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6 Nations : Benjamin Kayser : « Le mot d'ordre c'est gagner ou apprendre ! »

Une 1re place après 2 journées dans le Tournoi, voilà bien longtemps que les Bleus n’avaient plus connu ça. Et pourtant, grâce à leur succès bonifié face à l’Italie, les hommes de Fabien Galthié se retrouvent, à égalité de points avec l’Irlande, dans le costume de leader pour la première fois depuis 2014. Notre consultant Benjamin Kayser se dit satisfait de ce début de Tournoi des Bleus. De bonne augure pour la suite du Tournoi ?
Article rédigé par Jules Boscherini
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Quel bilan doit tirer l’équipe de France après ces 2 journées dans le Tournoi ?
Benjamin Kayser
 : « Sans tirer de bilan, ce sont deux premières manches plus que réussies. Cela faisait longtemps que l’on avait envie en tant que spectateurs et fans de l’équipe de France de s’enthousiasmer derrière un groupe. La réalité en termes de point est extraordinaire aussi ! Les Bleus sont là où ils voulaient être avec deux victoires dont une bonifiée. C’est une équipe qui est en construction, en train d’apprendre et de se créer une histoire. Il est donc encore un peu tôt pour tirer un bilan. »

C’est la première fois depuis 2014 que la France est 1ère après deux journées. On a vu du bon et du moins bon, sur quoi doivent s’appuyer les Bleus pour la suite ?
B.K. : « Il faut s’appuyer sur le bon. Cela fait tellement longtemps… On ne peut pas résoudre tous les problèmes et créer une nouvelle équipe en 15 jours ou en claquant des doigts avec un nouveau staff, ça n’existe pas. Il y a énormément de bon mais beaucoup de choses sur lesquelles les joueurs doivent travailler. Ils en sont conscients, ils savent qu’ils ne sont pas imbattables et qu’ils leur restent beaucoup de travail pour être les futurs champions du monde. Cela reste une excellente base de travail mais l’important en compétition c’est de gagner et d’engranger des points. Cela reste une première place anecdotique car elle ne donne aucune assurance sur la victoire finale. A l’inverse, elle fait tellement de bien au mental et à l’engouement de tout un pays que de ce point de vue-là elle n’est pas anecdotique du tout. »

Charles Ollivon disait que comptablement le contrat était rempli avec cette victoire bonifiée. Pourtant on a vu beaucoup plus de fautes de mains et une équipe moins disciplinée que face à l’Angleterre, comment expliquer ce double visage des Bleus ?
B.K. : « Mais contre l’Angleterre aussi le match n’est pas parfait ! Comme dans tout match de haut niveau, il y a du bon et du moins bon. Le mot d’ordre c’est gagner ou apprendre ! Charles Ollivon a complètement raison, il n’est pas satisfait de la qualité du jeu car il veut encore plus pour une équipe extraordinaire, pleine de talent et bien entraînée comme la nôtre. Mais il est également conscient du bon car il est ravi des points acquis. »

Cette équipe de France a encore une grosse marge de progression, sur quoi doit-elle principalement travailler ?
B.K. : « Elle doit travailler sur la connaissance et sur l’absorption des temps forts et temps faibles qui sont inhérents au sport et à la compétition de très haut niveau. C’est sans doute l’équipe la plus jeune de l’histoire du Tournoi pour la France. Ils ont besoin de vécu, de se construire une histoire. Cela passera surement par des défaites et des moments très durs mais c’est comme ça qu’ils continueront à apprendre. »

C’est une semaine de repos pour le XV de France avant de retrouver le Pays de Galles, à quoi doit s’attendre l’équipe de France ?
B.K. « Les Bleus vont devoir faire face à l’environnement le plus hostile du Tournoi des 6 Nations. Ils vont retrouver un pays de Galles qui va jouer son tournoi dans un Millenium peut-être fermé. C’est un endroit particulier et ça peut-être aussi un tournant pour l’équipe de France. Si elle veut prétendre à la victoire finale et notamment au Grand Chelem, ça passe par là ! En plus d’être un énorme morceau c’est le premier révélateur à l’extérieur pour les Bleus. Ajouté à ça la mauvaise défense en seconde mi-temps face à l’Italie et les retrouvailles avec l’entraîneur de la défense Shaun Edwards, ancien du pays de Galles, je pense que quand on dit semaine de repos, ce n’est pas le cas… Ils vont avoir trois jours de repos et à partir de jeudi, ils vont travailler très dur pour une mission commando à Cardiff. »

Le Pays de Galles est une équipe connue pour son jeu direct et d’occupation, comment les Français doivent-ils aborder cette rencontre ?
B.K. : « Avec énormément de discipline et beaucoup de qualité dans la réception et la gestion des ballons hauts. Les Gallois ne sont peut-être pas les plus retentissants mais ont un niveau d’intensité et d’engagement hors norme. A l’image de ce que la France a pu produire en ouverture du Tournoi face à l’Angleterre, on a senti qu’il y avait une motivation supplémentaire… Le pays de Galles au Millenium c’est tout le temps comme ça ! Il va falloir se préparer à cet environnement, à la pression au bruit, à l’impossibilité de communiquer… Il va falloir aussi être très discipliné car Leigh Halfpenny reste encore l’un des meilleurs buteurs du rugby international à l’heure actuelle… »

Après deux matchs, peut-on dire qu’il y a déjà une patte Galthié qui se fait sentir et qu’est-ce qui la caractérise ?
B.K. : « Attention, Galthié et son staff car il n’est pas seul ! Il y a clairement un changement d’organisation, un changement de rendu et pour l’instant qui est illustré par deux victoires. C’est un début très positif. Le rugby de Galthié c’est un rugby de déplacement fait de vitesse et d’intensité. Les joueurs ont mis énormément d’intensité en défense grâce à la patte de Shaun Edwards, et encore plus de passion grâce au capitaine Charles Ollivon. »

Dans cette nouvelle équipe, est-ce que vous avez un coup de cœur après ces deux matchs ?
B.K. : « Pas un coup de cœur, mais Charles Ollivon, qui est un joueur à l’expérience internationale très faible pour un capitaine. Il était quasiment fini pour le rugby il y a deux ans. Je trouve qu’en deux matchs, sous pression, en ouverture du tournoi, dans une nouvelle équipe à quatre ans de la Coupe du Monde en France, il a été assez phénoménal. »

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