Rugby : à une marche de redevenir champions du monde, les U20 français peuvent compter sur une expérience rare pour leur catégorie d'âge
Le droit de rêver, encore. Titrés en 2018 et 2019, les joueurs de l'équipe de France des moins de 20 ans ont l'occasion d'accrocher une troisième étoile consécutive à leur palmarès, vendredi 14 juillet à 19h (les éditions 2020, 2021 et 2022 ayant été annulées à cause de la crise du Covid). Face à eux, l'équipe d'Irlande reste sur un Grand Chelem lors du dernier Tournoi des six nations. Un titre qui n'a pas de quoi effrayer le XV de France parce qu'il n'avait perdu que de deux points en Irlande, d'une part, mais aussi parce que ses joueurs disposent d'une expérience du haut niveau impressionnante pour leur âge.
Une habitude des matchs à enjeux
Si son effectif cumule un temps de jeu chez les professionnels assez colossal (8313 minutes cumulées), Philippe Boher entraîneur de la conquête et de la défense de l'équipe de France, souligne que ses joueurs ont développé leur attitude sur le terrain, leur vision de jeu, mais aussi en dehors du pré. "Ce sont des jeunes joueurs mais qui ont déjà une certaine maturité". En pleine force de l'âge, avec un petit supplément d'âme en plus, “une vieille tête sur de jeunes épaules” s'amuse-t-il. Des "vieilles têtes" qui pour certaines ont déjà joué des phases finales de Top 14 ou de Pro D2.
"Ils sont capables d’analyser les rapports de force, de prendre de bonnes décisions, dans un contexte de combat très important, à leur âge." Si certains joueurs ont bénéficié d'une grande exposition cette saison comme Mathis Ferté (1247 minutes avec le Brive), Léo Drouet (816 minutes avec Provence Rugby), Baptiste Jauneau (1027 minutes avec Clermont), Lenni Nouchi (556 minutes avec Montpellier) ou Posolo Tuilagi (628 minutes avec Perpignan), c'est la majorité du groupe, qui jouit d'une connaissance du très haut niveau.
Sur les 23 joueurs présents sur la feuille de match vendredi, seuls six d'entre eux n'ont jamais disputé quelques minutes en pro (Zaccharie Affane, Thomas Lacombre, Lino Julien, Thomas Duchene, Mathis Castro-Ferreira et Arthur Mathiron). Barrés soit par le fait de jouer à des postes qui nécessitent encore un peu plus de maturité, soit par une concurrence de niveau international dans leur club.
"J’ai rarement vu autant de talent rassemblé dans un même groupe, on a vraiment une très belle génération", insiste Philippe Boher qui rappelle que son équipe est privée de deux éléments habituellement moteurs et surtout très expérimentés. Son capitaine, Emilien Gailleton, meilleur marqueur du Top 14 cette année, et son arrière titulaire, Louis Bielle-Biarrey, tous deux retenus avec le XV de France. Les deux joueurs cumulent respectivement 1627 et 1535 minutes chez les professionnels cette saison.
L'incubateur XV de France
Non content de pouvoir compter sur l'expérience acquise par ses joueurs au contact des différents groupes pros auxquels ils appartiennent, l'encadrement des Bleuets peut aussi bénéficier de l'apport du XV de France. En effet, depuis l'arrivée à Marcoussis de Fabien Galthié et de son staff, les U20 sont régulièrement intégrés aux entraînements des "grands" et y sont même confrontés lors d'oppositions directes. Cette saison, l'opération s'est répétée lors de la tournée d'automne, du Tournoi des six nations et même en amont du championnat du monde, au plus grand bonheur de Phillippe Boher, qui salue l'initiative. " Le travail qui est fait en partenariat avec Fabien Galthié et tout son staff est exceptionnel. Pour nous (le staff), mais surtout pour les jeunes."
Un moyen pour les Bleus en devenir de s'imprégner des petits détails du très haut niveau international pour Philippe Boher. "Je crois qu’on a vraiment pris un temps d’avance sur nos adversaires." À l'entraîneur de rajouter. "C’est un booster, un accélérateur de talent et de développement." Certainement aussi une passerelle vers le grand XV de France, à l'orée d'une année post-coupe du monde propice à l'intégration de sang neuf, pour entamer un nouveau cycle. Il va sans dire qu'un titre de champion du monde chez les jeunes le serait certainement tout autant.
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