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Coupe du monde féminine de rugby : l'autre match des Bleues, en quête de retombées pour leur sport

L'équipe de France a débuté sa Coupe du monde par une victoire face à l'Afrique du Sud, samedi. Avec, au-delà du terrain, la ferme intention de saisir l'occasion de permettre au rugby féminin de franchir un nouveau cap.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'équipe de France de rugby après sa victoire contre l'Afrique du Sud en Coupe du monde féminine, le 8 octobre 2022 à Auckland (Nouvelle-Zélande) . (MICHAEL BRADLEY / AFP)

Bien sûr, les chiffres du jour, au pays du rugby, donnent envie : samedi 8 octobre matin, le mythique stade de l'Eden Park d'Auckland (Nouvelle-Zélande) a affiché plus de 40 000 billets vendus, alors que les Bleues de Thomas Darracq se sont imposées samedi 40 à 5 face à l'Afrique du Sud lors de leur premier match de Coupe du monde. Du jamais vu pour un match de sport féminin en Nouvelle-Zélande. Un record aussi pour du rugby féminin à travers le monde, signe que les choses bougent dans le bon sens.

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Il s’agit là d’un moment charnière, souligne la Montpelliéraine Safi N'Diaye, qui, à 34 ans, dispute sa troisième Coupe du monde. "Ce sont des événements comme ça qui vont faire évoluer le sport féminin et le rugby féminin, se réjouit la joueuse. On a la chance d'être diffusées à la télé. On sait comment, par exemple, les Coupes du monde 2014 ou 2017 ont provoqué un vrai bond dans le nombre de licenciées à la Fédération. En dix ans, on a vu une évolution énorme !"  

Dix fois moins de filles que de garçons

En ce début de saison, le nombre de licenciées féminines est encore en hausse en France : +19% par rapport à la saison dernière, indique la Fédération française. Et s’il y a dix ans, on comptait 11 000 pratiquantes, on en compte aujourd’hui plus de 28 000. C'est énorme, mais dans les faits, c'est encore dix fois moins de filles que de garçons qui jouent au rugby. Alors, les Bleues se sentent investies d'une mission durant ce Mondial : avoir des résultats pour séduire et susciter encore plus de vocations. Faire évoluer les regards aussi, explique l'arrière Jessy Trémoulière, meilleure joueuse du monde en 2018. "Je me mets à la place d'une petite fille qui a six ou sept ans, explique-t-elle. C'est un peu compliqué dans la famille puisque le rugby, 'ce n'est pas fait pour les filles' : malheureusement, on entend encore un peu ces discours-là."

"Notre rôle, c'est de montrer aux familles une belle image, que ce n'est pas dangereux, que ce n'est pas violent, que le rugby est fait pour les femmes, qu'on peut proposer du beau jeu. On a un rôle à jouer là-dessus."

Jessy Trémoulière

à franceinfo

Et qui dit plus de visibilité dit aussi l'arrivée de nouveaux sponsors, indispensables pour la professionnalisation du rugby féminin, ajoute la capitaine du XV de France, Gaëlle Hermet. "Les sponsors commencent à venir et à être attirés par les joueuses, note-t-elle. Je pense qu'on a franchi un cap sur cet engouement médiatique, sur l'image que la pratique féminine renvoie. Et du coup, c'est à nous de continuer justement à la promouvoir du mieux possible."

Car aujourd'hui, si une quarantaine de joueuses de l'équipe de France bénéficient de contrats fédéraux à 75%, le championnat de France féminin est lui toujours amateur avec des joueuses qui cumulent études, emploi et entraînements, donnant lieu à des confrontations parfois très déséquilibrées entre les équipes et freinant considérablement la médiatisation du rugby féminin hors des matchs internationaux.

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