Coupe du monde 2019 : Bataille physique, indiscipline, jeu au pied... comment la Nouvelle-Zélande a raté sa demi-finale
La Nouvelle-Zélande est donc tombée. Après huit ans de règne sur le rugby mondial, les All Blacks ont rendu leur couronne de doubles champions du monde en titre aux joueurs de Sa Majesté. Le résultat ne souffre d’aucune contestation tant l’Angleterre a dominé la rencontre, mettant à mal le plan de jeu établi par Steve Hansen. Le patron des maîtres du rugby est tombé sur plus fort. Il faut dire que certains choix du sélectionneur n’ont pas été payants.
Les Blacks pris dans les fondamentaux
Hansen avait notamment fait un choix fort : sortir un troisième ligne de métier de son XV de départ, en l’occurrence Sam Cane, pour titulariser un deuxième ligne à ce poste : Scott Barrett. Pari perdant. Si l’objectif était de densifier le pack dans les tâches obscures et d’offrir une solution supplémentaire en touche, il n’en fut rien. Car les Blacks ont été largement dominés dans les impacts et ont perdu deux ballons sur leurs lancers. Surtout, ils ont été pris dans l’importantissime bataille du jeu au sol, mis à mal par les Maro Itoje, Courtney Lawes et autres Sam Underhill. Sur le recul à chaque impact, les Néo-Zélandais ont par ailleurs concédé cinq turnovers. Et se sont faits sanctionner à plusieurs reprises.
Indiscipline fatale
Ce fut là l’un des points noirs de la déroute des « Néo-Z » : 11 pénalités sifflées contre les Blacks. Impensable. Mêlée, plaquage sans ballon, fautes au sol… La Nouvelle-Zélande a multiplié les erreurs, offrant 12 points à George Ford. L’addition aurait même pu être plus lourde si le demi d’ouverture n’avait pas raté la cible en fin de match, tout comme Elliot Daly au retour des vestiaires. Pire, les Néo-Zélandais ont fait preuve d’agacement en fin de match, Nigel Owens retournant une pénalité contre Sam Withelock. « Comment j'explique nos 11 pénalités ? On a été dominé dans les regroupements, ils ont avancé sur les impacts, et du coup quand les décisions étaient à 50/50, elles sont allées en leur faveur. On a aussi fait le genre de fautes qu'on ne commet pas lorsqu'on est devant au score », a commenté Steve Hansen. Preuve que pas grand chose ne tournait rond dans la maison noire.
Une charnière absente des débats
Pour preuve également une charnière Aaron Smith – Richie Mo’unga qui n’a jamais pesé sur la rencontre. Le choix de maintenir le joueur des Crusaders (Christchurch) à l’ouverture et de positionner Beauden Barrett, sacré meilleur joueur du monde en 2016 et 2017 comme numéro 10, au poste d’arrière ne s’est, cette fois, pas avéré payant. Jamais Mo’unga n’a été en mesure de faire basculer le match, de remettre son équipe dans le sens de la marche, malgré quelques initiatives. Il rate notamment le premier plaquage sur Daly qui aboutit à l’essai de Manu Tuilagi. Tout comme Smith qui ne s’est pas servi de cette arme, l’ouvreur n’a que peu utilisé à bon escient le jeu au pied.
L'Angleterre, c'est le pied
Ce qui, à contrario, a été fait à merveille par l’Angleterre. Avec deux stratèges du pied sur le terrain (Ford et Farrell), le XV de la Rose a fait courir tout le troisième rideau néo-zélandais. Bridge a dégagé en catastrophe (4e), Goodhue est revenu in-extremis (6e) ou encore B. Barrett s’est retrouvé sous pression (50e). Le jeu du gagne-terrain a très souvent tourné à l’avantage de la Rose, les Anglais déplaçant régulièrement le jeu grâce à cette arme, sans forcément trouver la touche, et récupérant ainsi la possession après un dégagement adverse. Le tout en ayant gagné plusieurs dizaines de mètres. Implacable.
L’affrontement entre deux des meilleurs techniciens du monde a donc tourné à l’avantage d’Eddie Jones. Mais après cette élimination, Hansen l’assure : « il va falloir se reconcentrer pour le match de la 3e place et sortir par le haut », lui qui quittera ses fonctions à l’issue du Mondial.
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