Le XV de France de Saint-André navigue à vue
Tous les acquis de l’ère saint-André volent en éclats. Débarrassé d’un comité de sélection parfois encombrant au moment de constituer ses listes, PSA avait pris seul les rênes du XV de France. Cet été, le président de la FFR Pierre Camou lui a administré Serge Blanco et un comité de suivi des sélectionnables… A son arrivée à la tête des Bleus en 2011, le Goret avait un leitmotiv : laisser beaucoup de liberté à ses joueurs sur le pré. Trois ans de résultats désastreux plus tard et l’ancien international a viré de bord, comme il l’explique dans les colonnes de l’Equipe. "On a envie d’aller vers des lancements plus directs quand on est en difficulté, pour remettre de la confiance, des repères". Un retour en arrière qui ne fait pas figure d’exception dans le royaume tricolore. Poussé dans ses retranchements, le roi Philippe vacille. La convention LNR/FFR devait dégager une large ossature pour la sélection vice-championne du monde ? Il y a deux semaines, l’ex-manager de Toulon a publié une liste de 74 noms suivis par le staff tricolore !
Pas d'équipe-type chez les Bleus
Hier, douze des trente joueurs protégés sont restés en marge du groupe convoqué en stage de préparation aux tests de novembre. La moitié du groupe parti en tournée en Australie l’été dernier a disparu. Et cinq néophytes ont fait leur apparition. "On est sur un stage de trois jours, on avait envie de relancer des joueurs, de voir des nouvelles têtes, d'évaluer d'autres joueurs. C'était le moment opportun", juge Philippe Saint-André. Les jeunes Teddy Thomas, Charles Ollivon, Xavier Chiocci et Uini Atonio découvriront Marcoussis avec les grands fin septembre. Le moins jeune Rory Kockott aussi. PSA espère que ces louveteaux et son lion sud-africain insuffleront un nouvel état d’esprit à ses troupes, bien moribondes sous son commandement (39% de victoires soit 11/29 matches). "J'ai d'abord envie de voir des mecs qui ne lâchent rien, qui gagnent leurs duels, qui sont capables de marquer un mec sur un plaquage, explique l’ancien centre. Jouer avec l'équipe de France, ce n'est pas un match supplémentaire dans une longue saison, c'est un événement. C'est quelque chose de grand dans leur vie".
A moins d’un an de la Coupe du monde, ce discours interpelle. Quand les Néo-Zélandais ou les Anglais en sont à travailler automatismes et complémentarité dans une hiérarchie dessinée, les Français en sont à chercher des leaders. L’éviction des demi de Agacé par le comportement d’une partie de son groupe en Australie, le natif de Romans a tranché dans le vif. "On a un groupe qui vit bien, tout le monde s'entend bien, mais on est tous jugés sur les résultats et ils sont déficients, déclare en toute franchise celui qui a conquis le titre de champion d’Angleterre avec Sale en 2006. J'attends de certains qu'ils soient plus compétiteurs car on pratique un sport d'affamés".
Saint-André: "La finale du Mondial, mon challenge"
Pour redonner le goût du combat et de la viande au XV de France, Saint-André a donné un grand coup de pied dans la fourmilière. "On veut mettre de la concurrence avec des jeunes à gros potentiel, des éléments qui depuis deux ans démontrent qu'ils font partie des meilleurs comme Rory Kockott et Sébastien Tillous-Bordes, et d'autres qui reviennent en forme comme François Trinh-Duc, Benjamin Fall. On veut aussi voir comment Sofiane Guitoune est revenu après sa grave blessure". Une orientation nouvelle aux airs de va-tout pour le capitaine d’un navire à la dérive. Sûr de son fait, le Goret se cramponne à la barre en attendant que le calme succède à la tempête. "Il me reste 13 mois et deux semaines, j'espère, car ça voudrait dire qu'on est en finale du Mondial. C'est mon challenge. En tant que joueur, je ne lâche rien. En tant qu'entraîneur, les gens me connaissent mal, mais je n'ai jamais rien lâché et je ne lâcherai rien, jusqu'à la finale de la Coupe du monde". Twickenham le 31 octobre 2015, la caravelle tricolore s’est trouvé un cap. Pour l’atteindre, elle devra se transformer en vaisseau de combat.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.