Coupe du monde 2019 : Les quarts-de-finalistes à la loupe
Ils sont huit sur la ligne de départ. À la fin il n'en restera qu'un. Pour paraphraser Denis Brogniart dans une émission télé bien connue, les quarts de finalistes du Mondial de rugby n'ont qu'un seul objectif à l'amorce de cette phase finale : soulever la coupe Web Ellis le 2 novembre prochain à Tokyo. Tous prétendants mais un seul gagnant, la cruelle loi du sport. L'occasion de faire une petite revue d'effectifs des forces en présence.
Nouvelle-Zélande : Les Blacks ont toujours le totem d'immunité
Le bilan de la phase de poules : Trois matchs, trois victoires : les hommes de Steve Hansen ont fait honneur à leur statut de favoris dans ce début de Mondial. Après leur succès initial contre l'Afrique du Sud (23-13) pour l'un des plus beaux matchs du tournoi, les champions du monde en titre - emmenés par Beauden Barrett - ont corrigé le Canada (63-0) puis la Namibie (71-9). Une mise en route tranquille, du turn-over, de la confiance engrangée... Les Blacks sont à leur place au Japon, et confortent solidement leur totem d'immunité. Pour l'instant.
Le match : Contre l'Irlande, les Néo-Zélandais pourront compter sur leur équipe-type. Barrett bien sûr, mais aussi la charnière Smith - Mo'unga à l'ouverture, les 31 Blacks sont disponibles. De quoi faire un peu plus peur au XV de trèfle.
La décla : "Il y a beaucoup d'énergie et d'excitation dans cette équipe, ce qui est normal à ce niveau de la compétition où il n'y a plus le droit à l'erreur. Cela rajoute de la pression" (Steve Hansen)
Voir sur Twitter
Afrique du Sud : Les Springboks confiants mais méfiants
Le bilan de la phase de poules : Hormis la défaite inaugurale face aux Blacks, les Springboks ont eux aussi enchaîné les cartons contre la Namibie (57-3), l'Italie (49-3) et le Canada (66-7). Dans la lignée d'un Cheslin Kolbe en feu -notamment contre les Italiens - les Sud-Africains ont signé une phase de poules conforme aux attentes et ont cartonné offensivement (185 points inscrits, 27 essais). Les troisièmes du dernier Mondial sont bien présents. Reste à ne pas tomber dans l'excès de confiance, surtout face à une équipe japonaise dont ils ont appris à se méfier...
Le match : Onze joueurs des Springboks évoluent ou ont évolué au Japon en Top League. De quoi rendre ce quart de finale encore un peu plus pétillant. Car cette affiche ne manque pas d'histoires. Il y a quatre ans, "le miracle de Brighton" était tombé sur la tête des Sud-Africains : contre toute attente, les Cherry Blossoms s'étaient offert le scalp de leurs adversaires au bout du temps réglementaire (34-32). L'acte de naissance au niveau mondial des rugbymen japonais. Et de quoi remettre les pieds sur terre aux Springboks, qui devraient se montrer beaucoup plus méfiants cette année.
La décla : "Qu'y a-t-il de mieux qu'un match contre le pays-hôte ? J'ai hâte d'y être ! Je joue en club ici et je m'éclate : j'adore le pays, la culture, la nourriture... Ils ont annoncé qu'ils voulaient jouer au rugby à fond, avoir le ballon pendant 50 minutes. C'est audacieux et c'est un bon objectif (...) Vous ne savez pas, peut-être que ça va arriver dimanche ? En tout cas, ils sont fiers de leur style de jeu" (Duane Vermeulen)
Voir sur Twitter
Australie : Les Wallabies au révélateur anglais
Le bilan de la phase de poules : Battus par le pays de Galles (29-25) mais vainqueurs des Fidji (39-21), de l'Uruguay (45-10) et de la Géorgie (27-8), les joueurs de Michael Cheika n'ont pas vraiment impressionné jusqu'alors. Les finalistes du dernier Mondial la jouent peut-être discrète avant de montrer tout leur talent lors de cette phase finale. La titularisation face aux Anglais de Jordan Petaia au centre va dans ce sens. Gare aux surprises !
