Le Pays de Galles terrasse l'Angleterre
Qui aurait pu imaginer que le pays de Galles s'imposerait à Twickenham face à cette Angleterre ? Depuis le tirage au sort de ce groupe "de la mort", les Gallois en rêvaient. Assurément. Ils pensaient avoir pris le bon chemin avec un début de match presque idéal, mené par un pack conquérant notamment en mêlée (2e, 3-0), chapardant même un ballon en touche sur lancer adverse (7e), et contrariant une tentative de maul anglais devant leur ligne d'en-but pour bénéficier d'une pénalité (9e). Mais ensuite, le XV de la Rose a donné des gages de sa solidité. Une mêlée en forme de raz de marée (11e) avec une pénalité pour Farrell à la clé (3-3). L'ouvreur anglais se chargeait ensuite de passer un drop de près de 40m pour égaliser (18e, 6-6).
La belle réaction des avants anglais
Petit à petit, les avants anglais avaient pris la mesure de l'événement, et répondu indirectement aux critiques nées de leur décevante performance face aux Fidji la semaine dernière. Le ton montait d'ailleurs à la 21e minute, sur un plaquage spectaculaire de Lydiate sur Wood, que l'arbitre ne sanctionnait pas. L'échauffourée qui s'ensuivait réchauffait l'atmosphère. Et elle redonnait de l'allant aux Anglais, puisqu'une nouvelle mêlée tournait à leur avantage pour une nouvelle pénalité (23e, 9-6), avant que le premier essai du match survienne à la 27e minute. Après une touche, le mouvement anglais s'enchaînait à la perfection jusqu'à Watson, qui décalait Brown. Mais l'arrière, mal servi, était repris. Heureusement, son demi de mêlée Ben Youngs faisait rebondir le mouvement pour May qui, en bout de ligne, allait en terre-promise (16-6). C'était une juste récompense pour les lignes arrières de Stuart Lancaster, comme souvent très entreprenantes. Mais juste avant la pause, les Diables Rouges répondaient par leur centre Scott Williams, auteur d'une superbe percée dans l'axe. Cela aboutissait à une nouvelle pénalité, encore passée par Biggar (37e, 16-9), à la hauteur de la lourde succession dûe au forfait de Halfpenny pour la compétition.
Après la pause, en revanche, les Gallois semblaient avoir pris conscience de leurs possibilités. Sans réaction, ils étaient voués à la défaite. Warren Gatland semblait avoir trouvé les mots justes. Le pack paraissait plus conquérant, les trois-quarts plus agressifs. Mais les fautes donnaient une avance de plus à l'Angleterre (22-12 à la 51e). A onze minutes du terme de la rencontre, tout semblait encore bien parti pour les fans du "swing low sweet chariot" (25-15). Mais deux minutes après, la "cabane était tombée sur le chien". Avec courage, les Gallois enchaînaient un mouvement, conclu sur la ligne par le deuxième ligne Davies, déjà auteur d'une belle percée en première période (71e, 25-25). Le match nul semblait déjà une belle aubaine. Mais les Diables Rouges en voulaient plus, et en obtenaient plus avec une nouvelle faute anglaise à plus de 40m des perches, que passait Biggar, pour poursuivre son sans-faute au pied (excepté un drop manqué à la 14e minute).
En 7 participations, l'Angleterre n'a jamais été éliminée en poules
Avec trois points d'avance, l'exploit était à portée de main. Mais le XV de la Rose se ruait à l'assaut de l'en-but adverse. Et les Gallois commettaient une faute, synonyme de pénalité. Mais au lieu de la tenter avec un Owen Farrell lui-aussi impeccable dans ses tentatives au pied, l'Angleterre préférait tentater la "penaltouche", à deux minutes du terme du match. La combinaison ne fonctionnait pas, et voilà comment le Pays de Galles remportait un quatrième succès sur les sept derniers duels avec l'Angleterre.
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Mais encore plus important, le XV du Poireau se place en situation de viser la première place du groupe, avec pour seul concurrent l'Australie désormais. Bien sûr, il lui faudra battre les Fidji le 1er octobre prochain, si possible avec le bonus offensif pour ne pas se faire de frayeur et conserver un droit à l'erreur face aux Wallabies. La grosse ombre au tableau de la soirée se situe du côté de l'infirmerie. Déjà privés pour la compétition de Halfpenny et Rhys Webb, ils ont perdu durant la rencontre le centre Scott Williams (genou), l'ailier Hallam Amos (épaule) et l'arrière Liam Williams, qui pourraient bien rater la fin de la Coupe du monde. Pour les hommes de Lancaster en revanche, la défaite sera interdite, le 3 octobre contre ces mêmes Australiens. Sinon, il n'y aura pas de quart de finale, ce qui n'est jamais arrivé à l'Angleterre depuis la création de la Coupe du monde en 1987.
Réactions
Stuart Lancaster, sélectionneur de l'Angleterre: "On est immensément déçu d'avoir perdu ce match alors que nous étions en position de le gagner. Mais on leur a donné trop de pénalités: Dan Biggar est un buteur de classe mondiale et nous l'a fait payer. On pensait que l'on pouvait surmonter cela et tout de même l'emporter. Tout va se jouer contre l'Australie qu'il faudra battre. Le pays de Galles est venu ce soir avec un plan de jeu. Ils ont occupé le terrain, obtenu les pénalités dont ils avaient besoin et marqué au pied. Cela a marché. C'est une équipe de grande qualité, ils ont de bons joueurs partout et ils nous ont causé énormément de problèmes dans les 20 dernières minutes.(sur la décision de prendre la touche à la dernière minute) C'est une grande décision à prendre mais si on le fait, il faut assurer derrière. Ce que l'on n'a pas fait. Il va falloir se retrousser les manches maintenant. L'ambiance était incroyable, c'est dur de ne pas avoir pu récompenser les supporters de leur soutien. La France a perdu deux matches en 2011 et a réussi à se retrouver en finale. Beaucoup de choses peuvent encore se passer.
Chris Robshaw, capitaine de l'Angleterre: "(sur la décision de prendre la touche à la dernière minute) Cette décision me revient. On a essayé d'aller chercher la victoire car la pénalité était difficile à tenter mais malheureusement cela n'a pas marché. On avait pesé le pour et le contre et l'on pensait que cela pourrait nous permettre de remporter le match. Maintenant il faudra une grande réaction de l'équipe. Cela fait horriblement mal en ce moment. Mais on a un grand défi qui se profile et il faudra passer à autre chose. Le pays de Galles a gagné ce match en nous mettant sous pression, ce qui nous a poussé à faire des fautes stupides. Les supporters nous ont vraiment poussé. On a conscience qu'on les a laissé tomber en ne terminant pas convenablement ce match. On est vraiment désolé."
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