Coupe du monde de rugby : irrésistible, le duo Lucu-Jalibert a (presque) fait oublier Antoine Dupont face à l'Italie
Depuis une semaine, tout le monde se demandait comment la France allait pouvoir vivre le temps d'un match (au moins) sans Antoine Dupont. Son absence semblait impossible à combler, ses remplaçants un ton en dessous, malgré le calme apparent du XV de France. Mercredi, Maxime Lucu, sa doublure habituelle, avait été logiquement désigné pour reprendre le poste à la mêlée dans ce "huitième de finale" face à l'Italie, vendredi 6 octobre.
Son jeu parfois trop appliqué laissait craindre un manque de fougue par rapport à Antoine Dupont. "On travaille notre stratégie, nos circuits, nos lancements... Ce n'est pas lié à une seule personne. Peu importe celui qui joue", avait tempéré le troisième ligne Grégory Alldritt avant le match. Bien aidé par un Matthieu Jalibert exceptionnel, Maxime Lucu a réussi, le temps d'un match, à faire oublier Antoine Dupont face à une Italie dévorée du début à la fin.
Le feu et la glace ont cohabité à merveille
Alors qu'on lui avait reproché un manque de prise de risques dans son jeu face à l'Uruguay, Maxime Lucu a immédiatement pris la mesure du match vendredi. Rapide pour sortir le ballon, il a souvent choisi le bon côté, apportant le rythme nécessaire pour que la France donne sa pleine mesure pour "tuer le match en 20 minutes" comme l'a souligné Fabien Galthié.
Le demi de mêlée, qui se savait particulièrement attendu, est sorti de son manteau habituel de gestionnaire pour enfiler celui de dynamiteur sur les essais français, récoltés en salve en première période. "On voulait mettre de la discipline, du réalisme. On a voulu poser notre jeu. Il fallait le faire. On l'a très bien fait et ça nous a lancés", a-t-il soufflé au micro de TF1 à la sortie. Sa sortie à la 55e minute, accompagnée d'une ovation, a parachevé sa soirée déjà réussie.
Si Fabien Galthié lui avait accordé sa confiance, c'est également car il savait ses automatismes avec l'autre membre de la charnière, Matthieu Jalibert, son coéquipier en club à Bordeaux-Bègles. "Débuter avec lui, vendredi, c'est fort pour nous. C'est une opportunité mais aussi une forme de tranquillité de le faire avec lui", avait confirmé Lucu. Et l'ouvreur, qui se voit comme le feu et Maxime Lucu comme la glace, est même parvenu à lui voler la lumière. Impliqué dans les huit essais français, il continue de monter en puissance au meilleur moment, alors qu'il est lui aussi la doublure d'un autre blessé, Romain Ntamack, forfait pour la compétition.
Un match référence en Bleu pour Jalibert
Le n°10, élu homme du match, a alterné au pied entre dégagements lointains et recherche de différences, comme son ouverture en plein plaquage pour le deuxième essai de Damian Penaud. Il s'est fendu d'une passe sautée (pour l'essai de Yoram Moefana) et même d'un exploit individuel lorsqu'il a mystifié le défenseur italien par une feinte de passe avant de casser les reins de deux défenseurs pour aplatir l'essai.
Matthieu Jalibert a pu profiter du gros travail des avants français, et a également confirmé sa connexion avec ses ailiers, Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey (trois essais à eux deux). "On prenait ce match vraiment au sérieux et je pense que ça change tout dans l'approche. On s’est concentrés sur notre plan de jeu. On les savait fragiles mentalement, il fallait commencer fort. La satisfaction est là", a souri Matthieu Jalibert au micro de TF1. "Il sait s'adapter, Matthieu est un joueur de niveau international. Il répond aux attentes", avait déjà appuyé Maxime Lucu il y a deux jours.
Pour que l'Italie soit si vite résignée, il fallait des guides pour montrer la voie sans Antoine Dupont. Grâce à eux, l'équipe de France a très vite évacué ce stress si caractéristique des matchs couperets. De quoi également éviter une soirée compliquée, comme l'avait été le dernier affrontement entre les deux équipes lors du Tournoi des six nations en février (29-24 pour la France).
"Le contrat est rempli. On parlait de 'huitième de finale'. Aujourd’hui c’est gagné, en plus avec la manière", s'est félicité Maxime Lucu. "Il y a beaucoup de sourires, de satisfaction, mais l’équipe est vraiment tournée vers la phase finale", s'est déjà projeté son partenaire de la charnière. Mais le principal gagnant de ce match reste Fabien Galthié. Le sélectionneur a - de nouveau - réussi son pari. Et s'il ne devait pas récupérer son meilleur joueur pour le quart de finale, il sait qu'il dispose d'un duo de très haut calibre pour prendre le relais.
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