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Coupe du monde 2019 : le Japon, chronique d'une folle ascension

Qualifié pour la première fois de son histoire en quarts de finale du Mondial de rugby où il affrontera l'Afrique du Sud, le Japon récolte les fruits d'un travail construit depuis plusieurs décennies. Une aventure qui a débuté dans les universités nippones avant de s'exporter à l'étranger, pour terminer son apprentissage dans l'archipel.
Article rédigé par Emmanuel Rupied
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Il y a 24 ans, le Japon était éparpillé aux quatre coins du Free State Stadium de Bloemfontein en Afrique du Sud par l'armada néo-zélandaise. Pour sa première rencontre contre les All Blacks en compétition officielle, le XV nippon prenait 145 pions dans la vue pour une dérouillée historique. Deux décennies plus tard, les Japonais ont bien grandi et s'apprêtent désormais à défier l'Afrique du Sud en quarts de finale de leur Mondial dimanche prochain.

Une affaire universitaire

Pour comprendre la révolution entreprise par les Nippons, il faut revenir aux origines du phénomène. Au sein d'un pays qui a vu le rugby se développer au début du XXe siècle, il aura fallu du temps pour que la sauce prenne réellement. C'est d'abord dans les universités que ce sport se développe. Le tout sous l'impulsion de la famille royale.

L'engouement est là, les idées de jeu sont aussi en place et sont adaptées au profil plus petit et vif des joueurs nippons. L'Irlande et l'Écosse en ont fait les frais durant ce Mondial. Entre contre-attaques rapides et mouvement perpétuel autour du porteur, les Japonais compensent ainsi leur manque de puissance face aux grosses nations mondiales avec un style qui détonne.

Se professionnaliser pour grandir

Mais pour voir les prémices de ces exploits, il faut attendre l'après seconde guerre mondiale et le développement d'un championnat universitaire qui permet de structurer les équipes. Les années 70 sont aussi marquées par l'arrivée de nombreux étrangers qui vont accroître en parallèle le développement du rugby local.

Sur le plan international, le XV du Japon continue de grandir en se frottant régulièrement aux grosses nations mondiales. Mais c'est seulement dans les années 90 et notamment lors de sa défaite historique face aux All Blacks que les "Brave Blossoms" prennent conscience du fossé qui existe avec le gotha. Toutes les grandes nations ont dans leurs rangs des joueurs professionnels, alors que le pays du Soleil levant tente de se développer dans un cadre universitaire.

Il faut attendre la création de la Top League, un championnat semi-professionnel, en 2003, pour passer ce nouveau cap tant attendu. Et si de nombreux joueurs étrangers figurent désormais dans chacun des clubs importants du pays, c'est maintenant au tour de coachs non-japonais de faire leur entrée sur le pré.

  (KAZUHIRO NOGI / AFP)

L'apport des coachs étrangers

C'est Jean-Pierre Elissalde qui est le pionnier en coachant l'équipe nationale entre 2005 et 2006. Et à partir de 2007, plus aucun entraîneur ne sera Japonais. Le Néo-Zélandais John Kirwan prend en main l'équipe durant quatre ans avant de voir Eddie Jones débarquer. La révolution est en marche.

L'Australien importe ses méthodes. Il utilise à merveille les capacités physiques de ses joueurs pour développer un jeu de passes qui pourrait rappeler le FC Barcelone en football. Un parallèle revendiqué par l'ancien talonneur qui puise dans les autres sports pour faire briller son équipe. Le Japon remporte un succès de prestige lors du Mondial 2015 face à l'Afrique du Sud, c'est le fameux "miracle de Brighton". Si les Brave Blossoms ne se qualifient pas pour les quarts, ils ont compris qu'ils peuvent désormais rivaliser avec les meilleurs.

L'heure de la consécration

Quatre ans plus tard, sous les ordres du Néo-zélandais Jamie Joseph et avec une équipe composée pour presque moitié "d'étrangers", le Japon a terminé premier de son groupe et validé sa participation pour les quarts de finale de son Mondial. Une première. L'équipe nippone s'impose devant l'Irlande et l'Écosse, avec ses armes : des contre-attaques éclairs et une équipe en perpétuel déséquilibre, pour pouvoir prendre le dessus sur ses adversaires.

Oubliée la débâcle d'il y a 24 ans face à une équipe jugée invincible, dimanche prochain face à l'Afrique du Sud les Japonais auront une fois de plus l'occasion de montrer à tous le chemin parcouru. Des bancs de la fac au gotha mondial.

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