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Etat d'urgence sur le XV de France

Les trois nouvelles défaites de l'équipe de France en Australie ont un peu plus plombé le bilan de la saison. Avec seulement trois victoires et cinq défaites, les joueurs du XV de France partent en vacances sans confiance. A un an de la Coupe du monde, l'écart qui sépare les hommes de Philippe Saint-André des prétendants au titre mondial semble abyssal.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Tournée de juin, tournée chagrin

Cela fait plusieurs années que la tournée de juin aux antipodes est dénoncée. Au terme d'une saison à rallonge, et surtout plus longue que pour tous les autres joueurs de la planète, l'équipe de France subit revers sur revers, claques sur claques. Voire des humiliations. Bien sûr, il y a ces trois défaites consécutives contre les Wallabies, cette impression d'être incapable de s'imposer, et les 95 points encaissés en trois matches pour  36 marqués. Mais ce n'est pas la première fois que les Bleus reviennent avec les valises pleines pour prendre leurs vacances. L'année dernière, les trois matches chez les All Blacks avaient coûté autant de défaites et 77 points pris, pour 21 marqués. En 2010, après deux matches en Afrique du Sud et en Argentine, le bilan était de deux revers et de 83 points encaissés pour 30 inscrits. Et il y a aussi cette terrible tournée de 2007 en Nouvelle-Zélande, avec deux humiliations (42-11, 61-10) pour une "équipe B" envoyée à quelques semaines de la Coupe du monde. Loin d'éclairer les différents staffs sur la qualité des joueurs, faisant chuter gravement le niveau de confiance d'un groupe, cette tournée prive en plus les internationaux de vacances, de temps de repos pour mieux préparer la saison suivante.

La sinistrose du jeu et des joueurs

Des joueurs fatigués, des joueurs dominés dans tous les secteurs, comment l'équipe de France pouvait-elle offrir un beau visage ? Certes, le deuxième match a remis la défense à l'honneur. Mais offensivement, sur la continuité, la France a été surclassée. Où était la force de pénétration d'un Bastareaud, les crochets d'un Fofana ou d'un Dulin, la force collective du pack en mêlée fermée ? Malgré ces trois semaines de tournée, le jeu n'a pas paru en progression, le collectif pas mieux huilé. Avec des joueurs usés par leur saison, difficile de travailler pour améliorer la performance. Quand il n'y a plus d'essence, rester au volant ne sert à rien.  Mais ce problème de jeu n'est pas seulement dû au mois de juin. Et c'est probablement cela le plus grave. Depuis les tests-matches de novembre 2012 et cette série victorieuse lors de la venue de l'Australie, de l'Argentine et des Samoa, on cherche les performances probantes au plus haut niveau. Et quand on voit les performances des Anglais en Nouvelle-Zélande ou des Gallois en Afrique du Sud, tout proches de s'imposer, l'écart, même avec les autres grandes nations européennes, semble creusé. 

Un staff en cause

Depuis leur prise de fonctions, le trio Saint-André - Lagisquet - Bru affiche le plus mauvais bilan des sélectionneurs, avec seulement 37.9% de victoires après 29 rencontres. Certes, la France a affronté tous les ténors, et notamment quatre fois les All Blacks et quatre fois les Wallabies. Mais pour devenir champion du monde, il faudra forcément leur être supérieur. Certes les blessures et/ou les méformes empêchent les entraîneurs d'avoir une équipe dans la continuité. Trop d'envie, manque de vécu ensemble, pas de chance, toutes les raisons y passent pour expliquer les revers. Malgré leurs compétences, malgré leur professionnalisme, les trois hommes peinent à montrer le chemin à leurs troupes, et aux observateurs. Il y a aussi des choix. Pourquoi emmener Rémy Lamerat, Frédéric Michalak, Gaël Fickou, Brice Mach ou Louis Picamoles, pour ne leur offrir que des bouts de match ? Entre la volonté d'essayer de nouveaux joueurs (Le Bourhis, Tolofua, Lamerat) et celle de tenter de gagner, le staff semble hésité. A un an de la Coupe du monde, aucun XV majeur ne paraît se dégager, et aucune ligne directrice dans le jeu ne semble émaner de ce collectif.

Les raisons d'espérer

Comme tous les quatre ans, l'équipe de France va bénéficier d'une longue plage de préparation avant le Mondial. C'est là le principal atout du staff pour mettre à niveau physiquement et collectivement leur groupe avant l'échéance. En plus, cette année, 30 joueurs seront limités à 30 matches durant la saison prochaine. Une fraîcheur qui pourrait leur servir. Et puis, il y a ce French Flair, cette capacité à renverser les plus grandes montagnes lorsque personne ne s'y attend. Et il y a du talent, de vraies références au niveau international comme Fofana, Bastareaud, Picamoles, Maestri, Mas, Michalak ou Parra, Dusautoir ou Nyanga... Mais il faudra encore des exploits. Pour préparer, comme les autres nations, une équipe durant quatre années pour qu'elle devienne championne du monde, il faudrait tout changer dans le format des compétitions (notamment le Top 14), dans la priorité assumée (équipe nationale au détriment des clubs), dans la formation des joueurs... Bref, le serpent de mer du rugby français a encore de beaux jours.

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