Coupe du monde de rugby : la démonstration puis le choc... La blessure d'Antoine Dupont laisse le XV de France dans l'incertitude
La France du rugby retient son souffle. Victime d'un plaquage dangereux tête contre tête de Johan Deysel à la 46e minute, Antoine Dupont a été longtemps sonné sur la pelouse du Stade Vélodrome, jeudi 21 septembre. Soigné pendant que la Namibie filait à l'essai finalement refusé, le demi de mêlée a dû céder sa place pour une commotion cérébrale. Pas de quoi totalement gâcher la fête d'une victoire historique. Mais suffisamment pour s'inquiéter sur l'état de santé du joueur de 26 ans.
Victime d'une fracture "maxillo-zygomatique", au niveau de la mâchoire et de la pommette, comme l'a confirmé vendredi 22 septembre la Fédération française de rugby, Antoine Dupont doit désormais compter les heures avant de savoir quand il pourra retrouver le jeu, à deux semaines d'un match décisif face à l'Italie pour la qualification en quarts de finale, le 6 octobre prochain.
Le cri d'effroi du stade lors du ralenti du choc en disait long sur la violence de l'impact, et laissait augurer du pire. "On ne sait pas trop ce qu'il a, on voit qu'il a pris quelque chose au plancher orbital, on en saura plus très vite", lâchait alors son ami Anthony Jelonch à la sortie.
Si on ne s'aventure pas à dire que le succès des Bleus s'apparente à une victoire à la Pyrrhus, la présence du vice-capitaine Charles Ollivon à la place d'Antoine Dupont en conférence de presse, et la mine dépitée du sélectionneur ont confirmé le sentiment d'un succès à deux doigts d'être parfait, mais qui va finalement peut-être coûter très cher. "On a compris directement. La tête a été touchée. Ça a été simple et clair pour tout le monde. Ce sont des faits de matchs qui arrivent malheureusement assez souvent, ça fait partie de notre job, pas le temps et pas la place pour tergiverser", a développé l'ancien capitaine des Bleus.
Après un jeu de question-réponse inopinée entre le sélectionneur et son joueur pour tenter de détendre une atmosphère teintée d'inquiétude, Fabien Galthié a expliqué son choix de ne pas sortir son capitaine à la mi-temps, alors que la France menait 54-0. "Dans notre programmation, on avait prévu de changer "1, 3, 5" à la mi-temps [pilier gauche, droit et deuxième ligne], puis tout le reste de l’équipe au terme de la 55e minute, car il ne fallait pas rester inactif pendant un mois", s'est défendu Galthié, scrutant fréquemment son téléphone dans l'attente de nouvelles du meilleur joueur du monde 2021.
Avant sa blessure, Dupont était dans tous les bons coups
La perte est d'autant plus lourde qu'avant cet incident, le demi de mêlée du Stade toulousain avait rayonné sur la rencontre. Après une prestation sans saveur de Maxime Lucu face à l'Uruguay, la différence - face à un adversaire bien moins coriace - a été évidente dans l'animation du jeu.
Antoine Dupont a été dans tous les bons coups, débloquant à chaque fois les incursions françaises : par son jeu au pied lumineux pour Damian Penaud (3e) ou Louis Bielle-Biarrey (40e), sa rapidité d'exécution ballon en main pour créer le décalage pour Charles Ollivon (18e) et Jonathan Danty (26e), avant de lui-même y aller de son essai (38e), lui qui n'avait plus marqué depuis dix matchs avec les Bleus. C'est lui qui a le plus avancé côté tricolore en première période (81 mètres gagnés), en distillant 24 passes et en battant cinq défenseurs. Du grand art.
Son remplaçant Baptiste Couilloud a bien inscrit un essai dès son entrée, mais le jeu offensif des Bleus a largement perdu en inventivité une fois Dupont sorti, alors que les Namibiens avaient pourtant abdiqué depuis longtemps. Les Bleus ont tout de même passé six essais après la sortie du capitaine français, mais la différence de l'impression laissée avec ou sans lui est considérable, preuve, s'il en fallait, que sa présence galvanise le XV de France et débloque le jeu français. "On sait l'importance qu'il a dans le groupe, ce qu'il dégage, a glissé Cyril Baille. Quand on voit les images, c'est un choc assez violent... Il y a beaucoup de stress."
Les prochains jours donneront une indication sur la durée de son absence, que ce soit face à l'Italie, où une victoire suffira pour se qualifier, mais aussi pour la suite. Ses remplaçants, notamment Baptiste Couilloud, ont su mettre à profit leur temps de jeu derrière lui, et pourraient suffire face à une équipe d'Italie joueuse. Mais une absence prolongée aux quarts de finale, vraisemblablement face aux Sud-Africains ou Irlandais, mettrait sévèrement à mal la conquête d'un premier titre mondial. Remplacer le meilleur joueur du monde 2021, socle des bons résultats du XV de France depuis quatre ans, ne se fait pas facilement.
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