Rugbymen français accusés de viol en Argentine : des messages vocaux de la plaignante diffusés, son avocate dénonce "une manipulation"

Un quotidien argentin a publié des enregistrements d'un échange entre la plaignante et une amie après sa nuit passée en compagnie d'Oscar Jegou et Hugo Auradou, qu'elle accuse de viols.
Article rédigé par franceinfo
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Hugo Auradou et Oscar Jegou sont transférés de prison vers leur résidence surveillée de Mendoza (Argentine), le 17 juillet 2024. (PABLO BETANCOURT / AFP)

De nouveaux éléments de nature à relancer l'affaire des rugbymen français Oscar Jegou et Hugo Auradou inculpés pour viol en Argentine ? Le quotidien Clarin a publié, vendredi 9 août, des enregistrements vocaux de la plaignante, qui assure avoir subi viols et violences de la part des deux hommes. L'Argentine de 39 ans y échange avec une amie, sur WhatsApp, le 7 juillet, après la nuit passée en compagnie des deux Français. Depuis le début de l'affaire, les joueurs reconnaissent une relation sexuelle consentie, mais démentent tout viol.

Dans ces messages, la plaignante, qui a déclaré à la justice avoir consommé de la marijuana et de l'alcool lors de cette soirée, ne semble pas en pleine possession de ses moyens. Sa voix est traînante, son articulation difficile. Sur le fond, elle remercie son amie de l'avoir incitée à sortir ce soir-là et décrit sa rencontre avec Hugo Auradou. "J'ai rencontré un rugbyman français. Super grand le mec. Trop beau, trop beau. Je suis rentrée chez moi à 9 heures du matin. A 9 heures", dit-elle à son amie, selon une traduction effectuée par Le Parisien. "Quand je sors, j'en profite. Il m'a éclatée. Il m'a éclatée." 

"J'ai un œil au beurre noir, j'ai des bleus partout"

La trentenaire présente le joueur comme "super amoureux", mais décrit des rapports sexuels brutaux. "Il m'a pris la joue et m'a laissé des petits bleus sur le visage, sur la mâchoire, sur le cul, des éraflures dans le dos. Tu n'imagines pas, énorme le petit con", détaille-t-elle. "Il m'a explosée, le mec. J'ai des marques sur le dos, la mâchoire. J'ai un œil au beurre noir, j'ai des bleus partout sur les seins, des marques sur le cul. Il m'a explosée." 

"J'ai dû prendre un Diclofénac [un anti-inflammatoire] parce qu'il m'a explosée. En plus, imagine avec mes dents, qu'il me mette des gifles comme ça… J'ai la mâchoire pleine de bleus", ajoute-t-elle également. En décrivant l'échange entre les deux femmes, le journal Clarin souligne que, "lorsqu'elle détaille ce qui s'est passé, l'amie lui dit qu'elle a vécu une situation violente". La plainte a été déposée quelques heures plus tard, rappelle le média argentin.

Des messages incomplets, selon l'avocate de la plaignante

Pour l'avocate de la plaignante, le contenu des messages vocaux ne contredit pas la thèse du viol. "Il y a 23 messages vocaux au total et seulement quatre ou cinq ont été divulgués, dans le désordre, en étant totalement sortis de leur contexte", s'indigne Natacha Romano dans Le Parisien. "Pourquoi ne pas sortir ceux dans lesquels elle raconte comment Oscar [Jegou] entre dans la chambre et la viole ?"

L'avocate dénonce une "manipulation visant la condamnation sociale de [sa] cliente". Et rappelle que cette dernière est, lors de l'envoi de ces messages, "totalement alcoolisée, sous l'emprise de la drogue et sous l'effet d'au moins deux anxiolytiques".

Une demande de libération des joueurs examinée d'ici lundi

"C'était une conversation intime entre deux amies encore un peu sous l'effet de l'alcool à ce moment-là", rétorque aussi le frère de la plaignante auprès du Parisien. "Ce n'est pas un élément valide en comparaison avec les marques qui apparaissent sur son corps et sont très parlantes", estime-t-il. Un rapport médico-légal réalisé le 7 juillet, jour du dépôt de plainte, fait état de quinze lésions répertoriées sur le corps de la plaignante.

L'avocat argentin des rugbymen français, Rafael Cuneo Libarona, a refusé de commenter la fuite des messages dans la presse. Mais il s'est dit convaincu, jeudi, que ses clients, en résidence surveillée depuis le 17 juillet, allaient "retrouver rapidement la liberté". Il a déposé une demande en ce sens et le juge a jusqu'à lundi pour se prononcer. Si sa demande est acceptée, les joueurs pourront rentrer en France, même si la procédure judiciaire se poursuivra en Argentine.

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