Coupe du Monde 2019 : pour les Bleus, le compte n'y est toujours pas
Mitag, c’est le nom du typhon qui a longtemps menacé la tenue de ce match entre la France et les Etats-Unis, ce mercredi à Fukuoka. Typhon finalement il n’y a pas eu, que ce soit dans le ciel japonais ou bien dans le jeu des Bleus.
Face aux Etats-Unis, étrillés il y a quelques jours par l’Angleterre et réputés comme la plus faible nation de cette poule C, il y avait pourtant de quoi espérer. Si Jacques Brunel et son staff avaient fait le choix d’un large remaniement avec 12 changements par rapport au succès face à l’Argentine, ce match face aux Américains avait tout du bon test pour signer un match plein avec une victoire nette bonifiée, engranger le maximum de confiance et permettre aux titulaires habituels de garder de l'influx avant le rude enchaînement face aux Tonga et à l’Angleterre. Rien ne s’est pourtant passé comme prévu pour un XV de France qui a "rempli le contrat" selon les mots de Louis Picamoles mais qui a frôlé le néant pendant 40 minutes avant de voir son salut venir du banc de touche.
Indiscipline et maladresse
"Ce fut compliqué, il y a beaucoup de choses qui n’ont pas fonctionné”, a concédé le capitaine Louis Picamoles au micro de TF1 après le match. A commencer par l’indiscipline des Bleus, problème récurrent depuis plusieurs mois maintenant. Le XV de France avait commencé son Mondial tambour battant avec 15 pénalités concédées face à l’Argentine (plus large total sur un match pour le moment lors de cette Coupe du Monde). Les hommes de Jacques Brunel sont repartis de plus belle face aux USA : 5 pénalités sifflées en 20 minutes, 8 à la mi-temps : signe de la fébrilité collective qui transpire chez des Bleus qui ont néanmoins eu le mérite de rectifier le tir en deuxième période pour terminer avec un total de 10 pénalités sifflées à leur encontre. Mais 10 +15, ça fait déjà 25, de quoi faire des Bleus l'équipe la plus pénalisée de ce tournoi. “On a beau le dire et le répéter semaine après semaine, on n’arrive pas a sortir de ce manque de discipline, a admis Picamoles, qui voit mal les Bleus dominer l'Angleterre dans huit jours ou le pays de Galles lors d'un éventuel quart de finale en continuant de multiplier les fautes bêtes comme ce mercredi. Face aux prochaines équipes, ça risque d'être compliqué avec autant d'indiscipline", a-t-il prévenu.
Si seulement il n'y avait eu que l’indiscipline... Auteurs d'un début de match canon avec deux essais rapides signés Huget et Raka, les Bleus ont ensuite éteint la lumière pour évoluer dans le noir pendant 40 longues minutes. Aucune attaque placée, aucun lancement de jeu propre, un manque d'agressivité criant dans les rucks et dans les mêlées et surtout un festival d'approximations... 18 ballons perdus, 13 fautes de main : de quoi rendre le petit-dej' indigeste, c'est dire.
Dévorés dans l'envie et dans les contacts, les Bleus n'ont pu mettre en place aucun temps de jeu et ont brillé par leur maladresse et par des trois-quarts incapables de dicter le jeu. Alivereti Raka, totalement à côté de ses pompes, et Sofiane Guitoune, peu inspiré collectivement, ont été les symboles d'un XV de France en souffrance offensivement. L'image du trois-quart centre toulousain transperçant la défense américaine sur un rush de 50 mètres avant de conclure son action solitaire par... un en-avant en tentant la passe sautée pour Raka (51e) résume assez bien l'inefficacité des Bleus à se montrer dangereux dans le camp adverse .
Une victoire bonifiée venue du banc
Un XV de France qui déjoue et qui va rapidement jouer à se faire peur lorsque une nouvelle pénalité concédée au sol vient sanctionner les Bleus et permettre aux USA de revenir à trois points (12-9, 64e). Le bonus offensif apparaît alors loin, jusqu’à ce que le banc vienne redonner une grosse bouffée d'air frais au XV de France.
L'entrée dès la reprise de Guilhem Guirado, suivie de celles de Rabah Slimani - à la place d'un Emerick Setiano en souffrance - et de Jefferson Poirot cinq minutes plus tard, ont fait un bien fou au pack bleu, enfin capable de se montrer dominateur en mêlée et en conquête. La sortie de Maxime Machenaud, transparent ce mercredi, et les entrées de Baptiste Serin et Grégory Alldritt vont changer le visage de Bleus enfin agressifs, percutants et audacieux. Le troisième essai français signé Fickou porte le sceau du banc français, avec un Alldrit arrivé lancé dans les cinq mètres américains et une sortie de balle rapide de Serin pour son trois-quart centre (67e). Le Bordelais, dynamiteur du jeu français dans ce dernier quart d'heure, ira seul comme un grand inscrire l'essai du bonus en aplatissant sous les perches trois minutes plus tard (70e).
Une victoire venue du banc, l'une des seules satisfactions de ce succès en demi-teinte, avec un point de bonus qui pourrait s'avérer précieux au moment de faire les comptes couplé à un manque de fond de jeu et de force collective qui continuent de coller à la peau des Bleus depuis trop longtemps. "On a encore du boulot", a confié le sélectionneur Jacques Brunel au micro de TF1 après le match. Du boulot mais peu de temps, alors que se profilent les Tonga dans quatre jours et l'Angleterre le 12 octobre prochain.
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