Rugby : 1991, le plan anti Serge Blanco des Anglais
Serge Blanco joue sa dernière Coupe du Monde. Les Anglais ont décidé de rendre hommage au capitaine Français, à leur manière. Ils vont l’agresser pendant toute la partie. "Je ne sais pas si c’est un honneur (rires)," s’amuse-t-il aujourd’hui. "En tout, cas je ne l’ai pas vécu comme tel. "
Le demi d’ouverture Anglais, s’appelle Rob Andrew. Réputé pour son jeu au pied, il monte des chandelles qui semblent ne jamais retomber. Et toujours vers le même adversaire, l’arrière Français : Blanco. Pendant que le ballon monte dans le ciel parisien, les maillots blancs se ruent sur le bleu esseulé au fond du terrain. Serge Blanco est plaqué à retardement, piétiné, chacune de ses récupérations de balle est l’occasion de lui faire mal.
Philippe Sella confirme : "Il y a eu de sales gestes durant la rencontre, de véritables sales gestes. L’arbitrage vidéo n’existait pas. C’était un match pas toujours "correct" (il fait rouler les "r") comme dirait Walter Spanghero. "
Coup de pied dans la tête
L’engagement, c’est une chose, l’agression en est une autre. Alors une fois la surprise passée et la conviction acquise qu’il est une cible, Serge Blanco réagit : "Je me suis révolté à un moment puisqu’Eric Champ est venu à mon soutien et a commencé à bouger, il a donné un petit coup de poing. Moi j’en ai donné un autre et c’est tout juste si nous ne nous sommes pas fait expulser. C’est la bizarrerie de l’arbitrage de temps en temps. "
Mais Blanco n’est pas le seul ce jour-là à subir la violence des Anglais. Ils ont adopté une tactique claire à défaut d’être glorieuse. Faire craquer des Bleus. Ils savent que ce groupe est fragile mentalement et on ne peut pas dire que l’arbitre contrarie beaucoup leurs plans. "Il y a eu un corps arbitral d’une faiblesse volontaire je pense," dit Serge Blanco. "Je me souviendrai toujours de Winterbottom qui met un coup de pied dans la tête de Marc Cécillon juste devant l’arbitre de touche. Il était à un mètre, il n’a pas pu ne pas voir. "
Dubroca saisit l’arbitre par le col
Le match n’est pas beau, pas digne d’un quart de finale de Coupe du Monde. Les Français s’énervent, les Anglais gagnent. Leur tactique était la bonne d’un point de vue purement comptable. "A l’époque, on avait toujours des problèmes avec les arbitres, on était souvent sanctionné, " se rappelle l’ailier Jean-Baptiste Lafond. "On a perdu un paquet de matches du tournoi dans les années 80 soit parce qu’on ne s’adaptait pas, soit parce qu'il y avait un a priori de la part des arbitres britanniques. Ce dont je me rappelle bien ce jour-là, c’est que Daniel Dubroca était l’entraîneur et il avait failli mettre sur la gueule avec l’arbitre à la fin du match, c’était hyper tendu. "
En effet, au coup de sifflet final, Dubroca saisit l’arbitre par le col, ultime épisode déplorable d’une partie lamentable. La France est éliminée mais Serge Blanco trouvera quand même un moyen de se réjouir quelques jours plus tard : "On a bien compris que ce jour-là, on aurait pu jouer 3 heures, 4 heures ou 5 heures, on n’aurait jamais gagné. Les Anglais, ils ont gagné, tant mieux pour eux mais fort heureusement ils n’ont pas été champions du Monde, ils ont perdu en finale contre l’Australie. Quelque part, la logique a été respectée. "
Ce quart de finale a au moins servi à entretenir la rivalité légendaire entre la France et l’Angleterre. Il reste à ce jour, une des confrontations les plus détestables entre ces deux Nations.
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