Départ de Guy Novès du XV de France : une décision qui pourrait "déchirer" le rugby français, selon Serge Blanco
Pour l'ex-président de la Ligue nationale de rugby, l'éviction du sélectionneur de l'équipe de France témoigne d'un "mal-être" profond qui "dure depuis plusieurs années". Selon lui, les joueurs sont également responsables de la situation.
Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby (FFR) doit officialiser mercredi 27 décembre le départ de Guy Novès de son poste de sélectionneur du XV de France. Invité de franceinfo, Serge Blanco, ex-joueur du XV de France et ancien président de la Ligue nationale de rugby (LNR), a estimé que ce renvoi annoncé témoigne d'un "mal-être" et pourrait "déchirer" le rugby français. Pour l'ancien international bleu, "les joueurs sont les premiers à devoir réagir".
franceinfo : Que vous inspire ce renvoi annoncé de Guy Novès ?
Serge Blanco : Il n'y a pas de communication entre le président de la Fédération [française de rugby, Bernard Laporte] et Guy Novès. Je ne voudrais pas m'avancer, mais je crois que Guy n'a pas été encore averti par le président qu'il a été déchargé de ses fonctions. Il faut se poser les véritables questions, à savoir si on est capables d'avoir des joueurs susceptibles de relever le défi pour que cette équipe de France ait un autre visage. Il y a beaucoup de questions à se poser : que doit-on faire au niveau de notre championnat ? Comment mettre les joueurs dans de meilleures conditions ? Comment peut-on laisser du temps libre aux entraîneurs pour être efficaces en équipe de France ? Le mal-être est profond et il dure depuis plusieurs années.
Un bilan de 13 défaites en 21 matches pour Guy Novès, ne faut-il pas faire quelque chose ?
Bien sûr, on peut toujours faire quelque chose. La preuve : le président [Bernard Laporte] va le faire. Maintenant, la problématique est de savoir si nous serons assez forts et assez intelligents pour avoir une équipe de France qui deviendra une grande équipe et une équipe gagnante. Nous avons un tournoi [des six nations] qui s'annonce difficile. Le fait de changer des hommes à la tête du XV de France peut être un électrochoc. Mais je pense que dans la continuité, nous avons une tournée qui va se révéler très difficile en Nouvelle-Zélande au mois de juin. Nous sommes dans des cycles dans lesquels les joueurs sont les premiers à devoir réagir et où on ne doit pas uniquement changer l'entraîneur.
C'est vous qui aviez choisi Guy Novès, entre temps Bernard Laporte a été élu à la tête de la Fédération. N'y a-t-il pas une logique à ce qu'il choisisse le sélectionneur ? On sait que les relations entre les deux ne sont pas très chaudes.
Vous touchez du doigt la problématique. Il y a eu des déclarations faites par Bernard Laporte. Il avait annoncé avant même de devenir président que s'il le devenait, il licencierait Guy Novès. C'est une petite aventure qui continue, c'est une histoire qui est en train de déchirer le rugby français. Espérons que les remplaçants puissent faire mieux. Aujourd'hui, la décision est prise. Il faut maintenant se tourner vers l'avenir, regarder quelque chose de différent. Si ce sont des règlements de compte, c'est dommage, mais il faut maintenant penser au bien du rugby français. Il n'y a pas que le renvoi de Guy Novès, il y a le fait de choisir les bonnes personnes pour commander le XV de France. Il y a dû y avoir des tractations avec certains présidents de club pour qu'ils puissent lâcher leurs joueurs. On est dans une véritable négociation qui n'a pas l'air de porter ses fruits. C'est une situation en milieu de saison qui peut perturber le rugby français.
On se dirige vers un ticket Jacques Brunel (manager de Bordeaux-Bègles) et Fabien Galthié (entraîneur de Toulon), est-ce un choix pertinent ?
Il ne faut pas regarder le choix des personnes, la problématique n'est pas là. Si on commence à vouloir révolutionner le rugby en contestant les choix humains, on ne s'en sortira pas. C'est la façon dont cela a été amené, la façon dont cela a été perçu. Et surtout c'est la possibilité qu'on va donner à ces personnes d'œuvrer normalement et d'avoir des résultats. Aujourd'hui, on est obligés d'avoir des résultats, nous sommes à deux ans d'une Coupe du monde. On sait pertinemment qu'on ne peut pas sacrifier un tournoi ou une tournée. On peut toujours faire des miracles. Le rugby est un sport exceptionnel. Le fait de pouvoir changer une motivation et une vision future pour les joueurs peut permettre de renverser des montagnes. Mais aujourd'hui il faut avoir un socle, et ce socle, on ne l'a pas avec des anciens qui sont susceptibles d'aider les jeunes à monter. Aujourd'hui, nous sommes en pénurie de joueurs de qualité.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.