La Pro D2 en recherche de ses modèles
+ UNE SANTE PRECAIRE
A l'image de leurs grands frères du Top 14, les clubs de Pro D2 ont tendance à vivre au-dessus de leurs moyens. Ainsi, selon un rapport de la Direction nationale d'aide au contrôle de gestion (DNACG) paru en juin 2013, 15 clubs sur 16 affichaient un déficit au terme de l'édition 2011-2012, pour une perte nette moyenne de 325.000 euros. Une situation ancienne, qui devrait se poursuivre en 2012-2013 comme l'indiquent les récentes difficultés de Dax, Narbonne ou encore Carcassonne. Le président de Tarbes Jean-Pierre Davant avance comme piste d'explication le douloureux passage au professionnalisme: "ça se traduisait à chaque fin de saison par des déficits considérables et par une course effrénée à la recherche de partenaires pour combler le déficit." Le club bigourdan a donc d'urgence dû assainir ses finances pour continuer à fonctionner, "une mutation pas facile à réaliser mais nécessaire pour maintenir les clubs de Pro D2 dans les villes moyennes." Le Lyon olympique universitaire (LOU), relégué de Top 14 en Pro D2 en mai 2012, a lui dû se résoudre à réduire sa masse salariale cette saison, après avoir échoué à remonter en dépit d'un budget important. "Il faut faire face à une réalité économique qui fait qu'on ne peut pas dépenser plus que ce que l'on a, souligne le président du LOU, Yann Roubert. On a aussi pas mal de partenaires qui indépendamment du rugby sont en crise et on est parfois victime d'arbitrages."
+ DES RESSOURCES INSUFFISANTES
A l'inverse du Top 14, et alors même que les audiences télévisées et dans les stades progressent, la Pro D2 peine à prendre du poids économiquement. Ainsi, pour l'exercice 2013-2014, le budget prévisionnel moyen reste stable, autour de 5,78 millions d'euros, quand le Top 14 affiche une croissance de 6,87 % pour un budget moyen de 19,45 millions d'euros. Surtout, l'écart entre les deux divisions ne cesse de croître puisque si le chiffre d'affaires moyen d'un club de Top 14 était 2,2 fois supérieur à celui d'un club de Pro D2 en 2007-2008, le différentiel grimpe à 3,36 aujourd'hui. Si le sponsoring est la principale ressource des clubs, la structure générale des budgets selon le rapport de la DNACG révèle aussi l'importance des subventions des collectivités locales et surtout des reversements de la Ligue qui représentent 18% du CA en 2011-2012. Une somme qui provient principalement des droits télé et marketing... du Top 14 et frôle le million d'euros par club en moyenne. "Evidemment que l'on est, comme tous les autres clubs, très dépendants de ces versements", abonde Yann Roubert, qui bénéficiait en outre l'an passé d'une enveloppe de 300.000 euros pour amortir la chute de Top 14 à la Pro D2.
+ UNE AFFAIRE DE BASSINS
Pour se développer, les clubs misent d'abord sur leurs bassins économiques, de taille réduite pour certains clubs "historiques" du rugby français. Dont Tarbes qui "s'est beaucoup désindustrialisé" comme le souligne M. Davant. A l'avenir, le président de la Ligue nationale de rugby Paul Goze juge donc inéluctable l'arrivée dans les divisions professionnelles de grandes métropoles comme Nantes et Lille. "Si on regarde à 10 ans, 15 ans, c'est une évolution qui se produira, assure-t-il. C'est souhaitable pour le rugby qui a intérêt à avoir un développement qui lui fasse couvrir tout le territoire." Pour survivre à l'échelon professionnel, les "petites" villes de Pro D2 vont devoir réinventer leur modèle économique, peut-être en osant des fusions entre structures géographiquement proches. Car les versements de la LNR n'augmenteront pas, balaye Paul Goze, même si la possibilité d'une prochaine renégociation à la hausse des droits télé du Top 14 pourrait bénéficier à la Pro D2 qui en toucherait 40%. Une autre piste serait un passage du Top 14 au Top 16, un des dadas de M. Goze qui assure que cela "permettrait à la fois d'avoir une meilleure couverture nationale tout en n'écartant pas certaines villes historiques du rugby."
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