Mondial de rugby 2023 : quatre questions sur la candidature de la France
"On a marqué les esprits", a estimé le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte. Il faisait partie de la délégation tricolore venue défendre, à Londres, la candidature de la France à la Coupe du monde de rugby en 2023.
La candidature de sa capitale a été retenue pour les Jeux olympiques de 2024. La France aura-t-elle autant de succès pour décrocher l'organisation de la Coupe du monde de rugby en 2023 ? Décidément boulimique, le pays a défendu sa candidature, lundi 25 septembre à Londres, devant World Rugby. L'organisme international en charge de la compétition rendra son verdict le 15 novembre.
"On a marqué les esprits", a asséné le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte, tout sourire. C'est oublier un peu vite qu'il reste aussi en lice l'Irlande et l'Afrique du Sud. Analyse des chances de la candidature tricolore autour de quatre questions.
Où les matchs se joueraient-ils ?
Neuf villes ont été retenues dans le dossier de candidature de la France pour accueillir les matchs de la Coupe du monde 2023. Les élues sont Lille (stade Pierre-Mauroy), Nantes (La Beaujoire), Bordeaux (Matmut Stadium), Toulouse (Stadium), Marseille (Vélodrome), Nice (Allianz-Riviera), Lyon (Parc OL), Saint-Etienne (Geoffroy-Guichard) et Saint-Denis (Stade de France).
En revanche, Paris a été écarté. Le comité de candidature souhaitait retenir le Parc des Princes, mais n'a pu obtenir l'accord de la mairie de Paris, liée par une convention d'occupation à QSI. Or le propriétaire qatarien du club de football du Paris Saint-Germain refuse la tenue de matchs de la Coupe du monde 2023 dans le stade. La ville de Paris a néanmoins été retenue comme ville hôte de la compétition, même si elle n'accueillera pas de matchs.
Combien ça coûterait ?
Quel sera le coût de l'organisation de cette (éventuelle) Coupe du monde de l'Ovalie ? "300 millions d’euros", affirme le directeur de la candidature, Claude Atcher au Figaro. Le coût se décompose ainsi, selon lui : "135 millions d'euros de redevance à verser à World Rugby et environ 150 millions d'euros de frais d’organisation". Des chiffres en tout cas très inférieur au coût de l'organisation des Jeux olympiques de 2024, évalué à plus de six milliards d’euros (dont la moitié pour les infrastructures).
Eventuelle cerise sur le gâteau, la Coupe du monde de rugby 2023 pourrait en outre dégager 500 millions d'euros de recettes, "donc, au minimum, 200 millions d'euros de bénéfices", assure Claude Atcher.
Quelles sont les faiblesses de la France ?
Bernard Laporte est visé par une enquête administrative pour favoritisme. Première faiblesse, le projet est porté avec flamme par Bernard Laporte, ancien ministres des Sports et actuel président de la Fédération française de rugby. Mais celui-ci est affaibli puisqu'il est visé par une enquête administrative du ministère des Sports pour soupçon de favoritisme (au profit du Montpellier Hérault Rugby). Certes, la ministre des Sports Laura Flessel était bien à ses côtés, lundi 25 septembre à Londres, pour défendre la candidature française, mais Emmanuel Macron n'était pas là.
Emmanuel Macron n'a pas manifesté son soutien. Pire encore, le président de la République n'a même pas manifesté son soutien en vidéo. A l'inverse, il s'était démultiplié pour décrocher les Jeux olympiques, et s'était déplacé à Lausanne (Suisse) pour vendre Paris 2024 au Comité olympique international. Son entourage assure pourtant au Monde qu'il ne faut pas y voir malice : cette absence "ne remet absolument pas en cause le soutien du gouvernement à la candidature française". Quant au Premier ministre, Edouard Philippe, il n'a pas davantage fait le déplacement.
Le risque terroriste joue. Les attentats de Paris ou de Nice sont évidemment restés présents à l'esprit des dirigeants de World Rugby, qui décideront de l'attribution de cette coupe du monde 2023. Durant la présentation, la délégation tricolore a d'ailleurs été questionnée sur le sujet. "Le risque zéro n'existe nulle part, a expliqué Bernard Laporte à la presse, mais le fait d'avoir les JO 2024 offre des garanties, comme l'Euro 2016 qui s'est bien passé."
Quelles sont ses forces ?
Une criminalité bien moindre qu'en Afrique du Sud. Organisatrice de la Coupe du monde 2010, l'Afrique du Sud possède désormais les stades nécessaires et en bon état, l'infrastructure hôtelière requise, et un climat idéal pour l'organisation du tournoi. "Mais le contexte socio-politique difficile pourrait avoir raison, une nouvelle fois, des espoirs sud-africains", analyse L'Equipe, "dans un pays où la criminalité et la corruption sont deux fléaux". La France apparaît dans ce contexte comme un pays plus sûr.
Un meilleur réseau de transports qu'en Irlande. L'Irlande est la seule des trois nations candidates à n'avoir jamais organisé la compétition (Paris avait déjà organisé le tournoi en 2007). Dublin vante son authenticité, des prix de billets peu élevés (15 euros par place) et surtout, la capacité du pays à développer le goût du rugby en Amérique du Nord, forte d'une diaspora de 40 millions d'Américains d'origine irlandaise, explique L'Equipe. En revanche, "le réseau de transports est le vrai point noir de la candidature". La France détient un avantage compétitif avec un réseau développé, qui devrait être encore être amélioré en région parisienne d'ici 2023 en vue des Jeux olympiques.
Des garanties financières meilleures que ses deux concurrents. Dans Le Figaro, Claude Atcher assène le coup ultime : "Nous apportons des garanties financières, des recettes commerciales, télé et billetterie que n’apportent ni l’Irlande ni l’Afrique du Sud." Et d'ajouter : "Rappelons aussi que 70 % des droits télé d’une Coupe du monde proviennent de la France et de l’Angleterre..." A bon entendeur...
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