Coupe du monde de rugby : l'Irlande mate l'Afrique du Sud au terme d'un combat épique entre mastodontes
Le sommet d'intensité et de combat entre la première nation mondiale et les champions en titre n'a pas déçu. Grâce à une défense extrêmement rugueuse et agressive, l'Irlande a fait tomber l'Afrique du Sud (13-8), samedi 23 septembre à Saint-Denis. Au terme d'un affrontement bien plus ouvert que le score ne le reflète, le XV du Trèfle a contenu les Springboks pour prendre une grosse option sur la première place du groupe B.
Eben Etzebeth risque de faire des cauchemars de cette 47e minute. D'ordinaire terreur des défenses adverses, le colosse aux 117 kilos a été soulevé puis maintenu en l'air par les plaquages conjoints de James Lowe et Josh van der Flier. Grandement acquis à la cause des Irlandais, le Stade de France a acclamé l'exploit comme s'il s'agissait d'un essai. L'action n'a en réalité rapporté qu'une mêlée, mais résonne comme le symbole ultime de cette hargne pour résister aux assauts adverses. Durant toute la seconde période, le Trèfle n'a cessé de cueillir les ballons dans les rucks, laissant les Springboks médusés car pour une fois battus dans l'intensité.
Bundee Aki homme du match
Cette solidarité s'est mesurée jusque dans les derniers instants de ce combat électrique, lorsque les avants irlandais ont enterré un ballon porté sud-africain proche de leur ligne (80e). Ils venaient auparavant de faire plier les Sud-Africains en mêlée, creusant par une pénalité de Jack Crowley (77e, 13-8) le plus gros écart d'une soirée indécise. L'inoxydable Johnny Sexton (38 ans), buteur attitré et auteur d'un sans-faute, quittait alors ses partenaires sous l'ovation de la marée verte.
Une heure plus tôt, ses feintes et redoublées incessantes ont mis ses coéquipiers dans le vrai, permettant à Mack Hansen d'aplatir en bout de ligne (33e, 7-3). Malgré la rudesse des contacts sud-africains, les Irlandais ont dominé ce premier acte, dans le sillage de l'épatant centre Bundee Aki (66 mètres gagnés, quatre défenseurs battus), désigné joueur du match. Mais le plus dur était à venir, lorsque le staff sud-africain allait libérer les sept avants sur le banc (un fait rarissime) pour poursuivre le travail de sape enclenché par leurs précécesseurs.
Les Springboks trahis par leurs buteurs
Le résultat a, de suite, été probant : une mêlée irlandaise retournée a permis aux Sud-Africains de récupérer le cuir et d'envoyer la flèche Cheslin Kolbe dans l'en-but (52e, 7-8). La machine a semblé enclenchée, et l'on tablait alors logiquement sur une baisse de régime irlandaise. Ceux-ci se sont au contraire sublimés pour tenir et ont, quelque part, été vernis par la défaillance des buteurs sud-africains. Si les deux échecs de Faf de Klerk à plus de 50 mètres sont excusables, les deux manqués de l'ouvreur Manie Libbok pèsent lourd. D'autant que ses coéquipiers ont, paradoxalement, mieux fini et semblaient en mesure de renverser le coup.
Les tenants du titre devraient selon toute vraisemblance se contenter du deuxième strapontin de ce groupe, ce qui devrait leur faire croiser la route des Bleus (actuels premiers du groupe A) dès les quarts de finale. La nouvelle n'est pas forcément bonne pour la France, mais au vu du niveau du soir, aussi élevé qu'équilibré, il n'y a pas d'adversaire à privilégier. Le quart de finale sera musclé quoi qu'il en soit. Peu importe son identité, l'adversaire semble à date moins atteint que les Bleus, suspendus à la durée de la convalescence d'Antoine Dupont. Le combat du soir n'a laissé aucun joueur sur le carreau.
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