Coupe du monde de rugby : "Très puissant, très intense à vivre", "immense"... Des joueurs français racontent le haka vécu depuis la pelouse
C’est le rendez-vous incontournable de chaque avant-match de la Nouvelle-Zélande. Quelques minutes avant le coup d’envoi du match d’ouverture de la Coupe du monde, vendredi 8 septembre, les quinze titulaires de l’équipe de France vont vivre le traditionnel haka de leurs adversaires. Pour treize d’entre eux, qui n’ont jamais croisé le fer avec les All Blacks, ce sera même une première. Que ressentent les joueurs face au chant de guerre maori ? Comment vivent-ils le haka ? D’anciens joueurs témoignent pour franceinfo:sport.
Affronter le haka fait partie intégrante de la préparation d’un choc face à la Nouvelle-Zélande, en particulier la première fois. "C’est toujours impressionnant, bien entendu beaucoup plus sur le terrain qu’à la télé. Il y a un sentiment de défi d’avant-match, de défi physique, et de moment solennel, presque de paix", rembobine Dimitri Yachvili, ancien demi de mêlée international, présent sur la pelouse pour les deux matchs contre les All Blacks lors de la Coupe du monde 2011.
De l'excitation à l'appréhension
"Il y a beaucoup d’insouciance, on ne sait pas à quoi s’attendre, abonde Vincent Clerc, qui a disputé trois matchs contre la Nouvelle-Zélande en Coupe du monde. Il y a une fierté de jouer contre eux, de l’excitation. Mais aussi de l’appréhension, on se demande comment on va réagir… Plein de questions se posent avant un premier haka." Comment agir, faut-il regarder l’adversaire, ou plutôt se protéger ? Autant d’interrogations qui tournent dans la tête des acteurs. "Forcément, tu y penses, parce que c’est un moment particulier", explique Dimitri Yachvili.
Un moment que chaque joueur vit à sa manière, en fonction de sa sensibilité, mais aussi de son expérience. "Mon premier haka, je pense que j’étais complètement spectateur, en plus je jouais face à Jonah Lomu [...] Je le regardais, je regardais les Blacks, j’avais l’impression que c’était presque irréel", se remémore Vincent Clerc. "Être face au haka, ça fait des frissons de partout, c'est toujours un grand moment à vivre", racontait pour France Bleu David Marty, ancien international, en 2015. Un sentiment partagé quelques années plus tard, par des novices lors de la dernière confrontation entre les deux sélections. "Voir le haka, c’était immense", avait ainsi savouré l'arrière Melvyn Jaminet après la victoire historique des Bleus en novembre 2021, son premier match face aux All Blacks. "C’est un symbole fort le haka", a reconnu François Cros, face à la presse mercredi.
Passé la découverte, les hakas suivants sont forcément abordés un peu différemment. "Après, ce n’est pas qu’on s’y habitue, mais… C’est toujours impressionnant, mais une fois que tu as passé ce moment de découverte, tu rentres dans le jeu", affirme Dimitri Yachvili. Chacun a ses réflexes, ses techniques pour rester concentré. "Pendant le haka, les Néo-Zélandais prennent et fixent chacun un joueur, donc tu le fixes, tu attends que ça se passe, c’est aussi simple que ça", sourit l'ancien demi de mêlée. "On essaye de défier, au moins par le regard, de montrer qu’on est bien dans le match et qu’on est prêt à relever le défi", ajoute Vincent Clerc. "La seule option qui, pour moi, reste valable, est de les regarder droit dans les yeux et de sonder leur âme", expliquait à France 2 Raphaël Ibanez, actuel manager des Bleus, à propos de son souvenir de 2007.
Essayer de répondre
Les Bleus se sont spécialisés dans les réponses au haka. En 2007, parés de t-shirts bleu-blanc-rouge, ils s'étaient approchés presque nez à nez avec leurs adversaires. Quatre ans plus tard, avant la finale, ils avaient formé un "V". Des gestes effectués pour essayer de déstabiliser l'adversaire autant que pour se rassurer. "[En 2007] on était au pays de Galles alors que la Coupe du monde se jouait en France, c’était vraiment pour nous, se sentir forts et soudés", se souvient Vincent Clerc, présent sur la pelouse ce jour-là.
"C’est pour essayer de les perturber, on sait que ça peut gêner leur préparation. Si tu ne fais rien, il n’y a qu’une seule équipe qui domine le haka, c’est la Nouvelle-Zélande [...] Tout est bien coordonné de leur part, c’était donc histoire de les perturber un peu", explique Dimitri Yachvili. "Si vous défiez les All Blacks durant le Haka, ça veut dire que vous êtes prêts pour la guerre", racontait sur SFR Sport Pascal Papé en 2016. Pour l'instant, Gabin Villière a assuré que les Bleus n'avaient rien prévu de spécial vendredi soir sur la pelouse du Stade de France.
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