Le match : Si la charnière australienne n'a pas rassuré depuis le début des hostilités au Japon, elle peut en effet compter sur sa pépite de 19 ans, Jordan Petaia. Plus jeune joueur des Springboks aligné en Coupe du monde, l'habituel ailier des Queensland Reds sera associé à Samu Kerevi en position de second centre. Suffisant pour vaincre le signe indien face au XV de la Rose ? Depuis leur victoire en poules lors du Mondial 2015 (33-13), l'Australie a affronté l'Angleterre à six reprises. Pour six défaites.
La décla : "Tout sera remis à zéro samedi. On va se remettre au travail pour être au top. Mais je sens qu'on est dedans. J'ai hâte d'y être, je sens que les joueurs aussi. Ça va être une grosse bataille" (Michael Cheika)
Voir sur Twitter
Pays de Galles : Le chant du dragon pour Warren Gatland
Le bilan de la phase de poules : Les Gallois ont survolé la poule D avec 4 succès en autant de rencontres. Personne, que ce soit la Géorgie (43-14), l'Australie (29-25), les Fidji (29-17) ou l'Uruguay (35-13) n'est parvenu à faire trembler les derniers vainqueurs du tournoi des VI nations. Meilleure nation européenne, deuxième nation mondiale d'après le classement World Rugby, les hommes de Warren Gatland arrivent à maturité et veulent prolonger l'aventure au Japon. L'objectif ? Tenter de ramener une équipe du Vieux Continent tout en haut de la hiérarchie.
Le match : Le XV du poireau aura probablement en tête le dernier match face au XV de France au moment de débuter ce quart de finale de Coupe du monde. Surtout leur première mi-temps. Menés 16-0, les Gallois étaient parvenus à inverser la tendance dans le deuxième acte pour ce premier match des VI Nations. La méfiance sera forcément un peu de mise pour s'éviter les mêmes erreurs. Les Dragons pourront compter sur la bonne forme de Josh Adams, meilleur marqueur d'essais (5) du tournoi. Surtout, ils voudront s'offrir deux semaines de plus sur l'archipel en cas de victoire, et ainsi prolonger le bail de leur sélectionneur néo-zélandais, adulé de tous.
La décla : "Nous savons exactement ce que nous essayons de réaliser et où nous voulons aller. Au sein de l'équipe, certains ont maintenant l'expérience des grands matches. Beaucoup de joueurs ont eu de la continuité en sélection et plus tu joues de grands matches, plus tu sais t'y préparer, ce qu'on attend de toi et comment assurer" (Ken Owens)
Irlande : Le XV du trèfle face à un mur
Le bilan de la phase de poules : Défaits par le pays hôte lors de leur deuxième match (19-12), les Irlandais n'ont toutefois pas tremblé pour accrocher la deuxième place du groupe A. L'Ecosse (27-3), la Russie (35-0) et les Samoa (47-5) ont été nettement dominés par les hommes de Joe Schmidt. Mais le plus dur commence maintenant, et ces derniers le savent bien...
Le match : Face aux All Blacks, les Irlandais n'auront pas d'autres choix que de réaliser un exploit. Et ce quart de finale sera d'autant plus intéressant qu'ils l'ont déjà réalisé à deux reprises lors de leurs trois derniers matchs face à la Nouvelle-Zélande (victoires 40-29 en 2016 et 16-9 en 2018, défaite 21-9 en 2016). Alors oui, ce n'était pas lors d'un événement aussi important que le Mondial, mais cela montre la capacité du XV de trèfle à faire des coups.
La décla : "Une chose est sûre, on ne va plus les surprendre. Ils savent comme on joue et ce qu'ils doivent faire pour nous contrer. Tout le monde se connaît dans le rugby. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils ont préparé des choses qu'on n'a jamais vues avant et qui vont nous poser des problèmes" (Joe Schmidt)
Voir sur Twitter
Japon : Les Cherry Blossoms ont tout à gagner
Le bilan de la phase de poules : Pour leur début de Mondial, qui plus est sur leurs terres, les Japonais ont montré qu'ils étaient prêts. Quatre matchs, quatre victoires et probablement la plus grosse impression laissée de toutes les équipes en lice depuis le début de la compétition. Leur engagement physique de tous les instants leur a permis de lessiver l'Irlande (19-12) et l'Ecosse (28-21), pourtant favoris revendiqués de ce groupe A. Qualifiés pour leur premier quart de finale de Mondial au bout de 9 participations, les Cherry Blossoms ont tout à gagner contre les Springboks.
