L'Angleterre arrache la victoire sur les Pumas
Après avoir écarté l'Irlande des barrages de la Coupe du monde 1999, après avoir fait tomber la France à domicile en 2007 pour le match d'ouverture, les Argentins avaient bien envie de frapper un nouveau grand coup lors de son premier match contre l'Angleterre. Ancienne nation émergente du rugby mondial, l'Argentine, à un an de son entrée dans le Tri-Nations, avait l'ambition de confirmer qu'elle est devenue une équipe redoutée et redoutable, même sans son ouvreur habituel surnommé El Mago, Juan Martin Hernandez, blessé. Dans ce match phare du groupe B, déjà finale entre les deux équipes en lice pour la qualification, le choc a été énorme. Par son intensité, pas forcément par la qualité du jeu déployé.
Le début de la rencontre était d'ailleurs marqué par une première épreuve de force des Pumas sur la ligne anglaise, finalement conclue par la première pénalité passée par Contepomi (7e, 3-0). Malgré leur maillot noir porté pour ce match contre l'Albiceleste du rugby, le XV de la Rose commettait énormément de fautes, mais Rodriguez ratait la cible de loin (9e), ce qui permettait ensuite à Wilkinson d'égaliser (12e, 3-3). L'arrière argentin manquait de précision (16e), comme son capitaine Contepomi (19e), avant de retrouver les perches (20e, 6-3) pour suppléer son ouvreur, touché aux côtes. Parmi les rares éclaircies de cette première période, il faut parler de cette accélération de l'arrière Foden, en plein coeur de la défense, mais Armitage était repris à 15m, les Pumas commettant une faute pour offrir une pénalité à Wilkinson, qui préférait la jouer en touche avant d'avoir une nouvelle chance au pied, mais le Toulonnais ratait à son tour son occasion (26e). Et Santiago Phelan, le sélectionneur n'avait plus d'autres choix de buteur, puisque Contepomi abandonnait ses troupes en raison de ses côtes. Pour une énième faute anglaise, Cole, coupable d'avoir écroulé volontairement un maul, était puni d'une pénalité à 50m, et d'un carton jaune (34e). Rodriguez la ratait encore, laissant passer un douzième point. Et sur un beau mouvement collectif, le centre Tiesi subissait un plaquage désintégrant du 2e ligne Lawes, le contraignant à son tour à la sortie du terrain. Le 2e ligne de Northampton infligeait ensuite un coup de genou à Ledesma, qui était sorti en touche à 5m de l'en-but, secouant l'ancien Clermontois toujours solide pour sa dernière compétition en tant que joueur (38e). A la pause, le score était donc de (6-3) pour les Argentins, avantage mérité tant leur solidité et leur organisation défensive ont mis à mal les rares velléités anglaises.
Youngs, l'entrée qui change tout
Au retour des vestiaires, la tendance ne s'inversait pas, les Pumas gardant la main sur le jeu, comme sur cette percée splendide d'Agulla, repris à 15m avec une faute argentine à la clé , sans que Wilkinson ne trouve la touche (42e). Du coup, c'est Bosh, remplaçant de Contepomi, qui faisait un festival avant d'être repris à 5m, pour une pénalité et trois points importants de Rodriguez (45e, 9-3). La tension montait d'un cran, car les Anglais semblaient sans solution, se heurtant à une défense bien en place, et les coups de pied de Wilkinson ne trouvaient pas la précision habituelle, avec trois ratés (47e, 51e, 65e) pour deux à son rival Rodriguez (50e, 57e). Incapables de franchir le rideau défensif, ralentis sur toutes leurs sorties, les hommes de Martin Johnson avaient toutes les difficultés pour s'approcher de la ligne des 22m. Cela intervenait à la 65e minute, après un plaquage dangereux de Camacho sur Foden sanctionné d'une pénalité tapée en touche, et conclue par Youngs, parti au ras d'un regroupement à 5m de l'en-but pour aller tout seul dedans. Sous les poteaux, "Wilko" ajoutait deux points pour permettre à la Rose de reprendre quelques timides couleurs, mais surtout l'avantage au score (68e, 10-9). Du coup, le moral anglais se relevait, en même temps que la mêlée qui pourrait son adversaire à la faute pour une nouvelle pénalité, encore ratée par l'ancien métronome (71e). Le 8 de devant prenait de plus en plus le dessus sur des Pumas de plus en plus éprouvés, offrant une nouvelle occasion à Wilkinson, qui donnait trois points de plus (75e, 13-9). Comme pour la France avec Parra, l'entrée de Ben Youngs changeait considérablement le visage de l'Angleterre, comme sur ce coup de pied à suivre croisé pour Ashton, stoppé avec une faute en prime, et une touche à 5m à jouer. Obligés de jouer, les Argentins lançaient une offensive de leur ligne d'en-but, et l'action se finissait sur la ligne des 22m adverses, avec ce coup de pied à suivre d'Imhoff, plaqué sans ballon par Ashton sans que l'arbitre ne sanctionne (80e).
Finalement, l'Angleterre s'imposait donc (13-9) dans un match très difficile, qui opposait le vice-champion du monde au 3e de la dernière Coupe du monde. En remportant ce premier match, Martin Johnson et ses hommes ont fait un pas de géant vers la première place de ce groupe B, qui ne devrait pas leur échapper malgré l'opposition des Fidjiens ou des Ecossais. Et le vainqueur de ce groupe affrontera en quarts de finale le deuxième du groupe A, où se trouvent les Néo-Zélandais, les Français et les Tongiens.
Réactions
Santiago Phelan (entraîneur de l'Argentine): "Le résultat n'est pas celui espéré, mais l'équipe a fait un bon match, réussi sur le plan tactique. Après c'est souvent les détails qui manquent pour gagner. En l'occurence, l'équipe argentine n'a pas pu marquer de points quand elle a eu le contrôle du match. Elle a laissé filer des points face aux poteaux et raté des occasions balle en main. Mais elle a rempli l'objectif d'être solide en défense. C'est un pas important pour grandir match après match. Il manque juste le résultat qui est le plus important dans un Mondial."
Felipe Contepomi (ouvreur et capitaine de l'Argentine): "(sur sa blessure) Nous ne savons pas encore bien si c'est un cartilage ou une côte qui a été touché. Je vais passer des radios à l'hôpital (avec Tiesi lui touché à un genou, ndlr). L'équipe a bien joué. Après avoir disputé un seul test-match en 11 mois, nous savions que nous devions grandir dans ce tournoi. Cela a bien commencé. Reste à voir jusqu'où nous pouvons aller. En termes de résultat, ce match peut nous coûter cher, car c'est toujours plus facile de débuter une Coupe du monde par une victoire, mais en termes de performance, l'équipe a fait un grand pas en avant et c'est un match à partir duquel on peut travailler. La Coupe du monde est une longue compétition. Nous avons encore trois matches devant nous. J'espère que nous allons améliorer notre jeu. (Sur la faillite des buteurs) Honnêtement, la plupart des tentatives pour moi, Martin (Rodriguez) ou Jonny (Wilkinson), étaient éloignées et difficiles. Le terrain est incroyable, il n'y a pas de vent. C'est parfait pour le rugby."
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