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Entre Fédérale 1 et Pro D2, Albi au cœur d'un imbroglio qui laisse le club dans le flou

Alors que l’accession en Pro D2 semblait promise au SCA, le club du Tarn est encore dans l’incertitude quant à son avenir rugbystique. Avec l’arrêt des championnats amateurs par la FFR et le souhait de la LNR de repartir avec les mêmes 30 clubs professionnels, Albi pourrait être l’un des grands perdants de la crise du Covid-19. Plus que sur les terrains, les enjeux liés aux retombées économiques sont impératifs pour les Jaunes et Noirs qui disposent d’une structure professionnelle dans un championnat au penchant amateur.
Article rédigé par Jules Boscherini
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA)

Les fantômes de la demi-finale perdue face à Rouen oubliés, une place de meilleure équipe nationale acquise sur le terrain, les Albigeois pensaient écrire leur futur à l’échelon supérieur. Seulement, verra-t-on le Sporting Club Albigeois évoluer en Pro D2 ? Rien n'est moins sûr. Car l'arrêt de la saison, en raison du Covid-19, laisse planer bien des questions, avec en toile de fond, les querelles entre Fédération française de rugby (FFR), qui gère le niveau Fédéral, et la Ligue nationale de rugby (LNR), qui s'occupe des championnats de Top 14 et de ProD2. La première a décidé de faire monter les meilleures équipes au niveau supérieur, la deuxième ne veut pas d'accession ni de relégation, et les 16 clubs de Pro D2 ont affiché leur volonté de rester à 16. Au milieu, Albi, et Massy.

Contraint d’arrêter les activités liées au rugby et d’instaurer un chômage partiel, le président du SCA, Alain Roumegoux, veut croire à un rebond favorable : "On avait planifié une reprise à la fin du mois, mais je pense que le chômage partiel va être prolongé jusqu’à fin juin. On se prépare pour la nouvelle saison avec certaines incertitudes puisque la montée en Pro D2 n’est encore pas entérinée." La Ligue Nationale de Rugby rendra son verdict mercredi et un résultat favorable sonnerait comme un soulagement. À l’inverse, un maintien en Fédérale 1 serait durement vécu, notamment sur le plan économique.

"Personne n’a le modèle économique pour ne pas jouer "

Sportivement, Albi a montré que sa place n’était pas en Fédérale... Avec 17 victoires pour 1 défaite, 702 points marqués et seulement 187 encaissés, les Jaunes et Noirs ont surfé sur la vague. Mais la LNR ne veut pas de Pro D2 à 18 (deux poules de 9 équipes), conséquence de l'accession des deux promus, et compte bien rester avec une poule unique à 16 équipes. "Si cela n’est pas possible, nous essayerons de garder la structure professionnelle mais il va falloir revoir le club d’une façon différente. Les conditions économiques risquent d’être difficiles pour le début de la prochaine saison...", estime le président du club.

Ayant débuté l’exercice 2019-2020 avec 3,5 millions de budget total, le SCA dispose de deux prévisionnels pour la saison à venir. Mais les incertitudes liées à la crise sanitaire ne garantissent pas de repartir avec le même budget. La menace d’une réduction de la masse salariale plane sur les Tarnais qui ont toujours des charges fixes sans rentrée d’argent : "Il ne faut pas non plus que ça dure une éternité... Au delà de septembre, cela deviendra très compliqué pour l’ensemble des clubs car personne n’a le modèle économique pour ne pas jouer !" assène l’homme fort des Albigeois.

Une économie fortement menacée

Même si Albi fait partie des pointures de la compétition reine de la FFR, la Fédérale 1 ne dispose pas d’une assez grande couverture médiatique pour offrir des revenus conséquents en terme de droits tv. Canal+ a acquis l’intégralité des droits de la Pro D2 pour près 8 millions d’euros à partir de la saison prochaine quand, dans le même temps la chaîne L’Équipe détient encore les droits de la Fédérale jusqu’en 2021 mais ne diffuse qu’un match par journée. La FFR soutient les clubs dans leur démarche et pour parvenir à ses fins, elle aurait proposé à la LNR de prendre à sa charge le montant des droits de TV, environ 3,4 millions d’euros, pour les deux clubs promus (Albi serait accompagné de Massy).

  (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA)

Et l’incertitude autour d’une reprise à huis clos vient jeter un froid sur les ambitions des Cathares. "Je ne peux pas concevoir de jouer à huis clos ! Notre modèle économique repose sur les matchs", surenchérit Alain Roumegoux qui préfèrerait repousser le début de saison plutôt que de devoir subir les conséquences désastreuses de jouer sans supporters.

A Albi, comme dans beaucoup de clubs de rugby français, la billetterie est vitale. Avec ses 14 573 places et des abonnements allant de 40 à 200€, la recette du Stadium représente 80% du budget d’Albi. Entre les abonnés annuels, les entrées uniques et les nombreuses entreprises partenaires, il est donc plus que primordial pour le SCA de bénéficier de son public. L’économie du club tourne à tel point autour de sa billetterie que le président avait mis en place un « club affaire » disposant de la majorité des abonnements annuels. Un financement de ses partenaires qui permettait donc à Albi de boucler son budget, d’autant plus menacé aujourd'hui que les partenaires font également face à cette crise et sont eux aussi, privés de rentrée d’argent.

Un avenir en pointillé

Pour Mathieu André, le capitaine, "la seule issue possible à la saison est la montée car nous avons eu des résultats." Le maintien passerait mal : "Moralement ça serait une énorme déception ! Ce sera très difficile à digérer si nous ne redémarrons pas en Pro D2 mais le groupe devra accepter la décision et aller de l’avant", enchaîne-t-il. 

La santé des joueurs, une problématique de plus que le président n’omet pas. "Maintenant que la saison est finie, je pense qu’il va y avoir un certain relâchement et si l’on parvient à une reprise, les joueurs auront passé au moins 4 mois sans jouer. Il faudra du temps pour qu’ils retrouvent un niveau de compétition..." Tant d'incertitudes dans le ciel albigeois.

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