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6 Nations : Eddie Jones, à double tranchant

Ne vous fiez pas à la banalité de son nom : Eddie Jones n'a rien de commun. Le sélectionneur de l'Angleterre, qui accueille samedi le pays de Galles (17h45 sur France 2), est le grand artisan de renouveau du XV de la Rose depuis sa prise de fonctions. Mais, si les résultats sont là, la méthode peut parfois heurter et son arrogance est susceptible de se retourner contre lui. Et contre son équipe.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
  (ASHLEY WESTERN / COLORSPORT)

 Eddie Jones est à l'image de l'emblème de son XV. Parfois doux comme un pétale de rose, parfois piquant comme une épine. Dans ce Tournoi, c'est surtout la version agressive de l'Australien que l'on aura vue. Eddie Jones ne fait jamais rien sans raison, il veut toujours tout contrôler et, quand les choses lui échappent un tant soit peu, le sélectionneur anglais a vite fait de montrer les crocs. Les journalistes qui osent remettre en cause ses choix tactiques sont évidemment ses cibles privilégiées. "Le rugby a changé vous savez. Venez et rejoignez-nous dans le rugby moderne. Donnez-moi vos e-mails et je vous enverrai une invitation", lançait-il froidement après qu'une critique ait franchi le barrage qu'il a édifié entre la presse et ses joueurs. 

Jusqu'à présent, Jones a toujours eu le soutien de ces derniers ainsi que de sa fédération. Les résultats sont ses meilleurs paravents : dès sa prise de fonction, en 2016, l'ancien coach des Saracens, qui succède à Stuart Lancaster après le fiasco de la Coupe du monde 2015, décroche le Grand Chelem. Une première depuis 2003 et l'ère Wilkinson. Sous sa poigne de fer, le XV de la Rose s'adjuge également l'édition suivante (sans GC) et, bon an mal an, continue de représenter la référence de l'hémisphère Nord. Chef d'oeuvre d'Eddie Jones, la victoire en demi-finale de la dernière Coupe du monde face aux Blacks (19-7) est le symbole du rugby préconisé par Jones : agressivité, vitesse, harcèlement constant de l'adversaire. 

"L'arrogance c'est seulement un défaut lorsque l'on perd"

Comme il le dit lui-même, "si vous n'êtes pas physique au rugby, jouez plutôt au volley ou au curling". Décrit par ses proches comme un véritable bourreau de travail, Eddie Jones est passé maître dans ces déclarations qui visent aussi bien à charmer l'auditoire qu'à déstabiliser l'adversaire. Quitte à passer pour un arrogant. "L'arrogance c'est seulement un défaut lorsque l'on perd", fait-il observer, "lorsque l'on gagne c'est perçu comme de la confiance en soi". Eddie Jones en a fait l'expérience en début de Tournoi 2020, quand il s'est pris de plein fouet ses déclarations péremptoires avant le match d'ouverture contre la France.

 "Les jeunes Français n'ont jamais expérimenté l'intensité et la violence physique qu'on va leur proposer dimanche", prophétisait-il avant le Crunch. Une défaite plus tard (24-17), ces paroles lui sont revenues avec un méchant effet boomerang. Un comble pour un Australien. Cette bravade, qui était destinée à mettre la pression sur la bande à Galthié, faisait suite à une autre punchline qu'il a sans doute regrettée depuis : "L'Angleterre a pour vocation à être la meilleure équipe de tous les temps", claironnait-il avant le début de la compétition. Depuis, il a évidemment mis la sourdine. Si son équipe est toujours en lice pour la victoire finale, les prestations globales restent très en deçà des espérances nées de la Coupe du monde. Ses conférences de presse, fatalement, sont beaucoup moins prolixes et les monosyllabes ont succédé aux grandes envolées. Provisoirement sans doute.  

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