Le match : Emmenés par le meilleur marqueur de la compétition, Yu Tamura (48 points), les joueurs de Jamie Joseph, débordants d'énergie et d'envie, vont donner du fil à retordre à leurs adversaires. Ultra-motivés devant un public acquis à leur cause, les Japonais peuvent renverser des montagnes. reste à voir si la récupération physique a été assez bonne après un choc exceptionnel contre les Ecossais.
La décla : "Nous allons devoir jouer le meilleur match de nos vies. Ils gardent le ballon pendant de nombreuses phases de jeu. Ils sont bien entraînés et se connaissent bien. Notre concentration des deux derniers mois ne changera pas." (Jamie Joseph)
Angleterre : La fraîcheur, meilleure arme du XV de la rose ?
Le bilan de la phase de poules : Victorieuse de ses trois matchs de poule, l'Angleterre n'a pas eu droit à son "crunch" face au XV de France pour se tester une dernière fois avant de défier l'Australie. Reste que les hommes d'Eddie Jones ont été costauds face aux Tonga (35-3), aux Etats-Unis (45-7) et à l'Argentine (39-10). Mais les Anglais le savent : pour voir les demi-finales du Mondial, il faudra surtout être solides défensivement.
Le match : Tenir bon derrière et rivaliser face à la puissance australienne. Le plan de jeu défini par le sélectionneur anglais est simple. En témoigne le remplacement de l'ouvreur George Ford pour revenir à la formule éprouvée pendant le dernier Tournoi des six nations : Owen Farrell (1,88 m, 96 kg) en N.10, associé à deux centres "physiques", Manu Tuilagi (1,85 m, 114 kg) et Henry Slade (1,91 m, 96 kg).
La décla : "Cela ressemble toujours au choix de chevaux pour une course, mais on cherche toujours à aligner la bonne équipe pour le bon match. L'Australie défend d'une certaine façon, et nous pensons qu'avec ces joueurs nous pouvons poser des problèmes à leur défense. Et défensivement, nous pensons que cette combinaison 10-12-13 (ouvreur, premier centre, second centre) est solide" (Eddie Jones)
France : Un saut dans l'inconnu ?
Le bilan de la phase de poules : À l'image du XV de la Rose, les Bleus ont fait carton plein en poules et se sont gardé du jus pour cette phase finale. Le gros combat remporté face à l'Argentine (23-21) pour leur entrée dans la compétition a fait l'effet d'un ouf de soulagement. En revanche, les succès face aux Etats-Unis (33-9) et face aux Tonga (23-21) n'ont pas été particulièrement brillants. Mais le XV de France est là où il voulait être : en quarts de finale face au pays de Galles.
Le match : Plus faible attaque du Mondial (78 points inscrits), la France comptera avant tout sur sa discipline défensive. Dans la lignée des Lopez, Penaud ou Fickou, certains hommes de Jacques Brunel se sont illustrés. Mais le saut dans l'inconnu est à la hauteur des prestations moyennes et un peu mièvres des Bleus au Japon jusqu'à présent. Face au pays de Galles, il faudra faire l'exploit, ni plus ni moins. Le souvenir compliqué du dernier match lors des VI Nations (voir plus haut) va devoir être oublié.
La décla : " On sait que nous avons des choses à faire valoir. Lorsque notre rugby est bien huilé, bien léché et que nous jouons tous pour l’équipe, nous pouvons être très dangereux. Pour l’instant nous sommes frustrés de nos partitions. On ne fait que des bouts de matches cohérents après quoi, on manque de constance et de régularité sur la conservation du ballon. Alors on s’applique à s’entraîner très dur pour que l’on puisse mettre notre rugby en place sur l’ensemble d’un match. Le groupe réalise d’énormes sacrifices sur le terrain, avec beaucoup d’entraînements. La donne va changer dimanche" (Guilhem Guirado)
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.