Coupe du monde de rugby : pour le XV de France, une indiscipline à gommer

"C'est énorme, et c'est inadmissible au niveau international." Les mots forts de Cameron Woki ont trouvé un écho dans les travées du stade Pierre Mauroy, au moment de livrer les premières impressions sur la rencontre, jeudi 14 septembre. Le constat est partagé par presque tout le monde : face à l'Uruguay, pour son deuxième match de poules du Mondial (27-12), le XV de France s'est montré trop indiscipliné.

Pour les Bleus, sur ce plan, la feuille de statistiques est peu reluisante, d'autant plus face à une équipe pointant à la 17e place mondiale. Dans la nuit fraîche de Lille, les hommes de Fabien Galthié ont été sanctionnés d'un carton jaune, et pénalisés à 15 reprises, une petite fois de moins que leurs adversaires (16). C'est le deuxième pire total des Bleus cette année, derrière une autre victoire compliquée et indisciplinée, en Italie, lors du premier week-end du Tournoi des six nations en février (18). 

Deuxième plus grand total de pénalités concédées cette année

A l'époque, le groupe avait identifié la discipline comme axe de progression et rectifié le tir sur les rencontres suivantes. Mais jeudi soir, ils sont retombés dans leurs travers. "La discipline je pensais qu'on était bien, qu'on avait fait un gros travail là-dessus mais aujourd'hui on a été indisciplinés, c'est vraiment dommage", a déploré Cameron Woki au micro de TF1 juste après la rencontre. 

Une situation d'autant plus inquiétante que les Bleus ont été pénalisés dans différents secteurs de jeu, du sol (6) à la mêlée (4), où ils ont été en grande difficulté. "La mêlée a été source de récompense parfois, mais aussi source de punition et de sanctions. On va reprendre les bases et voir les points d'améliorations avec William [Servat, entraîneur en charge des avants]", a expliqué Fabien Galthié, qui n'a pas voulu chercher d'explications dans l'arbitrage, pas forcément bien compris des joueurs français sur la pelouse.

Comment expliquer cette indiscipline revenue de nulle part, alors qu'ils avaient été impériaux face aux All Blacks avec seulement quatre pénalités concédées ? "Il y a eu un faux rythme, on est tombés dans le piège : on aurait dû emballer la rencontre, mettre beaucoup plus de rythme pour les fatiguer", a essayé d'expliquer Sekou Macalou. Les Bleus ont peut-être abordé la rencontre du soir un peu trop tranquillement, six jours après les émotions et l'afflux nerveux du succès contre les All Blacks. "Je pense qu'on était un peu relâchés vu l'adversaire ce soir", a concédé Cameron Woki à TF1, étayant cette piste.

De l'"impatience" et de la "frustration"

Fabien Galthié, qui a prévenu toute la semaine de la délicatesse de la projection vers le "match d'après", a pointé la fébrilité de ses troupes. "Là, on a eu une équipe nerveuse qui voulait faire la différence et marquer vite. En face, une équipe qui combattait au sol, des profils de joueurs très agressifs sur le porteur de balle."  Une analyse partagée par Sipili Falatea : "Il y a eu un manque de lucidité, il y avait trop d'énergie, trop d'envie, et ça a pu desservir le collectif". "En attaque et en défense on a manqué de patience, et dans les zones de ruck ils nous ont bien embêtés", a estimé de son côté le jeune Louis Bielle-Biarrey.

Le sélectionneur tricolore a aussi dédouané l'"impatience" et la "frustration" de ses hommes, qui "jouent pour se faire plaisir" et qui auraient sans doute voulu faire mieux. "On a été surpris et après tu doutes. C'est le type de match piège", a estimé Fabien Galthié. Désormais, il savent quoi travailler pour les rendez-vous à venir. "On va essayer de régler les petits détails pour faire un gros match contre la Namibie jeudi prochain", a ainsi promis le capitaine du soir, Anthony Jelonch.