XV de France : trois rustines pour un espoir ?
Un rafistolage sans conviction. Voilà comment peut se résumer le choix d’un staff français bien dépourvu au moment de composer un XV de France promis à la débâcle dans deux jours au Millenium Stadium.
Tillous-Borde de titulaire à coiffeur
Comment expliquer que certains titulaires choyés par PSA depuis le début de la préparation au Mondial soient subitement écartés sinon par leur rendement insuffisant ? Saint-André avait fait de Damien Chouly son capitaine de touche. Il avait également privilégié l’option Sébastien Tillous-Borde à la mêlée pour sa capacité à défendre comme un avant et son punch offensif. Et puis il s’était convaincu que la puissance dévastatrice de Mathieu Bastareaud serait l’atout numéro 1 des Bleus en attaque pour perforer les défenses les plus coriaces.
Résultat ? Le coach français n’a pu qu’être déçu devant les prestations du troisième ligne clermontois, reculant le plus souvent à l’impact. Il a pu voir les limites du demi-de-mêlée toulonnais, incapable de cornaquer son pack pour en tirer la quintessence, et il a écarté le coffre à ballons varois pour ses carences en défense et sa lenteur.
Exit aussi Benjamin Kayser et Alexandre Flanquart, pourtant pas plus mauvais que d’autres mais supplantés par l’expérimenté Dimitri Szarzewski et par le puncheur Yannick Nyanga qui se sont pourtant contentés de miettes depuis le début de l’aventure.
Un manque criant de solutions
"Mathieu (Bastareaud) va apporter sa puissance", a confié Philippe Saint-André qui justifie son choix d’un impact player alors qu’il en avait fait un titulaire en puissance. Il s’agit bien d’une reculade. Lors du dernier Tournoi des VI Nations, le centre formé à Massy avait débuté contre l’Ecosse et l’Irlande avant d’être déjà relégué sur le banc pour les autres matches, engoncé dans un rôle de joker.
"Morgan (Parra) est un gros compétiteur", a encore assuré l’ancien entraîneur de Sale. "On connait son leadership qu’il est capable d’avoir avec les avants". Encore une volte-face puisque le Messin était jusque-là réduit à un rôle de boosteur pour la dernière demi-heure. "Tous les matches sont différents. Sébastien (Tillous-Borde) n’a pas fait un mauvais match. Après, il n’a pas été trop aidé car on n’était pas dans l’avancée (contre l’Irlande, NDLR)", a justifié PSA qui s’est gardé en réserve l’ancienne charnière du Castres Olympique, Kockott-Tales, au cas où ça tournerait vinaigre.
Sinon, pas grand-chose de révolutionnaire. Noa Nakaïtaci et Wesley Fofana conservent leur place malgré la médiocre copie livrée dimanche dernier. Ni Grosso ni Guitoune n’ont trouvé grâce aux yeux du staff qui s’est tiré une balle dans le pied en ne retenant ni Trinh-Duc, ni Mermoz ni Médard dans les 31. Il y a quatre ans, les deux premiers avaient pourtant terminé la Coupe du monde en boulets de canon non sans avoir convaincu Marc Lièvremont sur le tard. Le XV de France, en manque de leaders et de créateurs derrière, aurait eu bien besoin de ces talents au caractère bien trempé, Frédéric Michalak ne pouvant décemment pas tout faire...
Philippe Saint-André se rend compte aujourd’hui du manque de solutions dont il dispose pour former une ligne d’attaque cohérente et ambitieuse. Il se contente de choix par défaut, et la plupart des joueurs alignés ne répondent pas aux attentes. Et maintenant, il est bien tard pour réagir.
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