Nouvelle-Zélande-Canada : Jonah Lomu attend toujours son successeur
23 essais en 26 sélections. Rieko Ioane possède des statistiques qui ressemblent à ses charges : monstrueuses. Et pourtant, les chiffres n'ont jamais constitué un passe-droit chez les All Blacks. Cela se saurait. La moindre méforme, la moindre blessure, le moindre écart de conduite, et un autre joueur sorti du vivier inépuisable du rugby kiwi prend votre place. Peu importe vos états de service. Et c'est particulièrement vrai pour le poste d'ailier, traditionnellement très exposé depuis l'éclosion de Jonah Lomu. Rieko Ioane, donc, est passé de quelques mois du statut de nouvelle terreur au banc des remplaçants.
Rien n'est inéluctable pour ce joueur de 22 ans, toujours le plus jeune du groupe de Steve Hansen au Japon, mais qui s'est déjà heurté à la féroce concurrence qui sévit au poste d'ailier chez les hommes en noir. Il n'est pas le premier, il n'est pas sans doute le dernier. Ils sont en effet nombreux à avoir été catalogués comme "le nouveau Jonah Lomu" mais aucun, jusqu'ici, n'a tenu la distance. Sitiveni Sivivatu, Waisake Naholo, Julian Savea et maintenant Rieko Ioane, tous ont un jour été comparés au regretté Jonah, mort à 40 ans le 18 novembre 2015. Tous ont eu leur heure de gloire et ont compilé des stats affolantes sous le maillot à la fougère. Mais tous se sont rapidement consumés.
Un modèle en voie d'extinction
La vérité est, tout d'abord, que Lomu était unique. Souvent imité, jamais égalé. Aucun de ces ailiers, aussi forts soient-ils, n'est parvenu à allier ce cocktail de vitesse et de puissance qui avait explosé à la face du monde lors de l'inoubliable demi-finale de Coupe du monde 1995 où un jeune numéro 11 de 100 kilos, courant le 100m en moins de 11 secondes, renversait le XV d'Angleterre à lui tout seul (4 essais).
Ensuite, il en va de l'évolution du rugby où la Nouvelle-Zélande, comme les autres nations fortes, privilégie désormais les ailiers complets plutôt que les purs finisseurs, capables de faire lever un stade sur un exploit personnel mais à la défense parfois suspecte. Des joueurs moins flashy comme George Bridge ont désormais la préférence du sélectionneur Steve Hansen. Ce choix, les résultats sont là pour le prouver, a donné raison au coach néo-zélandais. Jonah Lomu restera peut-être longtemps sans héritier. Et c'est peut-être aussi bien ainsi.
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