6 Nations - Edito : Emportés par la fougue
N'en déplaise à ce lieu commun qui n'existe que pour rassurer la virilité de certains hommes âgés, l'expérience ne fait pas tout. La fougue, l'enthousiasme, l’insouciance ça peut aussi fonctionner, les petits Bleus l'ont prouvé à la Dame de fer anglaise. Celle-ci, du haut de ses 675 sélections au total, regardait avec une certaine condescendance les 208 capes françaises. Grossière erreur : elle s'est faite voler dans les plumes par les coquelets furieux.
En titularisant pour la première fois les néophytes Haouas et Bouthier, en donnant sa chance à Rattez, en maintenant sa confiance à la charnière Dupont - Ntamack, Fabien Galthié a clairement fait le pari de la fraîcheur. Ce qui, par bonheur, n'exclut pas une bonne gestion des émotions. Ses joueurs n'ont jamais surjoué, ils ne se sont jamais laissés griser, même quand ils mettaient fanny les vice-champions du monde (24-0)...
Le charme des premières fois
Mais même si on les regarde avec les yeux de l'amour, il ne faut pourtant pas oublier qu'ils ont un peu paniqué dans les dernières minutes quand le souffle rauque des Anglais s'est fait pressant, et que la conquête (touche et mêlée) est encore perfectible. Mais c'est cela, aussi, qui est encourageant : ce XV de France semble posséder une marge de progression colossale, alimentée par le réservoir des doubles champions du monde U20 qui piaffent d'impatience en attendant que le berger Galthié les lâche en pâture à leur tour.
Ce dimanche, le joueur le plus capé (52 sélections) des Tricolores avait 25 ans. C'est lui, Gaël Fickou, qui a rappelé qu'inexpérience ne rime pas avec inefficacité. "Ils nous ont pris pour des enfants et ça nous a vexés" a rappelé le trois-quart centre après la rencontre. La déclaration n'est évidemment pas anodine. Elle fait écho aux piques d'Eddie Jones, le sélectionneur anglais ayant promis l'enfer à la bleusaille. "On va mettre ces jeunes joueurs à l'épreuve, car ils n'ont jamais été confrontés à l'intensité et la violence physique avec laquelle nous allons jouer dimanche". Tout le monde peut se tromper. Et même si tout n'a pas été parfait côté français, on est prêt à tout pardonner devant tant d'audace. C'est ça aussi le charme des premières fois.
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