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Nouvelle-Zélande – Australie : le drop en arme fatale

Le drop constitue souvent l’arme fatale des matches à élimination directe, a fortiori en Coupe du monde. Dan Carter l’a prouvé samedi dernier contre l’Afrique du Sud en remettant les All Blacks dans le bon sens face aux dangereux Springboks, une semaine avant la finale contre les Wallabies. Avant lui, Joël Stransky, Stephen Larkham, Titou Lamaison et surtout Jonny Wilkinson s’en étaient servis à bon escient.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Dan Carter, l'ouvreur des All Blacks (MARTIN BUREAU / AFP)

Twickenham, samedi dernier. La Nouvelle-Zélande est menée de cinq points par l’Afrique du Sud en début de seconde période. Cette demi-finale est crispante pour les All Blacks qui évoluent durant 10 minutes à 14 contre 15 suite au carton jaune récolté par Jérôme Kaino. C’est le moment que choisit Dan Carter pour planter un drop plein d’à propos en surprenant la défense adverse. Ce geste instinctif parfaitement maîtrisé de l’ouvreur kiwi permet aux Blacks de revenir à deux petits points de leurs rivaux mais surtout de reprendre le contrôle d’une rencontre qui leur échappait jusque-là. Pour finalement s’imposer 20-18 soit moins que les trois points que rapporte un drop-goal.

"Bala", Lescarboura, Lamaison: la France à l'honneur

Le gaucher au pied d’or (33 ans) s’est probablement remémoré la mésaventure subie huit ans auparavant, sur la pelouse du Millennium Stadium de Cardiff, lors d’un quart de finale très serré contre la France (18-20). La meilleure équipe du monde avait alors négligé le drop pour arracher la victoire en cherchant à tout prix à inscrire un essai aux Bleus, admirables en défense. Ces 20 dernières minutes, Carter les avaient passées sur le banc, sorti sur blessure. Son remplaçant Nick Evans n’avait pas tenté de gagner le match au pied, une erreur assumée ensuite par le jeune capitaine Richie McCaw qui avoua n’y avoir pas pensé, respectant scrupuleusement le plan de jeu établi avant le match.

Or un drop est une pure action de rugby. En France, on le sait depuis longtemps. Pierre Albaladejo avait été le premier à réussir trois drops dans un match international, le 9 avril 1960 contre l’Irlande dans le cadre du Tournoi des V Nations. Le Dacquois sera égalé par un autre Landais, Jean-Patrick Lescarboura, recordman des drops réussis sous le maillot du XV de France (15) et auteur d’un triplé à l’Arm’s Park en 1982 qui avait fait taire les cœurs de Cardiff. Un troisième natif des Landes, Christophe Lamaison de Peyrehorade, claque lui deux drops déterminants le 31 octobre 1999 à Twickenham lors du retournement de situation le plus improbable de l’histoire du rugby (43-31 pour les Bleus).

Stransky, l'oeuvre d'une vie

Le drop a souvent été décisif en Coupe du monde, sauvant une équipe mal embarquée où enfonçant le clou lors de fins de matches sous haute tension. Comment oublier que le premier sacre des Springboks en 1995 fût l’œuvre de Joël Stransky ? Ce jour-là, sous les yeux de Nelson Mandela et de tout un peuple enfin réuni, le demi-d’ouverture sud-africain passe deux drops dont celui de la gagne dans la prolongation (15-12) tandis que son vis-à-vis Andrew Mehrtens avait manqué sa tentative auparavant…

A quoi tient un match parfois ? A ce geste pas si évident à réaliser lorsque le contexte est tendu comme jamais. Stephen Larkham peut en témoigner. Lors d’une demi-finale étouffante entre l’Australie et l’Afsud en 1999, le génie des Wallabies avait enquillé un drop de plus de 50 mètres pour offrir la victoire aux Wallabies en prolongation alors qu’il avait échoué quelques minutes avant de plus près et qu’il n’était pas du tout un spécialiste. Bernie (son surnom) n’avait d’ailleurs jamais réussi un drop au cours de sa riche carrière internationale !

Jonny Wilkinson a de son côté inscrit le drop le plus célèbre de l’histoire du Mondial et peut-être de l’histoire du rugby. Au bout du bout d’une prolongation stressante face à l’Australie qui avait l’avantage d’évoluer à Sydney, Wilko claque un drop du pied droit, son pied le moins adroit, qui scelle le triomphe du XV de la Rose (20-17). L’ouvreur anglais, qui avait déjà enquillé trois drops contre la France en demi-finales, sera anobli par la reine quelques semaines plus tard pour ce geste technique passé à la postérité.

De Beer, cinq drops en 30 minutes !

Mais le nom de Monsieur drop doit forcément revenir à Jannie de Beer. Le Sud-Africain n’a connu que 13 sélections sous le maillot vert et or, mais il a rencontré la gloire un soir d’octobre 1999 au Stade de France. Contre l’Angleterre toujours accrocheuse, le costaud demi-d’ouverture bok va rentrer pas moins de cinq drops –dont certains de 45 mètres- en une demi-heure, débloquant un choc cadenassé avant le final en fanfare (44-21). Ce jour-là, l’enfant de Welkom est entré dans la légende du rugby en rappelant à tous que le drop goal demeure très souvent l’arme fatale quand il s’agit de débloquer une partie serrée. Dan Carter, Bernard Foley ou Matt Giteau sauront-ils s’en souvenir samedi ?

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