Coupe du monde de rugby 2023 : dans une lettre ouverte, Greenpeace dénonce "l'incohérence" du sponsoring de la compétition par TotalEnergies
L'ONG a diffusé une lettre ouverte, mercredi, pour demander l'exclusion de TotalEnergies comme sponsor de la future Coupe du monde, organisée en France.
"Accepter l'argent de TotalEnergies, c'est cautionner les activités climaticides de la major pétro-gazière, qui opère aujourd'hui dans un pays dont le régime est coupable de crimes de guerre." Dans une lettre ouverte, publiée mercredi 6 avril, l'ONG de protection de l'environnement Greenpeace dénonce le sponsoring par TotalEnergies de la Coupe du monde de rugby 2023 organisée en France.
Parce que nous aimons le rugby et les valeurs de l'ovalie, nous refusons de laisser @TotalEnergies sponsoriser la Coupe du monde #RWC2023. Ce partenariat est néfaste pour le climat et honteux, alors que la guerre en Ukraine s'intensifie. Rejoignez-nous!https://t.co/CgyJ66Pbfv
— Greenpeace France (@greenpeacefr) April 6, 2022
"On trouve ce partenariat complètement contradictoire sur deux sujets", souligne Edina Ifticene, chargée de campagne pétrole et gaz chez Greenpeace France. "Il y a des incohérences sur les questions climatique et éthique", déclare-t-elle, indiquant également qu'une pétition a été lancée la semaine dernière pour "engager le public autour de ces questions."
Une protestation accentuée par la guerre en Ukraine
Critiques dès l'annonce du partenariat entre TotalEnergies et France 2023 en juin 2021, les membres de l'ONG s'étaient alors mobilisés pour dénoncer, une première fois, ce partenariat au nom de l'urgence climatique. "On va célébrer le talent de nations comme les Samoa, les Fidji ou les Tonga qui vont se retrouver sous l'eau à cause du changement climatique en mettant en avant un sponsor qui en est responsable", s'insurge Edina Ifticene.
Depuis l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, les militants ont ajouté une dimension éthique à leur contestation. TotalEnergies, dernier groupe pétrolier occidental à continuer ses activités en Russie est dans l'œil du cyclone. Malgré son annonce d'arrêt des achats du pétrole russe, fin 2022, la compagnie française continue ses activités gazières et n'a pas retiré ses investissements financiers. Une position jugée cynique par Greenpeace.
"World Rugby a annoncé la suspension de la Russie et de la Biélorussie à cause de la guerre en Ukraine, mais on garde le sponsoring de TotalEnergies qui compte continuer ses activités là-bas. C'est complètement incohérent", insiste Edina Ifticene. "L'argent du pétrole et du gaz alimente l'État russe et TotalEnergies est la seule major pétro-gazière qui refuse de cesser ses activités en Russie. De ce fait, la multinationale prend le risque de participer au financement de la guerre de Vladimir Poutine", peut-on lire dans la lettre ouverte.
Greenpeace en contact avec France 2023
Reçue par Claude Atcher, directeur général du comité d'organisation de la Coupe du monde 2023, dans une volonté d'organiser une compétition "verte", l'ONG, accompagnée d'autres associations et organisations, a clairement exprimé son rejet de ce sponsoring. "France 2023 nous avaient dit qu'ils reviendraient vers nous et ils ne l'ont pas fait", appuie Edina Ifticene.
Greenpeace fait le parallèle avec la ville de Paris qui a refusé le partenariat avec le géant pétrolier pour l'organisation des Jeux olympiques 2024, dans une volontée d'organiser une compétition plus durable. La chargée de campagne pétrole et gaz prend également l'exemple des entreprises du tabac et de l'alcool, qui ont été interdites de sponsoring et de mécénat pour des raisons de santé publique. "Aujourd'hui, l'industrie fossile est responsable de la pollution qui impacte la santé, mais aussi d'un impact bien plus profond sur notre planète, donc ce n'est plus possible de la cautionner", estime-t-elle.
Un partenariat qui s'élèverait à huit millions d'euros selon l'ONG, soit 1% du budget global. Une participation qui offre à TotalEnergies une visibilité internationale, avec son logo affiché au bord du terrain et sur des publicités, ainsi que des entrées en loges officielles auprès de chefs d'état et d'ambassadeurs.
Contactée, l'organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 en France a indiqué qu'elle ne souhaitait faire aucun commentaire sur la situation.
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