence de Louis Picamoles, très performant à ce niveau, peut être un handicap. Face au Canada, les Français doivent montrer qu'ils ont retenu les leçons, et ce match doit servir de montée en régime avant l'Irlande, et normalement un quart de finale soit face aux All Blacks (si la France finit 2e de son groupe), soit face aux Argentins (si elle termine 1e). Autant dire que la férocité de l'engagement physique est au programme des prochains jours.
La discipline, le point noir depuis le début du Mondial
Avec 30 pénalités sifflées en deux matches, soit une moyenne de 15 par rencontre, l'équipe de France possède le bonnet d'âne de l'indiscipline dans cette Coupe du monde. Même face aux modestes Roumains, les Français ont été sanctionnés à 13 reprises. C'est beaucoup trop. Pour prétendre intégrer le gotha mondial et viser une bonne place à la fin du mois d'octobre, une équipe ne peut subir plus de 10 pénalités par match. Dans un match qui promet d'être engagé contre les Canadiens, la discipline devra être le maître mot des Bleus, tout en conservant de l'engagement. "A des moments il va falloir défendre sur des séquences de deux minutes, sans se destructurer, sans paniquer, sans louper de plaquages et en restant disciplinés", a prévenu Philippe Saint-André. "Ce sera un match de combattants", a ajouté le capitaine Thierry Dusautoir. Le troisième ligne toulousain va encore endosser son costume de "modèle" pour montrer le chemin à ses coéquipiers.
Le jeu déployé, le convalescent depuis quatre ans
Depuis l'arrivée de Philippe Saint-André à la tête de l'équipe de France, cette dernière peine à développer un jeu attrayant dans les lignes arrières. Depuis quatre ans, le discours des joueurs comme du staff est le même: trop d'impatience, trop d'imprécisions. Ballons tombés, passes dans le vide, combinaisons qui ne fonctionnent pas, la liste des erreurs est longue. En stage depuis le début du mois de juillet, les Français ont eu le temps nécessaire pour travailler ensemble et perfectionner les détails. Face à une formation canadienne "qui envoie quand même du jeu", souligne Pascal Papé, les Français vont passer un test. "Elle n'hésite pas à aller sur les largeurs, elle a un système bien rodé, qui revient souvent", ajoute le deuxième ligne. Si la défense devra se montrer à la hauteur, l'attaque est dans l'obligation de hisser son niveau. La paire de centres Bastareaud-Fofana, aussi solide soit-elle, doit prouver qu'elle peut trouver des brêches ou en créer tout en faisant rebondir le jeu. La charnière Tillous-Borde - Michalak détient aussi une partie de la solution. Reste à savoir si le triangle Dulin-Spedding-Grosso pourra toucher d'avantage de ballons que lors des derniers matches sur les lancements de jeu...
Spedding-Dulin, une association en sursis
L'équipe de France dispose de deux arrières de métier de très haut niveau. depuis l'an dernier, Scott Spedding a pris le dessus sur Brice Dulin. En l'absence de Yoann Huget, blessé lors du premier match et forfait pour le reste de la compétition, le staff a décidé de retenter l'expérience de Dulin à l'aile. Elle n'avait pas été concluante lors du match de préparation contre l'Angleterre. Le match contre le Canada sera une deuxième tentative. "Il est bon sur les ballons en l'air, il est gaucher, il travaille les deux postes avec nous. Il a donc plus d'automatismes. Contre la Roumanie, il a été l'un des meilleurs joueurs", avait justifié le sélectionneur lors de l'annonce de la composition d'équipe. Si le duo fonctionne bien, notamment sur les ballons hauts et sur les relances de fond de terrain (deux de leurs grosses qualités), elle pourrait être l'option choisie pour défier l'Irlande de l'ouvreur Sexton, et ses coups de pied de déplacement ou de pression, et de l'arrière Kearney, extrêmement à l'aise sur les ballons hauts. Le Racingman pourrait ainsi gagner sa place de titulaire à une aile, probablement le seul secteur encore en concurrence en Bleu pour cette Coupe du monde.
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