Coupe du monde de rugby : Louis Bielle-Biarrey, le surdoué que le XV de France couve sous son aile
Sans trop prévenir, il est devenu l’une des stars du début de Mondial pour le XV de France. Face à l’Italie, Louis Bielle-Biarrey va enchaîner une troisième titularisation, pour sa sixième sélection sous le maillot bleu. Amateur des "ovnis" sélectionnés par surprise, Fabien Galthié s’est trouvé un bel extraterrestre. Devenu plus jeune joueur français à disputer un match de Coupe du monde, l’ailier de l’Union Bordeaux-Bègles a fait une entrée fracassante dans la cour des grands.
Louis Bielle-Biarrey doit cette éclosion, avant tout, par ses qualités sur le terrain. "Il fait parler de lui avec sa vivacité, son explosivité, les très beaux essais qu’il marque, une qualité de vitesse impressionnante. C’est quelqu’un de très agréable à voir jouer", analyse Vincent Clerc, consultant pour France Télévisions. Des facilités qu’il a montrées très jeune, lui qui a commencé le rugby à cinq ans à Seyssins, dans la banlieue de Grenoble.
Une éclosion remarquée à Bordeaux
"Il avait déjà des qualités sur la compréhension du jeu, mais il sortait surtout du lot techniquement", explique Nicolas Bonnet-Gros, son entraîneur au FCG, que le jeune Louis rejoint à 13 ans, déjà avec son casque rouge. L’entraîneur se souvient particulièrement de sa saison en U18, celle du "vrai déclic". "Là, on s'est dit que quelque chose était en train de se passer", rembobine-t-il des années plus tard.
Le phénomène tape vite dans l'œil de l’Union Bordeaux-Bègles, qu’il rejoint à l’été 2021, après une saison au Pôle France. C’est là qu’il signe son premier grand coup d’éclat, à 18 ans. Pour sa première titularisation, en Coupe d’Europe face à la province galloise des Scarlets, il signe un triplé et est désigné joueur du match. "Pour l'anecdote, avant ce match, nous avions fait un grand dîner avec nos partenaires et je leur avais dit de suivre ce garçon et de retenir son nom", s’amuse Laurent Marti, le président du club.
Depuis que je suis président, j'ai vu trois phénomènes sur les lignes arrières : Baptiste Serin, Matthieu Jalibert et Louis. Ce qui frappe chez ces garçons, c'est qu'à 18 ans vous les faites s'entraîner chez les professionnels, et tout de suite ils font des différences. Louis est de cette veine-là.
Laurent Marti, président de l'UBBà franceinfo: sport
En Gironde, le natif de La Tronche parfait sa formation et continue sa progression. La saison dernière, en 21 matchs disputés, il inscrit cinq essais. "C’est un excellent finisseur, il l’a montré avec Bordeaux, il a gagné sa place en équipe de France avec ses prestations en club", juge Dimitri Yachvili. Appelé pour préparer le Tournoi des six nations 2023 par Fabien Galthié et son staff, il connaît finalement sa première sélection cet été, en match de préparation contre l'Ecosse, où il se fait remarquer en inscrivant déjà son premier essai international. Prémonitoire de son début de Mondial en boulet de canon.
Un caractère posé et mature
Mais à 20 ans à peine, Louis Bielle-Biarrey impressionne aussi par sa personnalité. Malgré le tourbillon médiatique qui l'entoure depuis quelques mois, rien ne semble le perturber. "C’est ce qui caractérise cette jeune génération, on a l’impression que la pression leur glisse dessus", explique Dimitri Yachvili. "C'est à son image, cette espèce de détachement, qui lui donne certainement un avantage, du coup il ne se met pas une mauvaise pression", abonde Laurent Marti. "Ça va très vite. Je ne réalise pas, mais c’est mieux comme ça, je ne me pose pas de questions. J’ai juste envie de jouer au rugby", expliquait-il face à la presse avant le troisième match des Bleus.
Ce côté détaché cache une très grande maturité. "Il fait tout bien, il est opportuniste, altruiste, intelligent", énumère Vincent Clerc, qui cite en exemple sa passe décisive très collective à Jonathan Danty avant de se retrouver hors des limites du terrain contre la Namibie. S’il rêve depuis toujours, ou presque, de devenir pro, il a aussi tenu à avancer sur le plan académique, même s'il a dû reporter ses examens pour disputer le Mondial. Un esprit qui avait aussi impressionné son futur président, Laurent Marti, lors de leur première rencontre : "J'avais été notamment surpris par le fait qu'il connaissait l'histoire récente de l'UBB, c'était assez intéressant, il n'avait que 18 ans."
Louis Bielle-Biarrey est aussi un joueur bien entouré. "La première fois que je l'avais reçu avec son papa, j'avais bien vu qu'il évoluait et avait grandi dans une famille équilibrée, c'est très important", expose Laurent Marti. À Bordeaux, il a trouvé une deuxième famille pour continuer à garder les pieds sur terre. "J'ai confiance en son entourage familial, mais aussi en ses copains de l'UBB, on a la chance d'avoir une génération prometteuse, ils ont tous le même âge, et je sais qu'ils sauront le ramener sur terre si jamais Louis devait trop s'enflammer", poursuit-il. Depuis plusieurs semaines, dans le groupe France, il est aussi bien accompagné par ses six coéquipiers en club également sélectionnés pour disputer le Mondial.
C’était un rayon de soleil dans un groupe, le très bon coéquipier, bienveillant et gentil avec tout le monde.
Nicolas Bonnet-Grosà franceinfo: sport
Il reste aussi très proche de sa région d’origine, et de ceux qui l’ont aidé à se construire. "On le suit, on lui écrit beaucoup, on échange beaucoup avec lui", assure son ancien entraîneur grenoblois. "C’est quelqu’un de très authentique. Cet été, il est passé, et il m’a demandé des ballons pour buter, donc je suis allé en chercher, et il a buté." Vendredi soir, comme depuis le début du Mondial, il sera "son premier supporter", pour espérer le voir franchir une nouvelle étape dans sa jeune carrière.
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