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Coupe du monde 2019: La France arrache dans la douleur la victoire vitale sur l'Argentine

Après une première période de haut niveau, au terme de laquelle elle menait (20-3), l'équipe de France a énormément souffert pour vaincre finalement de très peu l'Argentine (23-21), dans le groupe C de la Coupe du monde. Malmené en mêlée, désorganisé en 2e période et en souffrance physique face au rythme des Pumas, le XV de France s'en est remis à un drop de Camille Lopez pour l'emporter.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

La pression était immense. Dans le groupe "de la mort" où l'Angleterre, l'Argentine et la France, cet affrontement entre Pumas et Français revêtait une importance colossale. Malheur au vaincu, qui, logiquement, se dirigeait vers une élimination dans cette poule C. Et dans ce duel entre frères ennemis, entre vieilles connaissances, l'entame reflétait cette fébrilité. Des coups de pied haut des deux ouvreurs pour occuper le terrain sans prendre de risques, avec pas mal d'approximations avec Romain Ntamack trouvait directement la touche (1er), tout comme son homologue Nicolas Sanchez peu après (4e), ou les en-avant de Lauret (2e) ou Iturria (8e) sur les premiers mouvements d'ampleur des Bleus. 

Une mêlée en souffrance, beaucoup de turn-over

Au bout de dix minutes, la France avait déjà commis cinq turn-overs, et avait été pénalisée à deux reprises en mêlée, le gros point noir de cette 1re période. Mais l'ouvreur du Stade Français, Nicolas Sanchez, ratait les perches à la 12e minute. Sur la remise en jeu, la défense tricolore explosait sur une charge du 2e ligne Petti, qui profitait de plaquages ratés, pour percer. Il était arrêté à 10m de l'en-but par un retour d'Antoine Dupont. L'action se poursuivait et la France était de nouveau pénalisée. Cette fois, le N.10 argentin ne ratait pas l'objectif (15e, 3-0). 

La physionomie du match changeait sur une action, à la 18e minute. Un lancement de jeu classique, et d'un coup, l'inspiration de Maxime Médard, qui réalisait une très longue sautée pour effacer trois coéquipiers et trouver Damian Penaud qui perçait sur son aile. Le jeu rebondissait vers l'autre aile, de manière assez hachée, avant que Virimi Vakatawa hérite du ballon. Une hésitation, une accélération comme à ses plus belles heures en équipe de France de rugby à VII pour laisser sur ses fesses le capitaine Matera et le centre d'origine fidjienne décalait Gaël Fickou sur l'aile. Le joueur du Stade Français, en crochet et en vivacité, inscrivait le premier essai de la rencontre, transformé par Ntamack (7-3, 18e). La France s'enhardissait: Dupont mettait une énorme pression sur Sanchez pour faire reculer les Argentins de 20m (20e) et Ntamack était à la réception d'une chandelle. L'action se poursuivait, encore une fois, Médard volleyait le ballon pour faire vivre le mouvement, Vakatawa décalait Penaud qui perçait encore, et trouvait Dupont en soutien pour un deuxième essai, en coin (21e, 14-3). L'écart se creusait, le public français, en nombre, entonnait La Marseillaise.

Malgré une domination argentine en mêlée, la France créait des différences. Très en jambes, Damian Penaud effectuait une nouvelle percée tranchante, aboutissant à une pénalité (29e, 17-3). A la demi-heure de jeu, les Pumas imposaient plusieurs temps de jeu devant la ligne d'en-but tricolore, des mêlées écroulées, et finalement, après une énorme résistance française, la mêlée sud-américaine était pour la première fois pénalisée (37e). L'Argentine accusait le coup. Un plaquage haut du demi de mêlée Cubelli sur Huget offrait une dernière pénalité aux Bleus, passée par Romain Ntamack, auteur d'un 100% (20-3 à la pause). Durant les quarante premières minutes, l'Argentine avait raté un total de 17 plaquages, pour 6 aux Français. 40 premières minutes saluées par Brian O'Driscoll, le légendaire ancien capitaine de l'équipe d'Irlande sur Twitter.

Une deuxième période dominée par les Pumas

Au retour des vestiaires, dos au mur, l'Argentine prenait le taureau par les cornes. Une touche à 5m, un ballon porté et un essai inscrit en force par le deuxième ligne Petti au bout de seulement deux minutes, la sélection se relançait (42e, 20-10). Et elle imposait enfin des temps de jeu et sa puissance, monopolisant le ballon, poussant la France à la faute. Et onze minutes après, encore en force sur un nouveau ballon porté suite à une touche, les Pumas aplatissaient un deuxième essai, non transformé par Sanchez (53e, 20-15). La maîtrise n'était plus du tout française dans ce début de 2e période.

Dans un jeu beaucoup moins structuré, les Pumas tiraient leur épingle du jeu. Le feu s'emparait de la défense adverse. Rentré à la place de Sanchez, l'ouvreur de Castres Benjamin Urdapilleta passait une pénalité, ramenant son équipe à deux longueurs (61e, 20-18). A l'entame du dernier quart-d'heure, la France accusait 15 turn-overs. Rien ne tournait rond. Ntamack devait intervenir en tant qu'arrière pour empêcher Moyano d'aller à l'essai, mais l'Argentine bénéficiait ensuite d'une pénalité, qu'Urdapilleta passait pour donner pour la première fois l'avantage dans ce match (21-20, 69e). 

 

Un final de souffrance avant la libération de Lopez

Sur l'un des rares temps de jeu français dans le camp sud-américain, Camille Lopez, entré en jeu quelques secondes avant pour remplacer Penaud blessé, tentait et passait un drop magistral des 30m, pour remettre la France devant (23-21, 70e). Une interception de Louis Picamoles offrait un contre à la France, conclue en touche à 15m de l'en-but adverse (74e). Derrière, une pénalité gagnée par les avants français donnait une pénalité, pour le premier raté de Romain Ntamack (76e). La tension demeurait. Et pour un demi plaquage de Fickou sur un joueur en l'air, l'Argentine avait une pénalité à 45m. L'arrière Boffelli ratait la mire de peu. "Je l'ai regardé, je l'ai maudit tout le long et ça a marché", disait dans un sourire Gaël Fickou après coup, bien conscient d'avoir "failli passer une très mauvaise soirée". Les Bleus pouvaient respirer. Une dernière action de résistance, un ballon chapardé, un ultime dégagement de Lopez en touche au bout des arrêts de jeu pour une libération et un début de bagarre entre les deux équipes. La tension était trop forte.

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