Coupe du monde de rugby : Inaki Ayarza, le plus français des Chiliens
À quoi une sélection novice en Coupe du monde peut-elle se raccrocher ? A défaut d'expérience, le Chili se rabat sur la connaissance des prés français de son joueur Inaki Ayarza. Face à l'Argentine à Nantes, samedi 30 septembre, alors que ses compères joueront à 14 heures d'avion de chez eux, lui se trouvera à 2h30 de la maison.
Le trois-quart polyvalent de 24 ans a en effet élu domicile en Charente et évolue en Pro D2, à Soyaux-Angoulême. Dans d'autres sélections, comme les Fidji ou la Géorgie, composées de nombreux "Français", l'expatriation serait anecdotique. Mais dans une équipe chilienne avec 88% de joueurs évoluant au pays, son cas dénote.
Dans son aventure qui l'a mené de la bruyante Santiago à la paisible Angoulême, Ayarza a d'abord eu la chance de bien naître. Comprenez, dans une famille de rugbymen. Une donnée tout sauf évidente, dans un pays où la balle ovale reste confidentielle. "Mon père a découvert le rugby à Vina del Mar, où a été créé le premier club du pays, confie l'intéressé. Il est devenu international et a inscrit mon frère aîné dans une école anglophone pour qu'il y joue." De cette descendance sont issus trois internationaux "Condores" : le cadet Inaki, donc, et ses aînés Vicente (27 ans) et Ramon (30 ans).
Le Pays basque ? "Très proche de la culture chilienne"
Ce dernier a été le premier à gagner l'Hexagone, en 2014 à Carcassonne après une formation dans une académie en Nouvelle-Zélande, sur les conseils de Pablo Huete, sorte de grand frère de la poignée de joueurs chiliens en France. Ramon – aujourd'hui à Toronto – convainc lui-même Inaki de traverser l'Atlantique quatre ans plus tard. "Je faisais des sélections de -20 ans et j'étais à la fac d'architecture, rejoue-t-il. Il m'a dit que c'était le moment de venir, que ce serait trop tard après." Le gamin tout juste majeur passe des tests et est reçu à l'Aviron bayonnais. Coup de chance, c'est alors aussi le club de Ramon.
À Bayonne, Inaki le bien nommé – "on a des origines basques, mais lointaines" – découvre un autre monde. "Au premier stage, je n’étais pas convaincu de réussir à être professionnel, se souvient le centre. Mais je suis bien tombé au Pays basque. La plage, les barbec' avec les copains... En fait, c'est très proche de la culture chilienne !" L'atmosphère locale autour du rugby l'est en revanche nettement moins.
"Je me rappellerai toujours de la semaine avant le derby [contre Biarritz]. En voyant les supporters, je me suis dit qu'on s'était trompés de pays : chez nous, on ne voit ça qu'au foot ! J'étais dépaysé."
Inaki Ayarza, international chilienà franceinfo: sport
Couvé par quelques joueurs sud-américains, Ayarza s'intègre progressivement malgré le départ de son frère en 2019. "J'adore la France, ma copine est française, je me suis très bien adapté à la culture", s'exclame-t-il dans un français parfait. Malgré cette aisance hors des terrains, il ne s'impose pas à l'Aviron – qui navigue alors entre Top 14 et Pro D2 – et rétrograde d'un niveau pour réellement démarrer sa carrière à Angoulême en Nationale en 2021.
Deux ans plus tard, il a contribué à la promotion puis au maintien des siens en deuxième division. "C'est jamais drôle de croiser des gars qui font 140 kilos, mais j'ai pu y confirmer ma bonne saison en Nationale", sourit-il. Sa saison consistante (22 matchs) a aussi conforté son statut en sélection, avec qui il facture 15 sélections à l'aube du plus grand défi de l'histoire du rugby chilien. "C'est excitant, personne ne veut gâcher ce moment, confie-t-il. On ne vient pas pour prendre des photos avec les All Blacks et rentrer !"
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