Coupe du monde de rugby : un retour d'Antoine Dupont pour les quarts de finale est-il bien raisonnable ?
Depuis une semaine, la santé d'Antoine Dupont est au cœur de toutes les discussions. Huit jours après l'opération de sa fracture maxillo-zygomatique subie lors du match contre la Namibie, une question reste en suspens : le reverra-t-on porter le maillot tricolore lors de la Coupe du monde ?
Après des nouvelles "rassurantes" données, jeudi, par le manager santé du XV de France, Bruno Boussagol, le feu vert a été donné, vendredi 29 septembre, par le chirurgien qui l'a opéré à Toulouse la semaine derrière. Son retour dans le groupe était effectivement conditionné à cette visite de contrôle et à l'approbation de son chirurgien.
"Suite à la visite médicale post-opératoire ayant lieu vendredi, Antoine a été autorisé à reprendre une activité physique progressive dirigée. Cette activité se fera sous contrôle du staff médical du XV de France", a annoncé la Fédération française de rugby dans un communiqué, ce samedi.
Un retour en quarts qui divise
S'il y a peu de chance qu'il soit présent pour le dernier match de poule contre l'Italie, le 6 octobre, l'hypothèse se pose pour la suite de la compétition. "On ne se projette pas au-delà de la semaine prochaine. Pour le quart de finale ? On ne peut pas encore se poser cette question. Il y a tellement de choses à valider", a expliqué Bruno Boussagol jeudi. Dans ce cas, son retour interviendrait seulement un mois après son choc tête contre tête.
Un retour qui ne serait pas raisonnable, selon Alexandre Masson, chirurgien maxillo-facial et stomatologue, à Caen (Calvados). "Sur ce type de fracture, pour un patient lambda, on attend trois mois pour pouvoir reprendre des sports de contact ou de combat", explique ce spécialiste. "Cela paraît rapide, même si tout dépend de l'endroit de la fracture, et d'autres détails du dossier dont je n'ai pas connaissance. Toutefois, pour les sportifs de haut niveau, il y a toujours des adaptations, des protocoles particuliers qui ne sont jamais mis en place pour des patients dits 'classiques'", nuance le docteur Alexandre Masson.
De son côté, le Professeur Hervé Benateau, chef du service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Caen, est lui plus confiant, tout en rappelant que lui non plus n’a pas eu accès au dossier médical du joueur. "Ce n'est pas déraisonnable sur le plan médical, estime-t-il. S'il subissait un nouveau choc au même endroit, il risquerait juste une nouvelle fracture qu'il faudrait réopérer. Il n'aura pas consolidé, et les plaques et vis qu'on lui a posées peuvent bouger, s'arracher un peu éventuellement, mais l'aggravation serait légère dans ce cas. Sur ce genre de fracture, on ne risque pas une aggravation sévère, ou en tous cas qui serait telle qu’on ne pourrait plus la réparer ", remarque le spécialiste. "Tout dépendra aussi de son ressenti et de son éventuelle appréhension", note Hervé Benateau.
Une commotion légère ?
Un autre point pose question, celui de possibles lésions liées à une commotion. "La priorité, c'était sa fracture, on n'a pas pu évaluer sa commotion dans un premier temps. D'où le contrôle neurologique pour voir si Antoine est apte ou pas", a encore assuré Bruno Boussagol, précisant que ce retour serait forcément "progressif". D'après les images du choc lors du match contre la Namibie, Alexis Demas, neurologue au Havre, estime que la commotion reste "légère".
"À aucun moment, il ne perd connaissance ou n'a des signes de crise d'épilepsie. Au sens strict, oui il y a une commotion du fait du traumatisme au niveau de la face, avec un impact au niveau du crâne et donc du cerveau, analyse-t-il. Mais compte tenu de sa musculature, il a pu absorber le choc et c'est surtout le problème de la fracture osseuse qui a pris le dessus sur le problème de la commotion." En général, le retour après une commotion s'effectue deux semaines après le choc.
Le masque, une option sérieuse
Le port d'un masque, évoqué régulièrement pour favoriser son retour, serait une option davantage à visée psychologique que réellement protectrice, selon Hervé Benateau. "Le masque ne servirait pas à grand-chose, car ce ne sera pas une protection à 100%. Mais je pense que c'est mieux qu'il en porte un pour le rassurer. À voir maintenant le masque qu'il pourrait porter."
Du côté du XV de France, "la question du masque ne se pose pas, a affirmé Bruno Boussagol, manager santé des Bleus. Ce n'est pas le bon timing. On n'a pas encore abordé le sujet avec Antoine. Je n'y suis pas forcément favorable mais si Antoine nous sollicite, on étudiera la question."
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