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Gare aux gaffes pour les politiques fans de sport

Rencontrer des sportifs et montrer son amour du sport fait partie du job d'un chef d'Etat. Mais attention aux faux-pas, les objectifs et les caméras ne sont jamais loin...

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
L'international anglais de rugby Manu Tuilagi (au fond à droite) fait des oreilles de lapin à David Cameron lors d'une photo officielle, le 16 septembre 2013 à Londres (Royaume-Uni). (SANG TAN / AP / SIPA)

"Pas besoin de vous excuser, c'était marrant." Sur son compte Twitter, le Premier ministre britannique David Cameron s'est montré magnanime envers le rugbyman de la sélection anglaise Manu Tuilagi, qui lui a fait des oreilles de lapin sur le perron du 10 Downing Street, lundi 16 septembre.

La photo a fait le tour du monde, et plusieurs sommités du ballon ovale britannique ont durement tancé le facétieux rugbyman. Tuilagi s'est déjà rendu célèbre pour avoir sauté d'un ferry pour rejoindre le port à la nage, lors de la dernière Coupe du monde 2011 en Nouvelle-Zélande. Une nouvelle preuve que le sport est définitivement un terrain glissant pour les politiques soucieux de parfaire leur image.

Les oreilles de lapin, l'apanage des hommes politiques sympas

David Cameron n'est pas le premier chef d'Etat à s'être fait surprendre sur une photo. Et pourrait même se montrer flatté : ça n'arrive qu'à des présidents réputés cools. L'été dernier, Barack Obama avait subi pareille mésaventure en recevant les basketteuses de l'université du Connecticut. "Le président Obama est un type enjoué, s'est justifié Stefanie Dolson sur SNYUConn.com (en anglais). Il n'a pas arrêté de plaisanter. Quand on a pris la pose pour la photo, il s'est retourné et a dit : 'N'essayez pas de me faire des oreilles de lapin !' Moi et mes coéquipières, on se demandait : 'On ose ?' Au début, on a pris des photos, puis on a mis nos doigts derrière sa tête. C'était drôle, c'était un bon moment. (...) Bien sûr, des gens vont trouver cela irrespectueux, mais ça n'était pas mon intention. J'espère qu'il s'en est rendu compte. C'était une blague."

Deux joueuses de l'équipe de basket de l'université du Connecticut font des oreilles de lapin à Barack Obama, lors d'une réception à la Maison Blanche, le 31 juillet 2013.  (CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Autre président sympa affublé d'oreilles de lapin, Bill Clinton. C'est lors de sa visite dans le vestiaire de l'équipe universitaire de Louisville, en 2013, qu'il a eu droit à cette surprise signée Chane Behanan. Ce dernier raconte ensuite à CBS (en anglais) : "Je suis comme ça avec tout le monde. Moi qui croyais ne jamais rencontrer de président ! Mais là, Bill Clinton, il est trop swag. Je ne sais pas si le terme est approprié..."

Attention à l'attentat patriotique

Les hommes politiques étant en permanence pris en photo, certains petits malins essayent de profiter de leur notoriété pour faire passer des messages. François Hollande en visite sur le terrain au Mali, pendant l'intervention militaire française, s'est fait alpaguer par un officier fan du club de rugby de Clermont. Le président de la République, longtemps député de Corrèze et donc supporter du CA Brive, ennemi juré de Clermont, a pris la pose devant un fanion du club auvergnat, relève La Montagne, photo à l'appui. Mais a expliqué qu'il aurait "des problèmes diplomatiques" s'il ramenait le drapeau en France. 

Angela Merkel s'est aussi retrouvée en fâcheuse posture. La chancelière allemande, supportrice de toujours de l'Energie Cottbus, un club de foot de l'Est, a reçu en cadeau une écharpe du club de Schalke 04 par le gouverneur du coin après une victoire électorale. Observez sa réaction, qui respire la joie. 

La chancelière allemande Angela Merkel découvre une écharpe aux couleurs de Schalke 04, le 9 mai 2012.  (WOLFGANG RATTAY / REUTERS)

Plus insidieux encore, l'attentat patriotique en tribune officielle. Il est l'œuvre du Premier ministre écossais Alex Salmond, qui, lors de la finale de Wimbledon remportée par Andy Murray cette année, a brandi un grand drapeau écossais dans la tribune officielle, note le Daily Mail (en anglais). Juste derrière David Cameron, histoire de rappeler que Murray est écossais avant d'être britannique. Et alors qu'un référendum capital sur l'indépendance de l'Ecosse se profile en 2014...

Le pire : la photo qui tue

Beaucoup d'Américains n'ont retenu que cette photo du passage de George W. Bush aux Jeux de Pékin, en 2008. 

Le président américain George W. Bush donne une tape dans le dos à la volleyeuse Misty May-Treanor, aux JO de Pékin (Chine), le 9 août 2008.  (LARRY DOWNING / REUTERS)

C'est la joueuse de beach-volley Misty May-Treanor qui lui a demandé : "Est-ce que monsieur le président veut...?" Contrairement à ce qu'on pourrait croire au premier abord, elle souhaite que George Bush lui donne une tape sur les fesses, signe de camaraderie entre équipiers après un point victorieux. Conscient que tous les objectifs de la planète sont braqués sur lui, Bush se contente, prudemment, d'une tape dans le dos, relève le Los Angeles Times (en anglais). L'agence de presse Reuters, qui légende d'abord le cliché par "une tape sur les fesses", envoie un correctif huit minutes plus tard, avec le mot IMPORTANT en majuscules, et "tape dans le dos" comme nouvelle légende. Bush a minimisé l'évènement : "Je n'ai pas pris ça très au sérieux. J'imagine que tout ce que le président fait est intéressant..."

Même un président s'adonnant aux joies d'un sport inoffensif n'est pas à l'abri de faire les gros titres. Prenez Jimmy Carter, qui lors d'une partie de pêche en 1979 a vu un lapin foncer sur son embarcation. Il l'a repoussé à coup de rame. L'incident, immortalisé par un photographe de la Maison Blanche, aurait pu rester secret. Jusqu'à ce que le porte-parole de la présidence s'épanche, en off, à quelques journalistes, sept mois plus tard. Le lendemain, le titre "President attacked by a rabbit" barre la une du Washington Post. Il faudra attendre que Ronald Reagan succède à Carter, en 1981, pour enfin avoir les photos de l'incident...

Le président américain Jimmy Carter repousse un lapin à l'aide de la rame de son bateau, lors d'un séjour en Géorgie (Etats-Unis), le 21 avril 1979. (ANONYMOUS / AP / SIPA)

Jusque-là, ces accidents fâcheux étaient l'œuvre de photographes extérieurs. Reste la pire des photos qui tuent, le suicide médiatique par Instagram. Un cliché du chef de la gauche suédoise, Lars Ohly. Amoureux du club de Liverpool, il a photographié son mollet tatoué aux couleurs du club sur les réseaux sociaux.

Une première photo où il remonte son pantalon, et une autre où il dévoile une partie assez intime de son anatomie. Ce qui n'a pas eu l'air de l'émouvoir plus que ça : "Ah ah, j'ai accidentellement posté sur Instagram une photo qui montrait plus que je ne l'aurais voulu. C'est corrigé maintenant." 

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